Il existe une double acceptation du terme de république : un sens générique (elle caractérise alors toute forme de droite constitution, qu'elle soit monarchique, aristocratique,... : il s'agit alors de la politieia grecque) et un sens spécifique (elle caractérise alors la chose publique ou la chose du peuple, consacrée à la fois par l'Etat de droit et la démocratie). Mais de manière générale, trois critères distinguent la République : une multitude à unir, le consentement donné par tous à la loi, une communauté d'intérêts. La question du fondement de la République est alors la suivante : comment faire d'une multitude une unité mue par le même intérêt public sans ruiner la pluralité des individus ? Le spectre de l'égalité est en effet celui du conformisme, de l'uniformisation, au mépris de tout effort de distinction, ce qui risque d'aboutir au désintérêt pour la chose publique et donc à la ruine de la République. Mais de quoi y a-t-il égalité ? des hommes, des individus, des citoyens ? L'égalité politique est-elle une stricte égalité (qui fait abstraction des qualités individuelles de la personne pour mieux considérer ce qu'il y a en elle d'universel), une égalité géométrique ou proportionnelle (qui considère de manière inégale les qualités inégales, « à mérite inégal, part inégale »), une forme d'isonomie (tout citoyen peut être à la fois gouvernant et gouverné), une forme d'équité ? A supposer que la république soit effectivement le lieu du politique qui permette au mieux la réalisation de la liberté humaine par la participation aux décisions publiques, comment l'égalité s'articule-t-elle aux principes de liberté et de solidarité qui permettent à la fois le maintien de l'unité de la cité et la reconnaissance et la singularité des individus ? Nous verrons ainsi dans un premier temps la manière dont égalité, liberté et distinction se mêlent pour fonder la République entendue au sens large (constitution bien ordonnée) avant d'insister sur la redéfinition de la notion de participation dans le cadre d'une conception restreinte de la République qui considère le pouvoir comme étant véritablement la chose du peuple et non comme une chose du monde. Enfin, nous verrons comment la notion de solidarité devient l'idéal-régulateur de la République.
[...] Nous verrons ainsi dans un premier temps la manière dont égalité, liberté et distinction se mêlent pour fonder la République entendue au sens large (constitution bien ordonnée) avant d'insister sur la redéfinition de la notion de participation dans le cadre d'une conception restreinte de la République qui considère le pouvoir comme étant véritablement la chose du peuple et non comme une chose du monde. Enfin, nous verrons comment la notion de solidarité devient l'idéal-régulateur de la République. I - Les conceptions antiques de la République (au sens large du terme) dépendent d'une conception organique de la Cité et du monde. [...]
[...] Ainsi, si l'égale liberté est le principe constituant de la République, la solidarité est en revanche son fondement symbolique. Elle est ce qui permet de tenir ensemble à la fois l'égalité, la liberté (le principe de distinction) et la coopération sociale fondée sur le sentiment d'appartenance à une même communauté de valeurs. [...]
[...] Elle ne rend pas compte de la capacité qu'ont les citoyens de se distinguer, de se perfectionner au milieu des autres citoyens. Ainsi la République de Platon n'est pas une véritable république, car elle ne suppose pas l'idée d'une utilité publique puisque la distinction philosophique est ramenée à une forme de domination (modèle du philosophe- roi) : le politique n'est alors que l'affaire de quelques-uns à savoir les philosophes seuls capables de reconnaître l'idée de Bien, de Beau, de Vrai et de Juste. [...]
[...] De plus, les lois doivent être promulguées publiquement, être compréhensibles de tous, et demeurer constantes (pour éviter tout arbitraire). La seconde condition est celle de la dispersion du pouvoir : il s'agit de répartir le pouvoir entre différentes mains pour éviter toute concentration abusive. Enfin, la condition contre- majoritaire : la loi doit garantir des mesures contre la majorité, elle doit comporter la possibilité de contester les décisions de la majorité. Ces trois conditions du républicanisme constitutionnel permettent ainsi d'éviter : la tyrannie lie à la négation de l'Etat de droit par l'exercice d'un pouvoir arbitraire et capricieux, la tyrannie liée à la concentration du pouvoir, et la tyrannie de la majorité. [...]
[...] Dès lors, considérer la diversité des personnes risque paradoxalement de consacrer une forme d'injustice. Il faut donc préciser le sens politique de l'équité : celle-ci consisterait à reconnaître la nécessité de corriger les inégalités dites de classe et les désavantages naturels socialement construits, c'est à dire les spécificités naturelles qui sont construites socialement comme étant des formes d'inégalités (fondées sur l'âge, le sexe, la race Presque toutes les réponses équitables choisissent alors de favoriser les défavorisés pour pouvoir garantir l'égalité géométrique à chacun son mérite à chacun ses capacités : que ce soit par exemple avec le système de l'Etat-providence (pour les inégalités de classe et d'âge), ou avec la notion de parité dans la représentation électorale (pour les inégalités de sexe), ou encore la discrimination positive comme dans le cas de l'Affirmative action aux Etats-Unis (pour les inégalités de race Mais le risque souvent invoqué est celui de l'éclatement de la République en communautarismes : comment créer une forme de solidarité avec des individus dont la diversité est considérée comme un handicap, c'est à dire une source d'inégalité ? [...]
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