Depuis deux décennies maintenant, sociologues et politologues s'accordent sur le fait que la France et plus généralement les vieilles démocraties d'Europe traversent une crise de la représentation. Celle-ci se matérialise par une abstention aux élections toujours plus forte, une désyndicalisation, un vote contestataire extrémiste… Ce « malaise dans la représentation », d'après les mots de Pierre Rosanvallon témoigne selon certains d'une remise en cause du principe même de représentation dans la mesure où il dépasse la seule conjoncture alors que pour d'autres il s'agit seulement d'une transformation de la représentation qui s'effectue parallèlement à l'évolution du système démocratique et républicain dans son ensemble. On pourrait aussi avancer l'hypothèse d'une représentation injuste au sens d'inadéquate, en décalage avec les attentes du peuple et la réalité des institutions démocratiques actuelles.
En effet cette crise soulève la question d'une représentation juste, c'est-à-dire d'une représentativité suffisamment satisfaisante aux yeux de la majorité, des personnes ou des institutions qui représentent l'ensemble de la population. Comment définir et parvenir à une représentation pouvant garantir l'unité politique sur les fondements du pluralisme ?
[...] La représentation-miroir peut donc avoir des assises sociales ou individuelles, voire les deux en même temps. Son atout est de vouloir combiner au mieux le postulat démocratique fondamental qu'est la volonté générale d'unification autour d'un projet abstrait, le pacte démocratique avec la réalité sociologique de la société en tant qu'agrégation d'intérêts individuels. Si l'on s'en tient à cet objectif, le principe paraît louable et surtout il semblerait que les valeurs démocratiques soient compatibles avec une représentation collant c'est-à-dire imitant la société. [...]
[...] La représentation idéale et incarnant l'ensemble des citoyens et de leurs volontés ne peut être définie de la même manière et sur les mêmes critères par Rousseau que par Alain Touraine qui ancre plus son analyse sur des bases sociologiques et donc plus sur des faits sociaux que sur des théories politiques multiséculaires. La question d'une représentation juste semble donc être amenée à rester une réflexion récurrente du débat publique car destinée à évoluer au fil du temps et des changements culturels et sociétaux. [...]
[...] Ce genre de politiques très individualistes met l'accent sur la reconnaissance politique de l'hétérogénéité mais se heurte de ce fait à l'exigence d'égalité de nature universaliste. Et c'est en cela qu'il va à l'encontre d'une représentation juste. Mais surtout, une politique de quotas et plus encore une forte part de proportionnelle traduirait certes les mouvements de la société mais apporterait une instabilité gouvernementale certaine. Peut-on parler de représentation juste si celle- ci est fidèle aux représentés mais conduit à un blocage politique ? [...]
[...] Pragmatiquement il s'agirait de créer des représentants échelonnés entre le pouvoir et les représentés. Ceux-ci existent bien sûr, les partis et les syndicats en premier lieu mais ceux-ci traversent aussi une crise, preuve que les citoyens ne se retrouvent pas forcément au sein de ces structures et que ce n'est pas dans ces institutions telles qu'elles existent maintenant qu'une potentielle représentation plus juste réside. La désyndicalisation ou la remise en cause des partis, jugés trop rigides et surtout corrompus marquent ce processus de bouleversement du processus représentatif. [...]
[...] Tout d'abord, il part du postulat de l'élection c'est-à-dire qu'il ne reconnaît en rien le tirage au sort comme une représentation juste. L'élection sous-tend la participation de tous à la vie publique c'est-à-dire l'implication possible de chacun dans la conduite du bonheur collectif. En plus de cela, il passe outre l'idée de mandat impératif qui amènerait à un chaos politique ou à des blocages mais octroie un mandat qui n'est pas exempt de contrôles populaires et de la vindicte des représentés. [...]
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