Les « répertoires d'action collective » se sont modifiés au cours du temps. Ils se sont notamment modifiés avec la révolution industrielle vers le milieu du XIXe siècle. Avant, les activités protestataires ont pour cadre l'espace local et recherchent l'appui de notables, puis elles deviennent plus nationales (critique du pouvoir central…), s'autonomisent et se politisent (syndicat, association), notamment avec le mouvement ouvrier. On assiste dans la seconde partie du XXe siècle à l'émergence de nouvelles revendications (contestation de la guerre du Vietnam aux EU, Mai 68 en France, mouvement féministe et écologique.)
Un « répertoire d'action collective », selon Tilly, constitue « l'ensemble des moyens par lesquels des individus agissent dans la poursuite d'intérêt commun ». Ces répertoires ne sont pas fixes et statiques et sont amenés à se modifier au fil du temps. De même la création et l'utilisation de répertoires varient selon les groupes sociaux. Comment expliquer cette différence ? Comment se constitue un « répertoire d'action collective » ?
[...] Les médias s'intéressent entre autres aux mouvements lorsqu'ils sont d'une grande ampleur (et que donc la légitimité de leur nombre fait concurrence avec la légitimité des urnes), ou lorsqu'ils possèdent une valeur médiatique (nouveaux, en rupture avec la routine, violence, ) Les actions spectaculaires de Greenpeace ou les manifestations des intermittents qui possèdent un fort capital culturel et donc les moyens d'attirer les médias en sont des exemples. Les contestataires accèdent bien plus difficilement aux médias que les élites politiques et selon l'intérêt que les médias portent à leur cause, les répertoires d'action peuvent être très différents. Par ailleurs, l'importance de l'action collective réside moins sur le terrain même que dans l'interprétation que l'on en donne. Les manifestants tentent d'imposer une image valorisée du groupe au sein de l'opinion publique. [...]
[...] Qu'est-ce qu'un répertoire d'action collective Tout d'abord, voici quelques auteurs s'étant intéressés aux répertoires d'action collective : Michel Offerlé : sociologique, politologue, professeur agrégé en sciences politiques. Il est professeur à l'ENS, membre de l'équipe Enquêtes Terrains Théories du Centre Maurice Halbwachs, et du comité de rédaction de la revue Genèses. Ses travaux portent sur la sociologie de la politique française (histoire du suffrage universel, évolution de la profession politique au XIXe et XXe siècle, ) et sur la sociologie des organisations et des mobilisations politiques (sociologie des groupes d'intérêt, une typologie des mobilisations : institutionnelles ou non institutionnelles, utilisant la persuasion directe ou indirecte, la défense ou l'offense, ) M. [...]
[...] La notion de répertoire d'action peut donc être très mouvante selon les groupes et les moments. Chaque groupe adapte son répertoire en fonction de ses ressources, de la conjoncture médiatique et politique, et ce, afin de s'inscrire dans le jeu socio-politique de la période et de pouvoir débattre publiquement, dans l'espoir de faire réagir les autorités compétentes pour obtenir gain de cause. Fillieule et Tartaskowsky mettent en évidence l'importance de la médiatisation. Ils s'intéressent plus particulièrement aux manifestations de rue, qui sont un des moyens d'obtenir une publicisation. [...]
[...] Bleuwenn Lechaux montre que les intermittents manient aisément les éléments symboliques (comme dans le cas des manifestations de droite) : ils mettent leur compétence professionnelle au service de leur compétence militante. La mobilisation des intermittents du spectacle s'est fait à travers un ensemble de savoir-faire permettant la mise en œuvre un répertoire d'actions original. On voit ainsi que certains groupes sociaux utilisent de nouveaux répertoires d'action, grâce à leurs ressources, ce qui leur permet d'attirer un public peu sensible aux discours militants péremptoires. (on observe le même phénomène pour le mouvement gay et lesbien) Ainsi, les répertoires d'action collective sont amenés à évoluer. [...]
[...] Plus généralement, les actions collectives nécessitent d'être capable de manier un répertoire d'action, de choisir la bonne de mobiliser, d'intéresser les médias, de surprendre, d'utiliser un certain nombre de techniques symboliques et de négocier avec l'ordre établi. Or, les émeutes de banlieues révèlent que pour certains, le recours à la violence reste le dernier recours afin de se faire entendre. Mais dès lors, ces actions jugées illégitimes ne possèdent pas l'efficacité des manifestations réussies et leur voix ne parviennent pas réellement à accéder à l'arène institutionnelle, administrative et politique. Bibliographie indicative L'action collective: mobilisation et organisation des minorités actives Mann, Patrice / A. [...]
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