Selon l'Espagnol Salvador de Madariaga, le bipartisme britannique peut se définir comme étant « l'esprit sportif du peuple britannique, qui le porte à considérer les luttes politiques comme un match entre équipes rivales ». Certes, cette définition ne ressemble pas à celles qui sont généralement admises par les sciences politiques, mais toutefois, elle va permettre de nous éclairer sur la tradition bipartite du Royaume-Uni. On pourrait alors affirmer, selon un adage utilisé par nombre d'entre nous, que « la véritable Constitution britannique est le bipartisme ». Pourquoi ? Tout d'abord parce que c'est cette tradition bipartite qui caractérise cette démocratie majoritaire qu'est le Royaume-Uni. Ensuite, si on prend l'appellation du « two-party system », on réalise qu'il est lié au pays, comme le résultat d'une évolution historique, et faisant du Royaume-Uni l'archétype du « système de parti bipolarisé malheureusement inimitable » selon Mathiot. A Pierre Avril et Jean Gicquel de le définir comme « mode de gouvernement parlementaire, assuré par un parti sous le contrôle d'un autre parti et l'arbitrage des électeurs. ». Ainsi, dans le régime de séparation souple des pouvoirs britannique, le bipartisme permet une certaine cohésion et un contrôle démocratique, exigeant encore une fois un contrôle et une « concertation des partis ». Le bipartisme est donc un phénomène politique, fruit des mutations du régime parlementaire britannique et du scrutin majoritaire à un tour. Cependant, s'il apparaissait comme une constante caractéristique du Royaume Uni, il est aujourd'hui affaissé par des failles, avec l'émergence de nouvelles forces politiques, notamment. Son maintien semble parfois même uniquement lié à celui du scrutin majoritaire à un tour à la Chambre des Communes.
On peut alors s'interroger sur la pertinence de l'appellation de « régime bipartite » pour le cas britannique. En effet, le Royaume-Uni repose-t-il seulement sur son mode de scrutin, ou bien peut-il s'organiser, et progresser indépendamment de celui-ci, qui demeure toujours le mode d'élection des députés de la Chambre basse ? Qu'est-ce qui nous permet en 2009, d'affirmer, ou non, l'hégémonie du bipartisme au sein du modèle britannique ?
Si une tradition bipartite assure le principe représentatif, ses évolutions témoignent des limites du bipartisme au Royaume-Uni.
[...] la Chambre des communes, quant à elle, constitue la Chambre basse parlementaire, fondée sur le bipartisme Elle est le cœur de la démocratie britannique, même si, factuellement, du fait du mode de scrutin majoritaire, elle ne sert souvent que de chambre d'enregistrement. La chambre sortante, élue normalement pour cinq ans, rassemble 659 députés , ayant été élus dans 659 circonscriptions au scrutin uninominal à un tour. Le bipartisme britannique caractérise tout particulièrement cette Chambre:, qui ne se présente pas comme un hémicycle (comme en France), mais qui met en scène deux partis face à face »,deux rangées se regardant. [...]
[...] D'autre part, les partis nationalistes écossais comme le Scottish National Party, gallois avec Plaid Cymru, et irlandais comme le UK unionists ou Ulster unionists, même s'il ne dépassent généralement pas la barre des 10% des suffrages ( soit environ 30 sièges), conservent une véritable implantation, et une influence non négligeable. III. * et l'avènement du tripartisme? IV. Toutefois, s'il paraît un peu précoce de parler l'avènement du tripartisme, on peut remarquer sa nette progression et, plus généralement, affirmer que le pluralisme politique, succédant progressivement au bipartisme traditionnel, est présent au Royaume Uni. V. VI. C . d'où une non viabilité du bipartisme au Royaume Uni? [...]
[...] On peut donc dire que le mode de scrutin britannique est la cause et la conséquence du bipartisme anglais: non seulement il le produit, mais il inscrit aussi durablement dans le temps en installant deux partis, l'un constituant la majorité parlementaire, l'autre l'opposition. C'est le système électoral du the first past the post VI. Il a deux avantages pour finir: il assure la stabilité du régime et permet une opposition structurée et cohérente, qui prépare l'alternance, à travers le Shadow Cabinet, contre-gouvernement VII. [...]
[...] le Premier Ministre, à la tête du parti majoritaire, est la conséquence indirecte du bipartisme Il est en quelque sorte la clef de voûte du système politique britannique. Il détient, dans les faits, presque tous des pouvoirs (régime primo-ministériel). N'ayant pourtant pas la fonction de chef de l'État, il représente son pays aux grands sommets comme le G7. Par ailleurs, il est le chef du parti majoritaire à la chambre, devant laquelle il est responsable. Il peut décider de dissoudre la Chambre. [...]
[...] Certes des réformes quant à l'émergence de pouvoirs à l'échelle locale ( Dévolution : un Parlement en Écosse et au Pays de Galles a été créé), l'utilisation de référendum dits régionaux ( 1997), la réforme de la Chambre des Lords ( plus de pairie héréditaire en 1999, et rôle de plus en plus atrophié), et pour finir, l'ultime interrogation sur un éventuel changement de scrutin ( le rapport Jenkins de 1998 propose d'introduire une dose proportionnelle dans les élections), ont été opérées. Néanmoins, ces réformes n'aboutissent pas aujourd'hui à un réequilibrage au sein du pouvoir central. Les élections du printemps 2010 changeront-elles la donne? [...]
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