Il existe deux manières pour un pouvoir d'imposer son autorité : soit par la force, soit par le consentement. De manière générale, le consentement apparaît plus efficace que la violence pour obtenir l'obéissance à un ordre. Or, pour que les membres du corps social acceptent d'obéir à un ordre, il faut que celui-ci apparaisse comme légitime, c'est-à-dire que la contrainte semble normale, naturelle.
À ce titre, on peut considérer la légitimité comme un système de croyance qui donne à penser qu'il est normal que les dominants commandent les dominés. C'est donc la légitimité qui permet de justifier l'obéissance due à l'autorité étatique.
Qu'est-ce qui nous permet d'affirmer qu'un pouvoir est légitime ?
[...] Le pouvoir héréditaire n'a donc pas besoin de convaincre de sa légitimité, elle doit seulement chercher à la rappeler. Ainsi, Ernst Kantorowicz, dans son œuvre Les Deux corps du roi, nous rappelle comment, au Moyen-âge, lorsqu'un souverain mourait, on figurait la dualité du corps du roi (le premier corps étant son corps naturel, mortel; le second incarnant le pouvoir, éternel et immuable). Le but était de rappeler la légitimité du pouvoir héréditaire, tenu de Dieu, de sorte que personne d'autre que le successeur naturel du roi ne pouvait prétendre au trône. [...]
[...] Qu'est-ce qu'un pouvoir legitime ? La question de la légitimité d'un pouvoir s'est posée à plusieurs reprises au cours des dernières décennies. La guerre en Afghanistan, en 2001, en constitue un exemple probant. En effet, les grandes puissances occidentales n'avaient-elles pas justifié leur intervention dans le pays sur le principe que le régime des Talibans était illégitime? À en croire cet exemple, la légitimité d'un pouvoir apparaît primordiale, puisque son non-respect permettrait de justifier une intervention militaire extérieure. Et en effet, à une époque où de nombreux régimes démocratiques sont ébranlés par des crises internes, capables de remettre en cause leur autorité, la question de la légitimité d'un pouvoir semble se poser de manière ininterrompue. [...]
[...] Qu'est-ce qui nous permet d'affirmer qu'un pouvoir est légitime? Dans cet exposé, nous chercherons tout d'abord à comprendre de quelle manière un pouvoir devient légitime, puis nous verrons pourquoi un pouvoir doit nécessairement être légitime Les fondements de la légitimité du pouvoir (de quelle manière légitime- t-on un pouvoir?) Dans cette première partie, nous allons voir comment le pouvoir politique parvient à se faire obéir, c'est-à-dire à devenir légitime. La constante de la légitimation d'un pouvoir, c'est sa mise en scène. [...]
[...] Selon Dominique Reynié, on retrouve le type d'autorité charismatique dans nos démocraties, notamment après une élection. Mais elle s'use rapidement, dès lors qu'on se rend compte que cette personnalité n'est finalement pas extraordinaire. Une fois le pouvoir installé, et quel que soit le type de domination qui le caractérise, le travail de légitimation doit être en permanence renouvelée. Le pouvoir doit justifier qu'il agit pour le bien commun, dans l'intérêt de tous. C'est là qu'apparaît la distinction entre légitimité et légalité. La légitimité se réclame d'un ordre supérieur au droit établi. [...]
[...] Le but étant, au final, de parvenir à justifier un pouvoir qui n'est pas naturel puisqu'il a été institué par des hommes. À partir du moment où le pouvoir est justifié, il est relativement stable, même s'il peut, évidemment, être sujet à des oppositions. La légitimité du pouvoir, parce qu'elle comporte une dimension morale, et qu'elle est donc forgée sur un système de valeurs empreint de subjectivité, est problématique. Ainsi, on peut penser que beaucoup de systèmes modernes souffrant d'un déficit de légitimité morale, opèrent un travail de légitimation très important, par une mise en scène très poussée, pour se faire accepter. [...]
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