Définition d'un mythe :
Dans un sens mélioratif, le mythe est un récit légendaire transmis par la tradition, qui, à travers les exploits d'êtres fabuleux (héros, divinités …), fournit une tentative d'explication des phénomènes naturels et humains (naissance du monde, de l'homme, des institutions ; acquisition des techniques). La fonction à la fois symbolique et explicative des mythes anciens (mythes d'Orphée, d'Œdipe, de Prométhée) a fait que le mot désigne aussi les grandes figures (Don Juan, Don Quichotte, Napoléon) dans lesquelles une nation ou une société reconnaît ses valeurs fondamentales, ses questionnements, ou identifie les grands moments de son histoire. Dans un sens péjoratif, un mythe est une construction de l'esprit qui ne repose sur rien de réel ou encore une vision déformée de la réalité.
Pour les anthropologues et les historiens, le mythe doit être conçu comme un récit, récit qui se réfère au passé (« en ce temps là », « il était une fois »), mais qui conserve dans le présent une valeur éminemment explicative dans la mesure où il éclaire et justifie certaines péripéties du destin de l'homme ou certaines formes d'organisation sociale.
Théorie de certains savants :
Mircea Eliade (1907-1986), historien des religions et romancier roumain a dit : « Le mythe, raconte une histoire sacrée ; il relate un événement qui a lieu dans le temps immémorial, le temps fabuleux des commencements. Autrement dit, le mythe raconte comment une réalité est venue à l'existence, que ce soit la réalité totale, le cosmos, ou seulement un fragment : une île, une espèce végétale, un comportement humain, une institution… ».
Pour Roland Barthes, Alfred Sauvy et Raymond Ruyer, la notion de mythe demeure confondue avec celle de mystification : illusion, phantasme ou camouflage, le mythe altère les données de l'observation expérimentale et contredit aux règles du raisonnement logique ; il s'interpose comme un écran entre la vérité des faits et les exigences de la connaissance.
Enfin, pour d'autres, lecteurs de Georges Sorel et des Réflexions sur la violence, le mythe est essentiellement appréhendé dans sa fonction d'animation créatrice : « ensemble lié d'images motrices », selon la formule même de Sorel, il est appel au mouvement, incitation à l'action et apparaît en définitive comme un stimulateur d'énergies d'une exceptionnelle puissance.
Chacune de ces théories présentées paraît effectivement correspondre à quelques-uns des principaux aspects du mythe politique.
Le Mythe politique est bien fabulation, déformation ou interprétation objectivement récusable du réel. Mais, il est vrai qu'il exerce aussi une fonction explicative, fournissant un certain nombre de clés pour la compréhension du présent, constituant une grille à laquelle peut sembler s'ordonner le chaos déconcertant des faits et des événements. Il est vrai encore que ce rôle d'explication se double d'un rôle de mobilisation : le mythe occupe une place majeure aux origines des croisades comme à celles des révolutions.
Les mythes de nos sociétés contemporaines ne se différencient guère sur ce point des grands mythes sacrés des sociétés traditionnelles. Comme le mythe religieux, le mythe politique apparaît comme fondamentalement polymorphe : il faut entendre par là qu'une même série d'images oniriques peut se retrouver véhiculée par des mythes apparemment les plus divers ; il faut également entendre par là qu'un même mythe est susceptible d'offrir de multiples résonances et de non moins nombreuses significations.
Polymorphe, le mythe est aussi ambivalent. L'admirable série d'ouvrage que Gaston Bachelard a consacré aux représentations psychologiques des grands éléments naturels et plus particulièrement la Terre et les Rêveries du repos, nous permet de voir jouer le phénomène dans toute l'ampleur et dans toute la diversité de sa thématique. Rêve de refuge, d'accueil, de sécurité, la maison peut devenir l'image du cachot, le symbole de l'oppression carcérale, de l'ensevelissement, voire du tombeau. Le thème de la grotte peut se charger d'effroi aussi bien que d'émerveillement. Le serpent est à la fois symbole de dégoût, promesse de fécondité et instrument de séduction. Le mythe politique n'échappe pas à cette règle. Le thème de la conspiration n'est pas nécessairement accompagné de seules connotations négatives : l'image du complot démoniaque a pour contrepartie celle de la sainte conjuration.
Au-delà de son ambivalence, de sa fluidité, il existe ce que l'on appelle une logique du discours mythique.
Si le mythe est polymorphe, s'il constitue une réalité ambiguë et mouvante, il retrouve l'équivalent d'une cohérence dans les règles dont semble relever le déroulement de sa démarche. Celle-ci peut-être représentée et se présente effectivement comme une succession ou une combinaison d'images. Mais ni cette succession, ni cette combinaison n'échappent pas à une certaine forme d'ordonnance organique.
Il apparaît bien, et avec une irréductible évidence, que c'est d'une étonnante effervescence mythologique que n'ont cessé d'être accompagnés les bouleversements politiques des deux derniers siècles de l'histoire européenne. Dénonciation d'une conspiration maléfique tendant à soumettre les peuples à la domination de forces obscures et perverses. Image d'un Age d'or perdu dont il convient de retrouver la félicité ou d'une Révolution rédemptrice permettant à l'humanité d'entrer dans la phase ultime de son histoire et assurant à jamais le règne de la justice. Appel au chef salvateur, restaurateur de l'ordre ou conquérant d'une nouvelle grandeur collective.
Raoul Girardet, dans Mythes et mythologies politiques, analyse tour à tour le rôle de 4 grands mythes : La Conspiration, Le sauveur, L'Age d'or, et l'Unité. C'est de ce livre que mon étude sur les mythes politique a commencé
Dans une première partie, je vais retracer la biographie de Raoul Girardet. Dans une seconde partie, j'étudierais les quatre grands mythes expliqués par Raoul Girardet.
[...] Le Sauveur Résumé : Le mythe du Sauveur est expliqué à partir de personnages historiques réels ou fictifs. On peut toutefois remarquer l'importance qu'accorde l'auteur à celui du maréchal Pétain, tout au long de l'ouvrage d'ailleurs. Cette période correspond à la première moitié du XXème siècle, les années 30-40. La société est assimilée à un adolescent contestataire qui cherche un nouveau père, symbole de protection, pour remplacer l'autorité devenue illégitime mais il veut aussi agir et se battre. Quatre modèles sont décrits : - celui du Protecteur : Pétain, - celui du conquérant et guide : Bonaparte, - celui du législateur : Pinay, - celui du Prophète : le général de Gaulle après sa mort. [...]
[...] Et c'est aussi remettre de l'ordre dans la maison c'est-à-dire réduire les attributions et les charges de l'Etat, assurer face à ses représentants la marge d'indépendance du citoyen. Le vaste mouvement d'espérance qui, durant quelques mois, a conduit tant de français à se reconnaître dans le personnage symbole de Monsieur Pinay, n'est pas, en vérité, difficile à interpréter selon Raoul Girardet : Il ne correspond à rien d'autre, après plusieurs années d'incertitudes et d'épreuves, qu'à une profonde aspiration à la stabilité retrouvée en même temps qu'à une fidélité tenace à certaines formes de vie sociale de plus en plus gravement menacées. [...]
[...] Le Mythe politique est bien fabulation, déformation ou interprétation objectivement récusable du réel. Mais, il est vrai qu'il exerce aussi une fonction explicative, fournissant un certain nombre de clés pour la compréhension du présent, constituant une grille à laquelle peut sembler s'ordonner le chaos déconcertant des faits et des événements. Il est vrai encore que ce rôle d'explication se double d'un rôle de mobilisation : le mythe occupe une place majeure aux origines des croisades comme à celles des révolutions. [...]
[...] Tel, par exemple, Court de Gibelin saluant dans le magnétisme cet agent admirable de la nature l'instrument attendu qui permettra de triompher de la rouille des temps et de revenir aux printemps heureux de l'histoire humaine : grâce à ces forces neuves redécouvertes par la Science se trouvera rétablie cette Harmonie primitive qui régnait entre l'homme et l'univers, Harmonie par laquelle tout était bien et qui devenait pour l'homme et la société les sources de biens précieux ; de la félicité L'Unité Résumé : Le mythe de l'Unité se retrouve à la fin parce que l'analyse de tous les autres aboutit vers lui. Le rêve de l'unité est vu comme un idéal du futur par l'adulte. Il est présenté à travers l'hiatus entre le religieux et la science et la volonté permanente de les rassembler. [...]
[...] Celle du voyageur sans nom qui porte avec lui la maladie ou l'épidémie, dont l'arrivée fait pourrir les moissons et périr les bétails. Celle de l'intrus qui s'introduit dans les foyers prospères pour y apporter le trouble et la ruine. L'insécurité et la peur commencent avec le passage des inconnus qui errent dans la nuit. On a tort de s'embarrasser pour l'opposition. Quand on n'a rien de bien, il nous reste les jésuites. Je les sonne comme un valet de chambre : ils arrivent toujours. [...]
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