Cette étude entreprend une analyse de la gouvernance planétaire tant du point de vue conceptuel (genèse intellectuelle du terme dans les années quatre-vingt sous l'impulsion d'instances telles la Banque Mondiale) que de ses applications (forums, concertations internationales, réseaux transnationaux etc). Le propos tend à montrer que si la gouvernance planétaire, concept novateur permet de décrire avec pertinence certaines réalités de l'ordre mondial post-bipolaire, il n'en demeure pas moins un concept ambigu, porteur par bien des aspects d'une utopie géopolitique que la fin de la guerre froide n'a pas réalisé.
[...] Ce sont bien des systèmes de gouvernance planétaire car ils reconnaissent des intérêts communs, mobilisent plusieurs types d'acteurs, se traduisent par une gestion complexe et décentralisée. Ces quelques exemples illustrent les tentatives de construction d'un ordre mondial non hégémonique et pluraliste qui dépasserait et abolirait la géopolitique. Pour autant, on sent bien tout ce que cette analyse en terme de gouvernance planétaire a de fragile : - L'idée d'abolir la géopolitique peut paraître illusoire. - Quant à la notion même de gouvernance planétaire, elle fait moderne certes. [...]
[...] l'ensemble des actions par lesquelles individus et institutions, tant privées que publiques, gèrent leurs affaires communes. C'est un processus continu par lequel les intérêts en présence, les conflits qui en résultent sont harmonisés, donnant naissance à des coopérations. Ce processus repose aussi bien sur des institutions établies, des régimes juridiquement contraignants que sur des arrangements informels Définition complexe censée refléter un changement concret de l'ordre mondial. Les mots clés en sont : processus, harmonisation des intérêts, coopération, arrangements informels b. [...]
[...] Un concept-valise ambigü Revenons à la notion même. Triple tension i. L'économique et le politique : le tropisme technocratique. La gouvernance planétaire a beaucoup à voir avec le vieux rêve saint- simonien d'un pouvoir qui ne serait plus le lieu des passions humaines, un pouvoir qui obéirait plus à la raison économique qu'à la raison politique[1]. Celle-ci devrait être dissoutes par la rationalité : le pouvoir est affaire de technique. La sectorialité de l'approche des problèmes renforce cette prédominance de l'expertise. ii. La fin et les moyens. [...]
[...] Le droit de veto du Conseil de Sécurité de l'ONU est une exception formelle au principe d'horizontalité. o Persistance des conflits dans un modèle de gouvernance planétaire qui suppose que les acteurs acceptent un monde pacifié où le partage des territoires n'est plus contesté. A cet égard, seule l'Union Européenne peut apparaître comme un îlot de gouvernance (les conflits de frontières y appartiennent au passé). Tous les acteurs du système mondial n'ont pas la même conception de la gouvernance planétaire et n'y ont pas le même intérêt. [...]
[...] Une utopie géopolitique La gouvernance planétaire n'est pas annonciatrice de la fin de la géopolitique. Persistance de la verticalité et des hiérarchies en dépit du principe d'égalité et d'horizontalité de la gouvernance planétaire. Les exemples sont nombreux : - le principe de conditionnalité du FMI - les votes pondérés au FMI et à la Banque Mondiale - la domination par les EU, l'Europe et le Japon de l'OMC, malgré le principe un homme, une voix. o Triple distinction - Entre les différents Etats (rule makers vs. [...]
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