Nous tenterons donc dans un premier temps d'expliciter la notion de socio-histoire et de l'intégrer dans une recherche sur le politique. Nous verrons que la construction de la socio-histoire appartient au multiple et que son rapport au politique l'est également.
Puis, la socio-histoire représentant un courant de pensée complexe dans la politique comparée, nous chercherons à rendre compte de ses différentes méthodes à travers quelques auteurs centraux, parfois jusqu'à montrer des contradictions au sein d'un projet fort de « sciences humaines »...
[...] De plus, il ne s'agit que d'une tendance générale, qui doit s'infléchir en fonction des histoires nationales- et c'est là l'intérêt de l'analyse de Norbert Elias pour la politique comparée. Je vais prendre 1 exemple concernant les formes de pacification de la société en France et en Angleterre. Elias explique qu'en France, la pacification est passée par la constitution d'une classe de nobles guerriers qui étaient à la tête de propriétés foncières, et qui s'est transformée en une classe de courtisans et d'officiers militaires totalement dépendants du Roi. [...]
[...] René REMOND aussi à sa manière prône un détachement des pratiques historiques classiques, particulièrement en matière d'histoire politique, pour lui asservie au récit linéaire. Pour, privilégiant le particulier, le national, l'histoire politique se privait, ce faisant, la possibilité des comparaisons dans l'espace comme dans le temps et s'interdisait les généralisations et les synthèses qui donnent seules à la démarche de l'historien sa dimension scientifique. On n'est pas encore ici dans la socio-histoire comparatiste, mais le fait est que, comme Paul VEYNE, René REMOND regrette l'auto-restriction de la discipline, et plaide pour une histoire nécessairement élargie en matière de traitement du politique, la liant par ailleurs définitivement au comparatisme. [...]
[...] Après avoir dégagé comment émerge la socio-histoire et à quelles exigence elle pourrait répondre en matière de comparatisme, nous allons voir comment elle a effectivement apparu au sein de la matière C . Une émergence de la socio-histoire heuristique pour la politique comparée Après avoir tenté de formuler une génétique de la socio-histoire du politique, nous allons à présent rendre compte de son émergence dans le champ de la politique comparée, ce qui permettra de donner quelques repères dans l'explication du comment de la politique comparée dont s'occupera Michael. [...]
[...] Elias va montrer comment les sociétés occidentales sont passées d'un mode de domination patronal et éclaté à l'époque médiévale, à l'institutionnalisation progressive d'un pouvoir fort et centralisé. Dans le même temps, on passe d'une imposition des normes sociales à l'individu qui s'effectue de l'extérieur à un rapport d'autocontrainte qui permet une reproduction des normes sans à-coup : cet autocontrôle marque la pacification de la société. Finalement, cette représentation est très proche de celle de Weber : il s'agit du passage d'une violence plurielle détenue par des seigneurs féodaux à une monopolisation de la violence légitime, et d'une concurrence + ou ouverte vers des luttes régulées de manière monopolistique. [...]
[...] Elias lutte contre la réification des concepts transformation de qqch de mouvant en qqch de stable] et contre le substantialisme, et essaye donc de tourner la sociologie vers l'étude des processus, des changements, des relations, autrement dit vers la dynamique des positions plutôt que vers l'ontologie des êtres. C'est pour répondre à ce double défi analytique et conceptuel qu'Elias s'intéresse au processus de civilisation qui mène en Occident à la formation de l'Etat moderne. C'est ce qu'il appelle la dynamique de l'Occident Elias essaye d'établir les conditions propres de l'évolution socio-politique de l'Occident entre le 12ème et le 17ème siècle, partant du principe que (je cite) une configuration (ici l'Etat moderne) doit être issue d'une configuration précédente ou même de toute une série de configurations d'un type bien défini, sans pour autant démontrer que ces premières configurations devaient nécessairement se transformer en celles qui leur succèdent Cette démarche se pose donc en totale opposition avec celle du structuro- fonctionnalisme qui domine le champ de la recherche politique dans les années, et jusqu'aux années 60. [...]
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