Hannah Arendt est née à Hanovre en Allemagne en 1906 dans une famille juive. Elle se démarque très jeune par sa curiosité et son intelligence. Elle fut l'élève de Heidegger et ensuite de Husserl. Elle fait sa première thèse de doctorat sur le concept de l'amour selon Saint-Augustin. Dans les années 30 avec l'arrivée au pouvoir de Hitler, une atmosphère antisémite englobe la société allemande. Elle décide de s'enfuir à Paris en 1933 où elle y restera jusqu'en 1940. Elle s'engage dans des organisations sionistes et côtoie l'intelligentsia de la société de Paris comme Jean-Paul Sartre, Stephan Zweig, Bertold Brecht et Raymond Aron. Elle y rencontrera son futur mari, Heinrich Blucher, un communiste allemand. Le contexte hostile de l'Europe vis-à-vis de la communauté juive poussera la philosophe à immigrer aux États-Unis. Ce n'est seulement qu'à partir des années 50 qu'Hannah Arendt commence à forger autour de sa personne une renommée avec en premier lieu la publication de Les Origines du totalitarisme. Dès 1955, elle commence à donner des conférences dans plusieurs universités américaines, conférences qui seront reprises dans ses différents ouvrages comme La crise de la culture (1961), La condition de l'homme moderne (1958) et L'essai sur la Révolution. Elle marqua également les esprits grâce aux articles rédigés à l'occasion du procès du responsable nazi Adolf Eichmann, l'incarnation de la « banalité du mal » selon elle. Elle identifie dans Eichmann à Jérusalem (1963) ce responsable du département SS consacré au traitement des juifs d'Europe, comme un homme effroyablement scrupuleux animé par la seule volonté d'accomplir son devoir. Hannah Arendt vit dans un contexte assez mouvementé. Dans la période de Guerre froide, elle est témoin du racisme et du mouvement des Black Power pour l'obtention des droits civiques aux États-Unis. Elle vit également la création de l'État d'Israël et du devenir du sionisme et elle est, en outre, observatrice de l'engagement américain dans la guerre du Vietnam.
[...] L'exemple qu'Hannah Arendt reprend souvent dans son ouvrage essaie sur la Révolution, est la démocratie athénienne. Cette démocratie a pour condition la violence exercée sur les esclaves, qui libère des nécessités naturelles et offre le loisir de s'occuper des affaires politiques[8]. Hannah Arendt considère la violence comme ayant un caractère instrumental et inhumain. C'est pour ces raisons qu'elle l'exclut du domaine politique. Dans l'ouvrage essaie sur la Révolution, elle écrivit qu'une telle force démultipliée, ne donnerait jamais naissance à un pouvoir, qu'à un stade pré- politique, la force et la violence ne pouvaient qu'avorter[9]. [...]
[...] Nous avons vu que les auteurs, en règle générale, voient dans la notion de pouvoir de la contrainte, que celle-ci soit arbitrairement subie, rationnellement imposée ou volontairement désirée. Dans le cas notre auteur, Hannah Arendt, elle fait la distinction entre le pouvoir et la violence. La violence est instrumentale, imprévisible, illégitime et destructrice comme on a pu le voir dans le cas de la Révolution française. La violence détruit les sphères de la politique en occultant les interactions entre les individus, c'est pour cela qu'elle ne peut être utilisée pour assurer des institutions politiques stables. [...]
[...] Le pouvoir sera la manière dont les hommes agiront de manière concertée, c'est la meilleure façon pour que les actes individuels aient des effets sur la société et puissent introduire de la nouveauté. Le pouvoir appartient à un groupe aussi longtemps que ce groupe reste uni. Le pouvoir se trouve dans la coordination des actions. Ce n'est donc pas une propriété individuelle. L'idée de pouvoir repose sur deux éléments, le rassemblement spatial et l'organisation. Le pouvoir tient son origine dans l'organisation de l'action entre tous. Un individu au pouvoir est l'expression de l'accord reçu d'un certain nombre de personnes pour agir en leurs noms. [...]
[...] Les théoriciens politiques considèrent d'ordinaire la violence comme la manifestation la plus évidente du pouvoir. On ne peut pas dissocier la violence du pouvoir et voir ce concept comme un phénomène particulier. Max Weber, dans son ouvrage Le Savant et le Politique de 1919, considère que le pouvoir politique est le monopole de la violence légitime. En d'autres termes, la violence légitime est reconnue par tous comme étant le moyen d'assurer la stabilité de la société. S'il n'y a pas de violence, dite légitime, la loi du plus fort prendrait le dessus et le chacun-pour-soi régnerait en maître. [...]
[...] Attardons-nous dorénavant sur le concept de la violence. Essayons premièrement de donner une définition générale de ce concept. Tout d'abord, la violence est endémique à la vie politique. L'état de nature est souvent représenté comme indissociable de la violence par lequel l'homme s'en échappe en formant une société politique dirigée sous des règles imposées par le pouvoir central (l'Etat) dont il réclame le monopole de la légitimité et de l'utilisation de la violence. Quand la légitimité du pouvoir de l'Etat est remise en question et que les voies légales pour faire entendre leurs voix sont inaccessibles, les citoyens peuvent faire usage de la violence. [...]
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