En Occident, l'idée est fortement répandue que les phénomènes de développement et de démocratie sont intimement liés, comme l'a prouvé la première séance du séminaire avec le questionnement de l'assemblée des étudiants. En effet, comme le remarque justement Christophe Jaffrelot, le terme de démocratie « est saturé de connotations positives », tout comme l'est celui de développement. Comment alors deux concepts qui nous paraissent si bénéfiques pour l'humanité ne peuvent-ils pas entretenir de relations de corrélation entre eux ?
Il convient de garder à l'esprit que les termes de développement et de démocratie ont une origine occidentale, ils véhiculent par conséquent une idée occidentale du monde, influencée par notre culture. La notion de développement telle qu'on l'entend aujourd'hui nous vient de l'application du plan Marshall par les Etats-Unis en faveur de l'Europe ; il s'agit donc d'un phénomène européo-centré, c'est-à-dire d'un concept Nord-Nord, appliqué par la suite seulement aux pays du Sud. Quant à la notion de démocratie, elle prend son sens actuel à la fin de la guerre froide avec la chute du bloc soviétique qui annonce la victoire du modèle démocratique capitaliste.
Est-il alors pertinent d'appliquer ces concepts aux pays asiatiques ? En regardant d'un peu plus près cette partie du globe, on note que les deux idées s'accordent mal dans ces pays.
[...] Sur une idée qui me paraissait presque évidente au départ - le lien entre développement et démocratie - parce que je ne m'étais jamais réellement interrogé sur ce thème, le séminaire m'a apporté un nouveau regard, et une totale remise en question. L'étude de quelques expériences de pays d'Asie nous montre rapidement que développement et démocratie ne sont pas liés. Ce sont deux notions distinctes, d'origine occidentale, qui peuvent se produire indépendamment l'une de l'autre. Cependant, certains auteurs tels que Hu Ping reconnaissent qu'un environnement de croissance économique est favorable à l'établissement d'une démocratie dans les pays communistes. [...]
[...] Est-il alors pertinent d'appliquer ces concepts aux pays asiatiques ? En regardant d'un peu plus près cette partie du globe, on note que les deux idées s'accordent mal dans ces pays. D'après la carte concernant la démocratisation des Etats, on distingue cinq zones en Asie : 1. L'Inde et le Japon, démocraties dites historiques 2. Taiwan, appartenant à la première vague de transition démocratique 3. La Thaïlande, les Philippines et la Corée du Sud, appartenant à la deuxième vague de transition démocratique (début des années 1990) 4. [...]
[...] Alors certains analystes défendent la thèse selon laquelle un tel développement ne peut qu'engendrer un mouvement de démocratisation prenant naissance au sein des nouvelles classes sociales issues de la croissance économique, en s'appuyant sur les exemples de Taiwan, de la Corée du Sud, et de la Thaïlande, qui, d'un point de vue occidental, ont achevé leur cycle de démocratisation. Cependant, deux motifs peuvent réfuter cette théorie : Ces classes moyennes sont des bénéficiaires du développement économique engendré par le régime autoritaire en place ; elles ne ressentent donc pas forcément le besoin de contester le régime autoritaire en place. D'aucuns prétendent que l'apparition de nouvelles classes engendre la pluralité des besoins et des aspirations et donc une poussée démocratique. [...]
[...] Essai sur la question centrale de l'existence ou non de liens entre démocratie et développement à partir des expériences politiques des pays asiatiques durant la période post-coloniale et jusqu'à nos jours En Occident, l'idée est fortement répandue que les phénomènes de développement et de démocratie sont intimement liés, comme l'a prouvé la première séance du séminaire avec le questionnement de l'assemblée des étudiants. En effet, comme le remarque justement Christophe Jaffrelot, le terme de démocratie est saturé de connotations positives tout comme l'est celui de développement. [...]
[...] Le reste de l'Asie est caractérisé par une absence de transition démocratique ou bien par la restauration d'autoritarismes (Chine, Singapour, Mongolie, Népal, Vietnam, Laos, Cambodge, Corée du Nord, Myanmar) Aux pays dits démocratiques ou bien en voie de démocratisation ne correspondent pas toujours des IDH élevés, l'Inde en est l'exemple le plus frappant. Sa démocratie historique n'a pas été synonyme de développement, et l'on sait à quel point la pauvreté y demeure un phénomène préoccupant. Inversement, le développement n'entraîne pas forcément la démocratie, comme le montre l'exemple chinois, où l'autoritarisme du parti unique demeure, malgré un développement économique sans précédent ces 20 dernières années et un IDH proche de l'indice moyen. [...]
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