Au sens le plus strict, le « multilatéralisme » désigne la coordination « des politiques nationales au sein de groupes d'au moins trois Etats » (Robert Keohane, « Multilateralism : An agenda for research » in International Journal, n°45, août 2005). S'il s'agit d'une pratique diplomatique dont les premières formes ont vu le jour dès le XIXe siècle, la fin de la Seconde Guerre mondiale marque le début de « l'âge d'or » du multilatéralisme moderne qu'incarne alors la jeune Organisation des Nations Unies.
Il existe de multiples formes de multilatéralisme, qui s'accompagnent de différents degrés d'intégration, mais procédant tous d'une même démarche : instaurer entre les États une coopération approfondie et institutionnalisée pour un règlement pacifique et efficace de problèmes communs. Le multilatéralisme laisse ainsi entrevoir un avenir sans conflits où toute solution pourrait être trouvée par la négociation… une vision optimiste démentie par les reproches d'inefficacité et d'inégalité qui lui sont régulièrement adressés.
En effet, l'action multilatérale est l'objet de nombreuses contradictions : pour être reconnue et acceptée, elle doit être perçue comme légitime, donc faisant l'objet d'un relatif consensus entre les parties prenantes…ce qui peut d'un autre côté nuire à son efficacité, qui est un facteur indispensable pour construire sa crédibilité. De plus, le multilatéralisme, qui se veut être un mécanisme de décision et d'action collectif, demeure une pratique interétatique, donc soumise au bon vouloir des États, soucieux de préserver leur souveraineté.
Je tenterai donc de vous exposer ces enjeux en considérant dans une première partie les origines, les objectifs et les principes du multilatéralisme, avant de me pencher sur les difficultés de fond que représente la persistance des réalités interétatiques.
[...] Les institutions multilatérales peuvent aussi être régionales (ALENA) ou internationales (ONU, FMI). Enfin, leurs degrés d'intégration varient : on passe d'un multilatéralisme dur (P. Moreau- Defarges), comme l'Union Européenne et ses institutions, à un multilatéralisme plus souple, comme l'Association des Nations du Sud-Est Asiatique (ASEAN). Il s'agit là d'institutions permanentes, dotées d'un siège connu, mais le multilatéralisme peut aussi prendre la forme de forums tel que celui de Davos de réunions moins formelles, comme le G8, ou de conférences, par exemple celle de Johannesburg sur le développement durable en 2002. [...]
[...] Espoirs et illusions du multilatéralisme Introduction Au sens le plus strict, le multilatéralisme désigne la coordination des politiques nationales au sein de groupes d'au moins trois Etats (Robert Keohane, Multilateralism : An agenda for research in International Journal, août 2005). S'il s'agit d'une pratique diplomatique dont les premières formes ont vu le jour dès le XIXe siècle, la fin de la Seconde Guerre mondiale marque le début de l'âge d'or du multilatéralisme moderne qu'incarne alors la jeune Organisation des Nations Unies. [...]
[...] Conclusion Le multilatéralisme n'est pas la solution au rêve d'un ‘ordre mondial' (B. Badie). Il est très efficace lorsqu'il s'agit de donner une légitimité et une dimension collective et organisée à l'action internationale. Il est le symbole d'une gouvernance mondiale mais ne peut effacer les inégalités économiques, politiques et militaires entre les États, et reste soumis à leur bon vouloir. Le multilatéralisme comme outil indispensable de la coopération interétatique est une réalité ; comme instrument de la paix perpétuelle il est une illusion. [...]
[...] Ce simple exemple révèle la faille du système multilatéral : les États. II. La persistance des réalités étatiques 1. L'illusion démocratique En effet, le système multilatéral demeure interétatique, et malgré les discours idéalistes, les États s'attachent à défendre leurs propres intérêts. Les deux critiques les plus fréquemment adressées aux institutions multilatérales sont le manque de démocratie et de représentativité. Ainsi, au sein de l'ONU, l'Assemblée générale, qui est la seule véritable instance multilatérale, ne peut donner que de simples recommandations : c'est le Conseil de Sécurité qui est en possession du pouvoir de contrainte juridique. [...]
[...] MOREAU DEFARGES, Philippe, Le multilatéralisme et la fin de l'histoire Politique étrangère, automne 2004. ZORGBIBE, Charles, La crise du multilatéralisme Enjeux diplomatiques et stratégiques 2004, Economica, Paris, 2004. [...]
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