Les Etats-Unis ont innové en matière d'institutions : premier pays à s'être doté d'une constitution formelle, écrite, à avoir garanti la liberté et l'égalité, à avoir appliqué la séparation des pouvoirs et la une représentation nationale… l'on pourrait penser que les Etats-Unis sont incontestablement le modèle de liberté, le pays des droits de l'Homme… et pourtant, une question reste en suspend. Un problème que les pères fondateurs n'ont pas réussi à résoudre : la question de l'esclavage, qui est défini par Montesquieu comme « l'établissement d'un droit qui rend un homme tellement propre à un autre homme, qu'il est le maitre absolu de sa vie et de ses biens ». En fait, l'esclavage s'avère être le moteur de l'économie sudiste, dans la mesure où les riches planteurs peuvent exporter leur coton grâce à leur main d'œuvre servile et abondante. Ceci signifie que le Sud nécessite cette main d'œuvre, ces esclaves. Abolir l'esclavage traduirait un suicide économique, au-delà de toute considération philosophique ou moral.
Néanmoins, « l'institution particulière » coexiste avec un régime démocratique et libéral pendant près d'un siècle. De fait, dans l'optique américaine, l'esclavage a longtemps été considéré comme une réalité incontournable de la hiérarchie sociale, où les esclaves constituent l'échelon le plus bas. En outre, face aux vagues d'immigration d'européens et d'asiatiques, une crainte nait chez les WASP qui craignent ces minorités et le rôle important qu'elles puissent jouer dans le pays. Theodore Roosevelt parlera même de « suicide de la race ». Toujours est-il que le fossé idéologique qui oppose le Nord et le Sud ne cesse de s'élargir entre les présidences de Jackson et celle de Lincoln. Cette période symbole la marche inexorable vers la guerre : les tensions atteignent leur paroxysme, tant et si bien qu'en 1861, avec l'élection de Lincoln, un abolitionniste, la guerre civile éclate. Une fois le Sud vaincu et l'esclavage aboli, un nouveau type de hiérarchie s'établit, une hiérarchie sociale entre migrants de plusieurs générations, et main d'œuvre ouvrière, issue de l'immigration récente. Cette ségrégation, c'est-à-dire la séparation physique de personnes d'origines différentes est effective. Dès lors, il convient de répondre à deux interrogations :
[...] Cependant, dès 1863, les nordistes reprennent l'avantage en raison de leur supériorité matérielle, humaine et financière. La bataille de Gettysburg est à l'origine d'une scission des territoires sudistes, donc d'une faille qui permet au Nord de l'emporter rapidement. Il fallut cependant deux années supplémentaires pour reconquérir l'ensemble des territoires sudistes et l'ultime reddition a lieu le 23 juin 1865. Cette victoire fédérale est suivie de trois amendements à la Constitution : le treizième abolit l'esclavage sur l'ensemble du territoire, le quatorzième assure l'égalité devant la loi à tout citoyen tandis que le quinzième, entré en vigueur en 1870 interdit de restreindre le droit de vote à des citoyens pour cause de race, couleur ou condition antérieure de servitude Néanmoins, l'abolition de l'esclavage et la suppression de la hiérarchie des races face à la loi sont assez théoriques. [...]
[...] Face aux nombres croissants de révoltes, les blancs usent de leurs droits inscrits dans les codes noirs : en guise d'avertissement, certains esclaves sont exécutés ou assassinés pour avoir voulu mettre fin à la suprématie blanche : c'est le cas de Prosser, Vevey ou encore Turner. Des cartes postales sont alors imprimées, mettant en scène les exécutions. Bien que seule une minorité soit ouvertement favorable à l'abolition de l'esclavage au Nord, elle reste importante par son poids politique. C'est ainsi que le scrutin de 1860 devient un véritable enjeu suivant la position du parti face à cette problématique. Cette division idéologique vis-à-vis de l'esclavage se transcrit au niveau politique. [...]
[...] L'égalité est théoriquement respectée, mais elle n'est pas active. Il semble peu probable qu'un noir dans le Sud du pays obtienne des fonctions gouvernementales. Cependant, avec le temps, une certaine mixité s'impose, mixité à la fois source de tensions et de réunions. Le métis Booker T. Washington fonde une université noire en Alabama, afin de rehausser le niveau éducatif noir et qui va, par conséquent leur permettre de voter. La suppression de l'esclavage est à l'origine de bouleversements fondamentaux dans la société sudiste. [...]
[...] De même, les noirs peuvent être condamnés pour vagabondage, alors qu'ils ne possèdent rien à leur libération. Vivant par communautés et ne se mélangeant pas au reste de la population, au risque d'être encore plus exclus, les anciens esclaves se regroupent en ghetto, ne s'accordant pas ainsi la chance d'être reconnus à leur juste valeur. La plupart des États du Sud adoptent alors des mesures discriminatoires à l'encontre des noirs (place spatiale dans les bus, exclusion des syndicats, interdictions et invalidations des mariages interraciaux Les lois Jim Crow, régulant de nombreux secteurs de la vie familiale et active sont maintenues, voire amplifiées afin de limiter toute mixité sociale. [...]
[...] Si d'un point de vue légal, l'intégration est totale, une certaine forme de nativisme se développe. Les citoyens les plus anciens revendiquent l'ensemble des prérogatives, repoussant certains immigrés la plupart du temps suivant leur nationalité, au rang de second class citizens. En raison de leur prétendue infériorité, ils sont souvent exclus et vivent dans des quartiers cloisonnés. Le melting pot, si souvent évoqué au sujet de l'assimilation américaine, tient en grande partie du rêve. Les émigrés étant souvent victimes de discriminations se regroupent entre eux, formant ainsi des quartiers par nationalités qui persistent encore dans certaines grandes villes américaines. [...]
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