Le mot émeute a la même racine étymologique que les verbes émouvoir et mouvoir. Ces mots sont apparus au XIIe siècle sous la forme esmote ou esmuete qui signifient mouvement ou émoi. Le mot émeute contient donc une double signification de mouvement et d'émotion. Selon le Petit Robert, une émeute est un « soulèvement populaire, généralement spontané et non organisé, pouvant prendre la forme d'un simple rassemblement tumultueux, accompagné de cris et de bagarres ». Selon le même dictionnaire, ce mot peut être mis en parallèle avec les mots agitation, insurrection, révolte, soulèvement.
Plus simplement, et pour rendre l'analyse possible, on peut définir l'émeute comme une forme d'action qui s'exprime par le recours à la violence. Pourtant, il semble impossible de la réduire à cela. En effet, il est courant de concevoir l'émeute comme forme non conventionnelle d'action politique. Cela nous mène alors à une autre définition encore, extrêmement intéressante pour les sciences politiques. L'émeute est alors une « action collective spontanée, et/ou préméditée, illégale et qui recrute en bas de l'échelle sociale ».
[...] Ainsi, il est encore plus rare que tout un groupe de personnes se retrouve en même temps totalement dominé. C'est pourquoi cette notion de domination est à utiliser avec précaution. Néanmoins, il est indéniable que le sentiment de domination totale joue un rôle dans le déclenchement de l'émeute. Souvent, c'est un élément symbolique qui déclenche l'émeute, car il provoque une émotion vive qui ravive toutes les frustrations. Ainsi, on voit que l'émeute est intimement liée à ces sentiments ressentis par les participants. [...]
[...] Alors peut-on parler d'une inscription de l'émeute dans la culture politique ? Le souvenir des évènements, souvent idéalisés pour les plus jeunes crée forcément ce type de mécanismes. L'émeute devient le mode d'expression politique privilégié des générations successives : elle est leur culture politique, les attitudes et les valeurs qu'ils ont à l'égard de la politique. Elle n'est pas un simple répertoire d'action choisi consciemment parmi d'autres. Elle est leur manière d'appréhender la contestation politique. Forme d'action collective aux mains des populations dominées dans le champ économique et social, l'émeute traduit également une difficulté, voire une impossibilité d'accès au système politique. [...]
[...] En premier, il est clair que le but de cette violence est à la fois de rétablir l'ordre sur le moment et de dissuader la reprise future de l'émeute. La violence de la répression peut aller jusqu'à mort d'homme, et elle se perpétue au lendemain de l'émeute par la punition des participants, allant parfois jusqu'à la torture. Cette répression est la matérialisation de l'Etat au cœur de l'émeute. C'est lui qui décide de laisser pourrir la situation, lui qui passe à la répression au moment voulu, lui qui choisit les victimes de sa violence pour récupérer ceux qu'il estime récupérables, en répondant en partie à leurs demandes, et réduire les autres au silence, par les armes, la prison, ou la peur, les trois composantes possibles de la répression. [...]
[...] D'autre part, certaines émeutes peuvent être interprétées comme une manifestation de la culture violente d'une jeunesse urbaine. Considérons l'exemple d'Alger dans les années 1980. L'urbanisation accélérée de cette ville a produit des espaces où les conflits violents sont légions. Des études sur les agressions dans les zones périphériques confirmaient déjà en 1980 l'existence de pratiques violentes, mettant en conflit des jeunes banlieusards avec des jeunes de la tchi-tchi installés en famille dans les Zones d'habitation urbaine nouvelle. Ce terme tchi-tchi désigne les enfants des nouveaux riches qui s'affichent de manière ostentatoire en ville. [...]
[...] L'émeute : culture politique ou répertoire d'action ? (Dans le monde arabe) Le mot émeute a la même racine étymologique que les verbes émouvoir et mouvoir. Ces mots sont apparus au XIIe siècle sous la forme esmote ou esmuete qui signifient mouvement ou émoi. Le mot émeute contient donc une double signification de mouvement et d'émotion. Selon le Petit Robert, une émeute est un soulèvement populaire, généralement spontané et non organisé, pouvant prendre la forme d'un simple rassemblement tumultueux, accompagné de cris et de bagarres Selon le même dictionnaire, ce mot peut être mis en parallèle avec les mots agitation, insurrection, révolte, soulèvement. [...]
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