L'étymologie consacre d'emblée la proximité entre élus et élites : en ancien français, le participe passé du verbe élire avait en effet pour forme élit, qui a donné notre élite actuelle. Cette curiosité apparente n'est toutefois pas surprenante au vue de la théorie politique qui caractérisait depuis longtemps l'élection. Pour nombre d'auteurs, comme Aristote, Montesquieu ou Rousseau, l'élection ne participait pas de la démocratie dans les typologies classiques des régimes, mais s'apparentait bien plutôt à une aristocratie particulière, une e aristocratie élective.
Notre gouvernement représentatif actuel, structuré par le principe d'élection par les citoyens de représentants à qui ils délèguent leur pouvoir, est communément admis comme étant une « démocratie représentative » et c'est d'ailleurs là la forme qu'ont adoptée tous les états démocratiques de la planète. Pourtant, force est de constater en observant notre parlement, nos mairies, notre gouvernement que les élus ne représentent que très imparfaitement la structure socioprofessionnelle de notre société. Majoritairement de sexe masculin, âgé pour la plupart d'au moins 40 ans, issus des classes moyennes ou supérieures, produits des meilleurs circuits du système éducatif, ils semblent bien loin de la véritable société française, chaque jour plus cosmopolite et multiculturelle. Les élus, dans toutes les démocraties, semblent ainsi « posséder ces éminentes qualités […] qui assurent le pouvoir » et dont l'attribution caractérise justement les élites.
Est-ce là dire que le sujet est une pure tautologie ? Non bien sûr : au-delà de la simple question de l'appartenance, c'est la tension engendrée par cette présence d'une élite élue au sein de la démocratie qu'il convient d'étudier. Comment, en effet, expliquer cette corrélation dans un système qui se base sur l'égalité en droit devant l'accès aux charges publiques ? Les élites, ne risquent-elles pas de chercher à s'accaparer le pouvoir, une fois élues ? En observant à la fois les mécanismes de sa naissance et ses conséquences, peut-on finalement qualifier d'antidémocratique L'existence d'une élite d'élues ?
[...] Mais plus important encore, le candidat doit posséder quelques traits saillants présenter par sa personne un certain relief[4] qui le différencie des autres candidats. La science a ainsi établi que les individus étaient plus portés à imputer la causalité d'un phénomène X à une cause A plutôt qu'à une cause D ou E dès lors que A est mieux expliqué, plus éclairé, plus saillant C'est la même logique qui pousse les électeurs à choisir un candidat immédiatement reconnaissable, d'autant que l'analyse minutieuse des caractéristiques de tous les candidats leur prendrait une quantité de temps et de forces incomparable à la valeur (infinitésimale) de leur voix. [...]
[...] Les élus, dans toutes les démocraties, semblent ainsi posséder ces éminentes qualités [ ] qui assurent le pouvoir et dont l'attribution caractérise justement les élites. Est-ce là dire que le sujet est une pure tautologie ? Non bien sûr : au- delà de la simple question de l'appartenance, c'est la tension engendrée par cette présence d'une élite élue au sein de la démocratie qu'il convient d'étudier. Comment, en effet, expliquer cette corrélation dans un système qui se base sur l'égalité en droit devant l'accès aux charges publiques ? Les élites, ne risquent-elles pas de chercher à s'accaparer le pouvoir, une fois élues ? [...]
[...] La libre concurrence : base d'une démocratie procédurale ? Si la démocratie représentative doit-être considérée comme une démocratie malgré le caractère élitaire de son principe fondamental, l'élection, c'est de par la procédure de celle-ci. L'élection, en effet, organise en un seul mouvement, simple et indécomposable la rencontre de l'aristocratie et de la démocratie. Plus précisément, le caractère libre de la concurrence initiale, la possibilité offerte à tous de se porter candidat, assure la légitimité de l'élection tandis que son principe de choix de représentant, éminemment aristocratique, assure une certaine stabilité dans le temps et une certaine efficacité dans la conduite des affaires publiques. [...]
[...] L'élite et la dynamique démocratique En opposition à la théorie moniste des élites, présentée dans la partie précédente, une théorie pluraliste développe une autre vision des élites. Ainsi, la multiplication des élites, leur rotation assurée par l'élection et leurs oppositions seraient en réalité les garants de l'équilibre entre les aspects démocratiques et aristocratiques des gouvernements représentatifs ; la base du bon fonctionnement de celui-ci étant non pas dans l'absence d'élite mais dans la libre concurrence permettant l'émergence de celles-ci. Des élites hétérogènes Il convient tout d'abord de s'interroger sur cette prétendue homogénéité des élites, proclamée par la théorie moniste. [...]
[...] De là, il obtient une investiture dans une bonne circonscription et, une fois à l'assemblée, soucieux de son implantation, il va solliciter divers mandats locaux. La carrière politique : oligarchie & clientélisme La politique est pensée de nos jours comme une carrière totale, c'est-à- dire, une profession difficile, sinon impossible à concilier avec une activité parallèle. Il n'en a pas toujours été ainsi : au XIXe, alors que la démocratie en est en France à ses débuts, la vie politique était dominée par la figure du bourgeois ou de l'aristocrate terrien qui consacrait une part de son temps à son activité et une autre à son engagement politique. [...]
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