Le populisme semble être un thème fleurissant de l'actualité. Jean Luc Mélenchon leader du Parti de Gauche et député européen revendique ouvertement ce terme, Caroline Fourest essayiste et journaliste affirme dans une chronique dans Le Monde la propagation du discours du « tous pourri » visant « l'élite médiatico-politique » tandis que dans un entretien du même journal, Marcel Gauchet affirme que « le populisme est un mouvement anti-élites. ». L'actualité regorge donc de débats sur la légitimité du populisme et la critique des élites qui lui est rattachée. Derrière un brouillard de controverses, parfois fort superficielles, concernant les élites, de nombreux thèmes sont abordés sur leur légitimité au sein d'instances de pouvoirs, notamment dans le cadre démocratique. L'existence d'élites est-elle intrinsèquement liée à la démocratie représentative ? Cela représente-t-il une menace, ou au contraire une nécessité au fonctionnement démocratique ? (...)
[...] La démocratie représentative, par sa nature même, et notamment l'existence des élections, crée, ou mobilise une élite qui lui est nécessaire. L'enjeu principal ne se situerait donc pas dans l'existence intrinsèque de l'élite, mais dans sa capacité à s'octroyer le pouvoir, et ce afin de défendre ses propres intérêts. En totale contradiction avec un régime du peuple, par le peuple, pour le peuple, un tel régime ne pourrait être qualifié de démocratique. Cependant l'évocation même d'une élite pourrait déformer, par souci de simplification, une réalité bien plus complexe. [...]
[...] Les élites seraient, en effet, multiples, hétérogènes, et en opposition entre elles. De plus, les élites n'existent pas indépendamment du peuple, celui détenant les clés des élections se réitérant, et ainsi exerce une influence constante sur les élus. L'existence nécessaire par nature des élites dans la démocratie représentative ne devrait pas être uniquement analysée comme une vague antidémocratique à endiguer, mais un possible bienfait pour une démocratie dirigée par des élus soucieux du bien commun. Cette vision en apparence idyllique se fonde en partie sur l'incompétence des gouvernés. [...]
[...] L'étymologie peut à ce titre enrichir notre réflexion. Élite provient du latin eligere. Étymologiquement, le terme se rattache donc à l'idée d'élection, non au sens du suffrage mais à celui de l'approbation par autrui de la place détenue par un individu dans la société. Face à l'impossibilité technique (Sieyes), mais aussi à la volonté politique de se doter de représentants (Madison), la démocratie représentative est née. Or les élections qu'elle sous-tend sont selon des auteurs aussi divers qu'Aristote, Montesquieu ou Rousseau intrinsèquement aristocratiques. [...]
[...] L'interdépendance mutuelle est de plus en plus grande entre les trois groupes d'élites, cela conduit à la constitution d'un triangle du pouvoir Cette élite est donc caractérisée par la capacité de ces hommes à “réaliser leur volonté même si d'autres s'y opposent Outre l'antagonisme entre les intérêts des élites au pouvoir, et ceux du peuple, les premières forment un groupe homogène extrêmement difficile à pénétrer. De ce fait, la méritocratie, véritable clé de voute de la démocratie libérale et légitimant, au moins partiellement, la place des élites dans la société, est remise en cause. [...]
[...] Les élites en démocratie représentative pourraient donc être remises en cause d'un point de vue sociologique puisque la réalité quasi figée des classes ne permet pas à tout citoyen d'en faire partie. L'éducation pourrait, si elle n'était pas uniquement un vecteur de légitimation des inégalités, égaliser les conditions socio-culturelles, et ainsi ouvrir à chacun les portes du pouvoir politique. Disraeli affirmait ainsi de l'éducation de son peuple dépend le destin d'un pays. le destin des démocraties représentatives n'est ainsi pas condamné. [...]
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