L'article d'Iman Farag intitulé « De Moubarak à Moubarak : l'élection présidentielle de 2005 en Egypte » est paru dans la revue de Critique internationale en 2006. Sociologue, Iman Farag était chercheuse au Centre d'études et de documentation économique, juridique, et social du Caire. Ses travaux portent principalement sur l'éducation, les mobilisations politiques et la construction des débats publics. Dans cet article, elle analyse l'élection présidentielle de 2005 en Egypte sous plusieurs angles - politique, juridique et social - pour essayer de comprendre la situation du régime d'Hosni Moubarak, président du pays depuis près de trente ans. Cette analyse pluridisciplinaire de la première élection concurrentielle en Egypte met en lumière les difficultés de transitions d'un régime autoritaire vers la démocratie. Mais selon l'auteur, ces élections constituent un véritable revers pour Moubarak qui souhaitait voir reconnaître son régime comme démocratique en organisant des élections ouvertes à d'autres candidats. Cette tentative de démocratisation du régime n'est en réalité pas le fruit d'une volonté politique de Moubarak mais bien de contestations internes et des pressions occidentales. Iman Farag explique alors que le processus électoral de 2005 a dans sa mise en oeuvre connu des rebondissements inattendus par le pouvoir en place, des formes de mobilisations sociales et politiques pour discréditer les résultats mais aussi le Président. A travers l'analyse de ce texte nous étudierons en quoi les élections présidentielles de 2005 en Egypte ont décrédibilisé le parcours politique de Moubarak ?
Pour ce faire, nous verrons que si l'élection revêt un semblant de démocratisation du régime, elle met aussi en lumière la nature du régime et ses orientations (I). Il ne s'agit en réalité que d'une façade puisque les prétendues avancées démocratiques ont été entachées par l'emprise de Moubarak sur la tenue du scrutin (II). Mais cette stratégie de contrôle a finalement discrédité le Président et permis aux mouvements contestataires de prendre de l'ampleur (III) (...)
[...] La séparation de l'exécutif et du judiciaire n'est alors pas assurée en Egypte. Mais les fraudes électorales et la critiquable supervision du scrutin ne sont pas les seuls éléments de contrôle des élections par le gouvernement Moubarak. B - Sélection des candidats : une concurrence bien orchestrée Suite à une modification constitutionnelle, l'élection présidentielle de 2005 était la première à être multipartite sous le règne d'Hosni Moubarak. Pourtant, de nombreux observateurs ont évoqué un référendum plébiscite déguisé en élection concurrentielle En effet, Moubarak est parvenu à sélectionner les différents candidats par le biais de la loi afin d'être assuré de sa réélection. [...]
[...] Ainsi la Commission de l'élection présidentielle organe présenté comme étant indépendant, était chargée de l'organisation de ces élections. B - Le pluralisme politique et la transparence des résultats L'élection présidentielle de 2005 a profondément bouleversé le système politique égyptien, puisqu'auparavant le Président de la République était élu lors d'un référendum plébiscite pour entériner le choix de l'assemblée du peuple - réunissant des parlementaires du parti-Etat, le PDN. Pour la première élection présidentielle concurrentielle, l'opposition a joué un rôle décisif dans les débats politiques en Egypte qu'elle a largement incités et animés. [...]
[...] S'il a pu se présenter aux élections présidentielles en 2005, cela ne lui est à présent plus possible : ayant fait de la prison, seule une grâce présidentielle pourrait lui permettre d'être à nouveau candidat. De plus, le pouvoir en place a tenté d'écarter l'opposition en général par la répression de rassemblements et l'arrestation de membres des Frères musulmans[17]. Comme le dit Sophie Pommier, l'Égypte s'est singularisée par une pluralité précoce de l'offre politique cependant si une formation autorisée monte trop en puissance, les autorités n'hésitent pas à choisir la manière forte C - Manque de séparation des pouvoirs et des différents acteurs S'il y a bien un parti qui ne soit pas réprimé malgré son ampleur c'est bien le Parti National Démocratique, créé en 1978 dont Hosni Moubarak est le Président. [...]
[...] En effet, selon Iman Farag, la démocratisation se fait ailleurs en dehors des bureaux de vote. Le mouvement contestataire prend alors forme en dehors de la scène politique traditionnelle, dont Kefaya ça suffit illustre bien ce phénomène. Créé en 2004, ce mouvement - reconnu par l'Etat - conteste le pouvoir en place et cherche à mobiliser la population par le biais de manifestations protestataires. Ainsi, de nombreux égyptiens contestaient le résultat des élections avant même que celui-ci ait été prononcé en criant dans les rues de la capitale le slogan in-va-li-dé Ceci montre bien que les citoyens ont pris conscience qu'il était nécessaire de changer les choses, qu'ils pouvaient, ensemble, constituer une force contestataire. [...]
[...] De plus des bureaux de vote ont ouvert bien après l'heure prévue[10], et tout au long de la journée de longues files d'attente ont dissuadé nombre d'égyptiens à attendre pour voter. A cause de cette lenteur, certains électeurs n'ont pas pu voter avant la fermeture des bureaux. Ces différentes fraudes électorales posent la question du contrôle du scrutin. D'après Iman Farag, les juges qui surveillaient le déroulement du scrutin auraient exercé un contrôle partiel, expliquant que des fraudes aient pu avoir lieu. [...]
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