Depuis l'an 2000, la gauche sud-américaine a connu bien des succès électoraux. Parmi les grands pays du continent, seul la Colombie, dirigée par Alvaro Uribe, semble échapper à cette vague. Elle s'incarne dans des personnages aussi divers que Hugo Chavez, tribun populiste au Venezuela, Michelle Bachelet, nouvelle présidente du Chili, ou Luiz Inacio Lula da Silva, chef d'Etat réformateur du Brésil. Mais cette diversité est aussi politique : pas de comparaison possible entre le social-libéralisme en cours au Chili ou en Argentine et le nationalisme économique préconisé par les présidents vénézuelien ou bolivien.
La trajectoire de Lula est donc intéressante à plus d'un titre. Elle montre comment un homme politique engagé très à gauche, peut se modérer une fois au pouvoir. Elle est un exemple des différents modes de gestion de la gauche sud-américaine. Et elle permet de faire un inventaire des réussites et des échecs de cette gauche.
A l'aune des toutes récentes élections présidentielles au Brésil, nous allons donc voir comment le Président sortant à su faire valoir un bilan contrasté pour remporter un second mandat, tout en s'appuyant sur la partie la plus défavorisée des habitants de son pays.
[...] Les zones les plus pauvres du pays accordent quant à elles plus leur confiance à Lula qu'en 2002 : il y avait déjà obtenu un vote majoritaire en 2002, avec 61,3%. En 2006, il y recueille 77% des suffrages exprimés. Les résultats sont plus contrastés encore au niveau des élections de gouverneur et au Congrès. A la Chambre des Députés, Les quatre grands partis brésiliens (PT de gauche, PSDB de cantre-gauche, PMDB de centre- droit, et PFL libéral) subissent peu de changement : le PFL, le PSDB et le PT reculent légèrement, le PMDB augmente modestement sa représentation parlementaire. Au Sénat, quelques glissements aussi sont observables au désavantage de Lula. [...]
[...] Lula a entretenu le suspens, assurant que son prochain gouvernement va beaucoup évoluer et qu'il va faire beaucoup mieux lors de [son] second mandat qu'au cours du premier Les défis que devront affronter le Brésil et son Président restent nombreux : une croissance anémique, à pour 2005 ; un chômage dont le taux officiel cache mal les réalités (l'emploi informel toucherait 40 millions de Brésiliens). Lula a assuré que son programme d'action permettrait de résoudre les maux du Brésil. Il n'a pas précisé quelles en étaient les modalités. Bibliographie CLAVAL, Le Brésil, une grande puissance en devenir, Belin MENDES, Lula une gauche qui s'éveille, Descartes et Cie PICARD, Le Brésil de Lula, Karthala, coll. Livres lusotopie ROLLAND (sous la dir. Pour comprendre le Brésil de Lula, L'Harmattan, 2004. [...]
[...] Une nouvelle voie ? Des avancées sociales Elu en octobre 2002, Lula proclame lors de son discours d'investiture du 1er janvier 2003 le changement, voilà notre mot d'ordre ( L'esprit a vaincu la peur, notre société a décidé qu'il était temps d'emprunter une nouvelle voie Cette nouvelle voie n'est pas sans provoquer des inquiétudes tenaces dans les couches supérieures de la société brésilienne, ainsi que dans les milieux économiques. L'adversaire de Lula, le social- démocrate José Serra, avait ravivé les critiques déjà faite à l'encontre du Parti des Travailleurs lors des élections précédentes de 1992 et 1998 : une formation irresponsable et dépensière, incapable, si par malheur elle arrivait au pouvoir, de gouverner le Brésil. [...]
[...] Une troisième branche enfin pense à s'allier avec le PSDB. Finalement, le PMDB, le plus puissant parti à la Chambre des députés décide de ne pas présenter de candidat et de ne pas en soutenir, concentrant ses efforts sur les élections législatives et locales. A gauche, les adversaires de Lula ne sont pas en reste. Chassée du PT en 2004 pour avoir refusé les projets jugés trop droitiers du gouvernement, Heloisa Helena, qui a fondé le P-SOL, (Parti Socialisme et Liberté), décide de se présenter devant les électeurs. [...]
[...] II- La campagne électorale Un Président en mauvaise posture Face à ces affaires les côtes de popularité du Président et de son parti plongent. Tous les sondages le donnent alors perdant, que ce soit face à son adversaire de 2002, José Serra, ou au puissant gouverneur de l'Etat du São Paulo, Geraldo Alckmin, qui envisage de plus en plus de se présenter. A l'intérieur même de son parti, les défections sont nombreuses : on reproche au Président d'être incapable de tenir ses troupes et surtout de trahir l'idéal des débuts. [...]
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