Toutes les élections sont intéressantes à étudier. Mais il y en a qui sont plus importantes que d'autres, parce qu'elles témoignent de changements brusques et durables du comportement des électeurs. Ce sont les élections de réalignement.
Il n'y a quasiment pas de scrutin national dont, aux Etats-Unis, certains observateurs affirment qu'il s'agit d'un tel type d'élection. Après avoir présenté les grandes lignes de la théorie des réalignements, nous ferons une rapide présentation de l'histoire politique des Etats-Unis à travers le prisme de ce modèle, puis nous nous demanderons si les élections de 2008 peuvent entrer dans ce type d'élections bien particulières.
Lorsqu'on étudie les comportements électoraux, on est souvent plus intéressé par les ruptures que par les constances. Etudier les réalignements, c'est précisément repérer et comprendre ces ruptures qui se produisent de temps à autre dans le choix électoral des citoyens. Mais avant de repérer ces changements brusques, il faut bien sûr d'abord mettre en évidence les continuités.
[...] Ces périodes de réalignements, relativement espacées dans le temps, s'opèrent selon un processus que la science politique a assez clairement mis en évidence. A l'occasion d'une crise violente, qu'elle affecte la sphère économique, politique ou sociale, de nouveaux enjeux qui provoquent des clivages profonds au sein de la population émergent. Les élites politiques ont alors des difficultés à intégrer à leur corpus idéologique ces nouveaux enjeux, et ne peuvent donc agir efficacement. Les partis politiques, déstabilisés, sont souvent divisés sur la marche à suivre, ce qui accroit la confusion des électeurs. [...]
[...] L'évolution entre le vote Kerry en 2004 et le vote Obama en 2008 semble montrer de nettes divergences régionales, qui pourraient faire penser à une évolution des coalitions partisanes Carte 1 Evolution du vote démocrate entre 2004 et 2008 Pour autant, on constate que l'évolution du vote par Etats ne présente globalement pas de divergence fondamentale par rapport aux derniers scrutins. Il semble que la progression de Obama points par rapport à Kerry) ait été répartie de manière assez égale sur l'ensemble du territoire américain, n'altérant pas la structure de la carte électorale. D'après ce graph des résultats de Obama s'expliquent par les résultats de Kerry. [...]
[...] Graphique 2 - Un désalignement électoral e1 e2 e3 e4 e5 e6 e7 e8 e9 e10 Vote de l'ensemble de l'électorat Vote du groupe qui se désaligne Enfin, un réalignement électoral marque, à l'occasion d'une élection ou d'un ensemble d'élections, un changement brusque et durable des alignements électoraux qui aboutit à un nouvel alignement. Un réalignement peut en théorie agir sur le niveau des forces politiques (leur poids électoral) ou sur leur structure (la composition de leur électorat), mais les deux actions sont en réalité souvent combinées. Graphique 3 - Un réalignement électoral e1 e2 e3 e4 e5 Vote de l'ensemble de l'électorat e6 e7 e8 e9 e10 Vote du groupe qui se désaligne 2 Comment s'opèrent les réalignements ? [...]
[...] Norton CAMPBELL, Bruce et TRILLING, Richard, Realignment in American Politics: Toward a Theory, Austin, University of Texas Press CARMINES, Edwards et STIMSON, James, Issue Evolution, Race and the Transformation of American Politics, Princeton, Princeton University Press KEY, Valdimer, The Future of the Democratic Party Virginia Quarterly Review p. 161-175. KEY, Valdimer, A Theory of Critical Elections Journal of Politics p. 3-18. KEY, Valdimer, Secular Realignment and the Party System Journal of Politics p. 198-210. SUNDQUIST, James, Dynamics of the Party System: Alignment and Realignment of Political Parties in the United States, Washington D.C., Brookings Institution Sur son application hors des Etats-Unis BARTOLINI, Stephano et D'ALIMONTE, Roberto, Plurality Competition and Party Realignment in Italy: The 1994 Parliamentary Elections European Journal of Political Research p. [...]
[...] Seul le nord-est reste en partie acquis aux républicains (carte 6 en annexes). Les démocrates deviennent donc nettement majoritaires pour une longue période, et changent radicalement les politiques publiques, qui passent du refus de l'interventionnisme étatique à la mise en place de vastes programmes sociaux. En 1960, c'est l'élection de Kennedy. Les démocrates l'emportent encore grâce à l'alliance entre le Sud et les régions urbaines et industrielles, même si là encore, l'ouest leur à peu à peu fait défaut (carte 7 en annexes). [...]
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