Si l'on se fie aux classifications historiques, la « modernité » apparaît au XVIe siècle, à l'âge de l'humanisme et de la Renaissance. Cette modernité s'oppose à la scolastique, à laquelle elle succède, et invente un Etre humain capable de s'examiner lui-même et opère une extension du champ de la connaissance – qualifiée de « révolution copernicienne ». Toutefois, le problème posé à l'Eglise est d'une importance mineure : face aux dangers posés par l'effondrement de la scolastique et les Eglises de la réforme, celle-ci réagit par l'instauration d'une nouvelle piété où le contrôle des mœurs prend une place prédominante – contrôle des mœurs somme toute lâche au Moyen Age où, d'après Max Weber, l'on était indulgent envers les pêcheurs mais sans pitié envers les hérétiques. Fermement ancrée dans les consciences, l'Eglise n'a pas eu à craindre le mouvement intellectuel des Lumières, cantonné aux élites « éclairées ». La situation change radicalement au XIXe siècle. On acquiert une réelle conscience de la modernité : c'est la première fois en France, par exemple, que l'on compte le siècle, signe que l'on perçoit l'histoire humaine comme un progrès permanent. Dénoncée ou applaudie, la modernité est dans tous les esprits. Ainsi, Paul Valéry écrit : « L'homme moderne est l'esclave de la modernité : il n'est point de progrès qui ne tourne pas à sa plus complète servitude ». La tentation est grande d'opposer radicalement à cette modernité l'Eglise, symbole de permanence et de conservatisme. En réalité l'Eglise, malgré son discours, « négocie » sans cesse avec la modernité. La question posée est la suivante : comment l'Eglise s'adapte-t-elle à la modernisation politique et scientifique ainsi qu'aux changements de perception et de mode de vie parmi des populations en voie de devenir des « sociétés de masse » ?
[...] D'où la naissance de partis modernes, dits chrétiens- démocrates dont la base électorale est bien plus étendue. Il s'agit là d'un consentement total au suffrage universel puisque ces partis consistent à encadrer les électeurs. Ils permettent à l'Eglise de concurrencer, dans les milieux paupérisés, la philosophie de l'histoire marxiste qui produit un discours quasi-religieux. La démocratie-chrétienne s'appuie également sur des syndicats chrétiens. Leur puissance est particulièrement forte en Belgique où ils regroupent adhérents en 1913. C'est d'ailleurs le seul pays où ce nombre atteint celui des adhérents aux syndicats d'inspiration socialiste. [...]
[...] Des mesures répressives sont mises en place : le séminariste trop curieux doit être exclu de la prêtrise. Une stricte séparation est établie entre les institutions universitaires catholiques et les Universités civiles et il est interdit d'enseigner ou de suivre des cours dans les deux types d'institution à la fois. Tous les deux mois, l'évêque doit réunir un conseil de vigilance pour étouffer toute velléité moderniste. L'attitude de l'Eglise catholique à l'égard de la modernité entre 1850 et 1914 n'est pas sans équivoque. [...]
[...] A première vue, l'Eglise catholique est menacée par la modernité politique, culturelle et scientifique. Bâtie au XIXe siècle sur une doctrine ultramontaine et intransigeante, l'Eglise paraît en danger face à la construction des Etats-nations, le développement économique et scientifique ainsi que l'émergence de la question sociale. La construction progressive des Etats-Nations durant la deuxième moitié du XIXe siècle a fait émerger une question romaine Cette émergence des Etats-Nations contrarie la volonté de puissance du Saint- Siège et son attachement à un pouvoir temporel sur des Etats papaux. [...]
[...] Eglise catholique et modernité en Europe occidentale (1850-1914) Si l'on se fie aux classifications historiques, la modernité apparaît au XVIe siècle, à l'âge de l'humanisme et de la Renaissance. Cette modernité s'oppose à la scolastique, à laquelle elle succède, et invente un Etre humain capable de s'examiner lui-même et opère une extension du champ de la connaissance qualifiée de révolution copernicienne Toutefois, le problème posé à l'Eglise est d'une importance mineure : face aux dangers posés par l'effondrement de la scolastique et les Eglises de la réforme, celle-ci réagit par l'instauration d'une nouvelle piété où le contrôle des mœurs prend une place prédominante contrôle des mœurs somme toute lâches au Moyen Âge où, d'après Max Weber, l'on était indulgent envers les pêcheurs, mais sans pitié envers les hérétiques. [...]
[...] Les diverses encycliques rédigées pendant les années 1880 élaborent une véritable doctrine politique catholique qui doit être respectée par ceux qui s'impliquent dans la vie publique. Parmi d'autres, Diuturnum Illud expose la doctrine traditionnelle de l'Etat chrétien et Immortale Dei, de 1885, expose les règles qui doivent régir l'organisation de l'Etat. C'est un consentement implicite donné aux chrétiens qui souhaitent entrer dans la sphère politique de leur Etat tout en restant fidèles aux directives papales. La forme que prend cette incursion dans les vies politiques nationales dépend des pays. [...]
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