Le principe d'égalité est un des fondements de la construction républicaine française. Il est affirmé avec force par l'article 1 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 qui dispose que « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». L'égalité des citoyens devant la loi constitue un principe fondateur de la démocratie. « Les peuples démocratiques aiment l'égalité dans tous les temps », écrivait Tocqueville au XIXe siècle. Un retournement de situation s'est cependant opéré durant le XXe siècle : dans les démocraties qui défendent l'égalité jusqu'à mettre en place des discriminations positives, les citoyens se crispent désormais sur cette valeur.
[...] Pour l'homme de gauche, c'est une autre frustration : celle de vivre dans une démocratie incapable de résoudre les injustices. Ces citoyens considèrent que la société doit être entièrement basée sur le principe d'égalité, chaque être humain est égal quelque soit sa race, sa religion, son sexe ou ses orientations sexuelles. Ainsi, chaque être humain doit avoir les mêmes droits et devoirs au sein de la société. Les discriminations sont autorisées uniquement dans le but de parer aux inégalités de fait, comme ce fut le cas de la loi sur la parité du 6 juin 2000. [...]
[...] Pour certains citoyens l'égalité est insupportable, car elle est injustifiée. Déjà au XVIIIe siècle Voltaire écrit dans l'article égalité du Dictionnaire philosophique qu'une société ne peut vivre que par la division des tâches, et que cette division des tâches a pour conséquence obligatoire l'inégalité entre les hommes. Cette idée présente au XVIIIe siècle est toujours présente à la fin du XXe siècle : John Rawls s'oppose également à l'égalité en 1971 dans Théorie de la justice sociale. Toute société, y compris une société démocratique, a besoin de certaines inégalités pour vivre, pour prospérer et pour assurer son dynamisme. [...]
[...] L'égalitarisme est source de nivellement par le plus petit facteur commun, que les individualistes qualifient de médiocratie. Les totalitarismes du XXe siècle se sont violemment opposés à l'égalitarisme : Hitler l'a dénoncé, tout comme Staline qui parle de nivellement gauchiste dans le domaine des salaires Cette recherche permanente d'égalité est typique de la démocratie qui s'est construite en partie sur cette valeur. Selon Churchill la démocratie est le pire des régimes à l'exception de tous les autres La démocratie ne répond pas systématiquement aux besoins et aspirations des citoyens. [...]
[...] Si l'égalité est devenue insupportable aux citoyens qui la défendent, c'est parce que la démocratie est incapable de la traduire dans les faits. Elle proclame effectivement l'égalité des droits (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen), théoriquement l'égalité des chances (discrimination positive si nécessaire), mais l'égalité des situations n'est pas du tout réalisée. L'exemple le plus pertinent à ce sujet est l'école, car c'est à cet endroit que se cristallise l'inégalité des situations. L'école est obligatoire, les programmes sont identiques pour tous, et pourtant la mobilité sociale demeure très faible. [...]
[...] La liberté et l'égalité sont en effet deux valeurs qui s'opposent, c'est notamment sur cette opposition que repose le débat de la discrimination positive aujourd'hui. L'égalité est devenue insupportable aux citoyens dans leur ensemble, certains craignant que l'égalité ne se réalise, et d'autres, désespérants, qu'elle ne se réalise pas. Selon Pascal Bruckner nous sommes donc entrés dans l'ère de la mélancolie démocratique. Les passions des défenseurs de l'égalité, ainsi que celles de ses détracteurs, se sont éteintes, le régime démocratique est devenu prosaïque La démocratie soulève peu d'enthousiasme et la diminution de la participation politique en est l'expression. [...]
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