L'éducation aujourd'hui ne joue plus un simple rôle de transmission de savoir d'un professeur à un élève. La loi d'orientation de 1989 en fait la première priorité nationale en France. Ainsi l'éducation a deux missions fondamentales selon Andréa Semprini. D'abord elle doit former l'individu et l'intégrer dans une communauté d'égaux, c'est-à-dire transcender les liens familiaux et ethniques pour qu'il se forge un sentiment d'appartenance à une entité plus vaste : la nation, la République. Ensuite elle a une mission de maturation de l'individu qui, en forgeant son esprit critique, peut choisir parmi plusieurs options celle qui lui convient : l'éducation procède donc à un second affranchissement de l'individu qui en libérant son esprit devient un homme libre et responsable.
[...] Conclusion Un des enjeux majeurs dans les débats sur le multiculturalisme est donc bien celui du rôle de l'éducation. Plus que jamais aujourd'hui le devoir de chacun est de savoir qui il veut être et celui de l'école de savoir quel individu elle peut, elle veut et elle doit former pour la société de demain Ainsi, la question que pose le multiculturalisme à toutes les sociétés contemporaines est une et une seule : celle de la modernité, dont le projet est à redéfinir, tant ses catégories comme (différence et identité, égalité et justice, relativisme et universalisme, ) semblent remise en cause. [...]
[...] Les identités culturelles sont toujours tolérées et parfois même publiquement reconnues et institutionnalisées. Les individus et les groupes peuvent librement s'organiser pour entretenir et promouvoir des spécificités culturelles ou religieuses. La tradition anglo-saxonne accorde ainsi une place centrale au pluralisme social, culturel et politique pour diffuser une conception alternative des collectivités humaines. Mais ces deux modèles atteignent aujourd'hui leurs limites et tendent à s'influencer mutuellement afin de trouver la meilleure gestion de la diversité comme élément de cohésion nationale. Ainsi l'école en tant qu'institution nationale doit-elle s'adapter à la transformation de l'espace public en un espace socioculturel et prendre en compte cette diversité en permettant à chacun, quelle que soit son origine sociale, culturelle ou géographique d'accéder au savoir et de s'épanouir personnellement dans la société dans laquelle il vit. [...]
[...] Ses ratés contribuent à produire les minorités qui demandent aujourd'hui une reconnaissance ou qui manifestent une sorte de repli communautaire Cette incompréhension est caractéristique de la rigidité du système français qui pense que la diversité culturelle dans la société est une menace pour l'unité nationale alors qu'il s'agit d'un changement social de fond et qu'il est souvent animé par un désir d'intégration. La crise du voile islamique est un bon exemple de ce décalage. C'est en 1989 que pour la première fois trois élèves se présentaient voilées à la porte de leur établissement. Elles furent exclues du collège Gustave-Havez de Creil, dans l'Oise. [...]
[...] En 1994 le problème resurgit à plus grande échelle et le ministre de l'Éducation interdit le port du voile à l'intérieur de l'enceinte scolaire. En réalité, la majorité de ces jeunes filles n'étaient ni poussées par les familles ni par des agitateurs islamistes. Leur geste n'avait rien de vraiment menaçant pour la nation, il exprimait plutôt une revendication d'identité, plus symbolique que religieuse, de la part d'un groupe, celui des Français nés de parents immigrés du Maghreb pour lesquels les mécanismes d'intégration n'ont pas fonctionné comme ils l'avaient fait pour d'autres communautés (Italiens, Polonais, juifs À l'intérieur de l'école persiste aussi le problème de l'échec scolaire des enfants issus de l'immigration. [...]
[...] Dans certains cas, l'éducation multiculturelle se confond avec l'afrocentrisme, c'est-à-dire qu'elle substitue, plutôt que de dépasser, la perspective eurocentriste au profit d'une pluralité de points de vue minoritaires. Molefi Kete Asante est le chef de file de ce courant et le directeur du programme Black studies et entend placer les Africains à l'intérieur de notre propre cadre de référence historique. Ce courant de pensée provoqua cependant une controverse à la fin des années 80 à propos de l'ouvrage de Martin Bernal, spécialiste du Proche-Orient à l'université de Cornell (New York), intitulé Black Athena : racines afro-asiatiques de la civilisation classique. [...]
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