Créée en 1945 pour démocratiser l'accès à la haute fonction publique de l'Etat, l'ENA est devenue l'une des plus prestigieuses grandes écoles françaises. Elle s'est en effet rapidement imposée comme la grande école française spécialisée dans la sélection et la formation initiale et continue des hauts fonctionnaires français et internationaux. Sa suprématie en ce domaine est presque incontestée : la Ve République a compté deux Présidents de la République, sept premiers ministres et de nombreux ministres énarques.
Mais cette suprématie vaut aussi à l'ENA de nombreuses critiques : l'Ecole Nationale d'administration aurait transformé la haute fonction publique en « énarchie », formerait des technocrates mous et carriéristes, et achèverait d'uniformiser la pensée des dirigeants, formés dans le « moule » de l'école. Elitiste, l'ENA est certainement la grande école française dont la formation est la plus controversée.
Faut-il préserver, réformer ou supprimer l'ENA ?
[...] L'ENA est donc issue de l'esprit de la Résistance : elle est un produit de la Mission provisoire de réforme de l'administration, et sa création fait figure d'instrument de régénération du pays, via le renouvellement de sa haute administration. L'école s'établit en 1945 au 56 rue des Saints-Pères, à Paris. b. Les ambitions réformistes des créateurs de l'école Les créateurs de l'école étaient influencés par trois courants de pensée réformistes. D'une part, le courant de réforme de l'Etat apparu dans les années 1930 avec Jean Zay, ministre du Front populaire qui dès 1936 a déposé un projet de loi, avorté par le Senat, visant à la création de l'ENA. [...]
[...] En moyenne, les énarques accèdent aux postes de directeurs d'administration centrale à 43 ans, contre 55 ans pour leurs homologues européens. -Les pieux vœux de Michel Debré sont restés lettre morte. L'ENA, de l'aveu même des élèves dans leurs lettres ouvertes au premier ministre de ces dix dernières années, est l'école du conservatisme par excellence. Les aptitudes requises pour réussir le concours d'entrée, l'esprit du stage à effectuer et la pression du classement de sortie tendent en effet à faire des énarques des dominants dociles (Eymeri). [...]
[...] Cette formation, gratuite pour les élèves, qui perçoivent un traitement en l'échange duquel ils sont tenus de servir 10 ans l'Etat, permet d'établir un classement de sortie de l'école en fonction duquel les élèves sont affectés dans les corps de la fonction publique d'Etat. Les mieux classés choisissent généralement les corps d'inspection et de contrôle ; les élèves plutôt bien classés choisissent le Quai d'Orsay ; les moins bien classés intègrent en principe le corps interministériel des administrateurs civils. Autour de l'importance de ce classement sur le déroulement de la carrière des énarques se sont focalisées les critiques, parfois très radicales, de l'école. Une grande école dont le service de l'Etat est fortement critiqué A. [...]
[...] Sur le recrutement de la haute fonction publique, afin de le démocratiser en termes d'origines sociales. En la matière, l'école a largement échoué et SciencesPo., loin d'être concurrencé par l'ENA, est devenu son principal fournisseur d'étudiants. -L'ENA devait être une école d'application vraiment professionnalisante. Elle devait donc tourner le dos aux enseignements universitaires classiques pour se concentrer sur la formation pratique de fonctionnaires compétents. -L'école était chargée de fournir une formation unique afin d'en finir avec le cloisonnement entre les corps et les ministères, qui donnait lieu à de stériles compétitions administratives entre eux. [...]
[...] Il est vrai que si certains, à l'instar de Nicolas Sarkozy en janvier 2008, jugent anormal que les mieux classés jouissent d'une présomption de supériorité tout au long de leur carrière, aucune suppression du classement n'est actuellement à l'ordre du jour : elle risquerait selon certains de relaisser place au népotisme dans le recrutement dans les grands corps d'Etat. L'antinomie entre la direction et les élèves sur la question du classement paraît insoluble au point que la suppression de l'école est parfois envisagée. b. Les critiques extérieures à l'école prônent parfois sa suppression En 62 années d'existence, l'ENA a formé 5600 hauts fonctionnaires français et 2600 étrangers. [...]
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