C'est avec ces quelques mots que l'un des plus grands personnage de la Révolution Française énonce un principe qui sera encore au fondement de l'école deux siècles plus tard: le principe d'égalité d'accès à l'école pour tous les individus. Il draine la totalité des déclarations politiques sur l'école et anime la plupart des débats publics sur l'enseignement depuis plus d'un demi siècle. Mais en quoi consiste précisément le concept d‘égalité des chances?
Ce principe s'accompagne de la généralisation de l'accès à l'école, qui doit mettre fin aux privilèges des plus aisés. Ceux-ci furent pendant longtemps les seuls à pouvoir accéder à des formations et à des métiers réservés à une élite qui se reproduisait sans cesse. L'égalité des chances part du constat que les individus n'ont pas à leur naissance les mêmes conditions d'existence selon qu'ils naissent à la campagne, à la ville, dans une famille aisée ou dans une famille modeste. L'école, qui est l'établissement où l‘on dispense un savoir, se donne pour mission de combler ces inégalités de naissance, liées à la vie, par la prise en charge de tous les individus en les préparant de manière à accéder à tous les possibles. A ce propos, on parle aussi « d'égalité des possibles », concept semblable à celui d'égalité des chances. L'école se voit donc investie d'un rôle primordial dans l'avenir des élèves qu'elle prend en charge.
[...] Concernant l'égalité des chances, la réussite scolaire par le mérite en est l'outil principal. Mais il ne faut pas s'y tromper: toute la vision de l'école et toutes nos conceptions de la réussite scolaire sont basées sur la poursuite des études et l'obtention de toujours plus de diplômes. Or, la réussite scolaire n'est que la première étape vers la réussite professionnelle, et il est de plus en plus démontré qu'il n'est pas nécessaire de poursuivre ses études si l'on veut trouver un emploi. [...]
[...] Bourdieu qui rend l'école responsable de l'inégalité des chances et de l'autre J.J. Boudon qui ne rend pas l'école responsable de l'inégalité des chances, mais plutôt l'individu. En effet, pour Boudon, l'élève est un être rationnel qui procède à un calcul rationnel de type coût/avantages. Il sous-estime les avantages et surestime les coûts de poursuivre les études. Par exemple, l'élève issu d'une famille ouvrière va sur estimer les coûts de poursuivre les études en se disant que sa famille ne pourra pas l'aider financièrement, mais aussi l'aider le soir pour faire ses devoirs, et va sous-estimer les avantages de poursuivre les études en se disant par exemple que ses parents ont réussi à travailler et qu'il est mieux de faire comme eux. [...]
[...] Pour le comprendre, il faut se référer à l'immense progrès lié à l'éducation de masse au XXe siècle. Il a permis d'instruire des générations d'individus jusqu'alors maintenues au mieux dans les préceptes de la religion, au pire dans l‘ignorance totale. D'ailleurs, cela servait les régimes politiques, car comme le pensait Napoléon III, de bons chrétiens obéissaient davantage que des écoliers éclairés et formés à l'esprit critique. Ce que l'école a fait est donc non négligeable et ses conséquences sont majeures: la mobilité sociale a pu opérer. [...]
[...] Ce sont évidemment les couches les plus favorisées de la société qui n'y ont pas accès, faute de moyens. C'est pourtant une tendance qui s'accroît et qui menace directement le principe d'égalité des chances. Ainsi, si l'argent permet à certains d'améliorer leur niveau scolaire, et maintient de fait les plus défavorisés dans un niveau inférieur, c'est fondamentalement le système méritocratique qui est touché. Le mérite ne serait plus le seul moyen de réussir. L'argent le remplacerait, faisant ainsi renaître les théories sur l'aristocratie, celles qui prônent le régime des plus riches. [...]
[...] D'ailleurs, l'État nommait le ministère chargé de l'école ministère de l'Instruction Publique Or, aujourd'hui, l'école a un nouveau rôle et non des moindres, l'éducation de l'élève, rôle qui appartient à la famille et non à l'école. Le problème est donc le suivant: comment l'école peut-elle assurer sa fonction première d'instruction, qui donne les moyens à l'élève de progresser, d'avoir un diplôme et qui est au fondement de l'égalité des chances, si en plus elle doit prendre en charge l'éducation de l'élève? L'école créatrice d'inégalités? D'autre part, un autre enjeu est soulevé par la sociologie de l'éducation. Deux sociologues s'affrontent avec d'un côté P. [...]
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