Nicholas Spykman (1893-1943) était un journaliste et universitaire américain qui a enseigné les relations internationales à l'université de Yale. Il est considéré avec Alfred Mahan comme étant le père de l'Ecole géopolitique américaine. Sa pensée est empreinte des concepts élaborés par Halford Mackinder, bien que, comme nous le verrons, elle s'en détache singulièrement. La personnalité de Spykman est également marquée par l'époque dans laquelle il a vécu : il a connu les deux grandes guerres et affiche un certain penchant pacifiste dans son travail, en témoigne le titre de son ouvrage The Geography of the Peace.
Le texte qui nous est proposé ici est issu de ce même ouvrage : The Geography of the Peace, paru en 1942, et principal ouvrage de l'auteur avec America's Strategy in World Politics. La démarche de Spkyman dans cet extrait consiste à présenter dans un premier temps puis à critiquer le modèle géopolitique proposé par Mackinder, basé sur l'existence d'une « île-monde » ou heartland, représentant l'enjeu géostratégique suprême (notion de « pivot du monde »). La thèse principale avancée par Spykman est que le rimland (région périphérique du heartland), prédomine sur le heartland en tant qu'enjeu géostratégique, et c'est sur ce point qu'il se détache de la pensée de Mackinder. Sa théorie du rimland est considérée comme étant à l'origine de la doctrine d'endiguement des Etats-Unis pendant la Guerre Froide.
Nous étudierons donc dans une première partie le modèle et la terminologie établis par Mackinder, et nous verrons aussi pourquoi selon Spykman, il accordait une trop grande importance au heartland. Puis nous montrerons dans une deuxième partie que pour Spykman il est plus pertinent de fonder son modèle sur le caractère crucial du rimland.
[...] Le heartland est entouré d'une région côtière appelée rimland. - Implications du concept de heartland en matière de sécurité : Une fois ces distinctions faites, Spykman explique que Mackinder a commencé à percevoir l'importance du heartland à travers le développement des voies de communication terrestres dans la plaine centrale eurasiatique : il voyait un tel potentiel de développement économique dans la zone des steppes qu'il pensait que les progrès en matière de communication et de mobilité viendraient à concurrencer la voie maritime. [...]
[...] De plus, des Etats voisins et enjeux de la lutte entre les deux puissances, l'Inde et la Chine, peuvent être amenés nous dit Spykman à créer leur propre système de défense contre la Russie, contenant ainsi les forces soviétiques l'ouest de l'Oural. La prédominance du rimland Spykman renverse le théorème de mackinder : Celui qui domine le rimland domine l'Eurasie ; celui qui domine l'Eurasie tient le destin du monde entre ses mains[10] Définition du rimland Le rimland de Spykman correspond au croissant interne des Etats amphibies entourant le heartland[11] défini par Mackinder (voir carte). [...]
[...] La partie est, bien que n'étant pas dénuée de ressources minérales, n'en permettait toutefois à l'époque pas une exploitation d'échelle industrielle comme à l'ouest. En réponse à l'argument des voies de communication intérieure: Spykman concède le gain en mobilité apporté par le chemin de fer, le réseau routier et le réseau aérien[8] au sein du heartland, mais d'après lui les frontières de l'île- Monde sont des barrières naturelles d'une rudesse telle qu'elles ne permettent pas la communication avec les régions alentours (Afghanistan, Tibet, Sinkiang, Mongolie). [...]
[...] Le rimland serait une zone tampon, tenaillée entre le heartland et les mers périphériques (voir carte). Pour Spykman sa nature amphibie est à la base de ses problèmes de sécurité[15] puisqu'il doit faire face d'un côté aux puissances terrestres du heartland, de l'autre aux forces navales des îles off-shore (Grande-Bretagne et Japon). En ce qui concerne les continents off- shore (Australie et Afrique), Spykman rejette la thèse qui voudrait qu'ils soient considérés comme des heartlands à part entière, du fait de l'absence de puissance politique et de puissance potentielle qui leur soit propre[16] effet sans doute lié à la rudesse ou du moins l'hétérogénéité climatique des deux continents Dynamique du conflit en Europe et Importance stratégique du rimland - Selon Mackinder : Spykman explique que Mackinder estimait que tout conflit en Europe obéissait à une dynamique centrifuge des Etats ou peuples du heartland en direction des peuples ou Etats du rimland. [...]
[...] Autre argument en faveur du heartland la Russie, son noyau, étant situé au centre de la masse eurasiatique[5] donnait l'avantage immense des voies de communication intérieures. Si l'on considère que la Russie est au centre d'un cercle imaginaire comprenant le heartland, alors elle détient l'avantage des voies de communications intérieures, car, dit Mackinder, il est certain qu'une armée opérant le long des diamètres du cercle est mieux contrôlable qu'une autre évoluant le long de sa circonférence. Ici Spykman fait directement référence à la situation de la Grande Bretagne (principal obstacle à la mer pour la Russie à l'époque), qui opèrait depuis Londres. [...]
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