Les circonstances compliquées de l'année 1848 font comprendre le contenu de la Constitution de la deuxième République. Contenu parfaitement hétéroclite, parce que cette Constitution fut le produit de la grande confusion existant dans les faits et dans les idées. Ce n'est pourtant pas qu'elle fut improvisée, ses rédacteurs ont pris tout le temps et un soin sans précédent pour la rédiger ( votée en novembre alors que Louis-Philippe était tombé le 24 février) , ni qu'elle fut mal aimée, puisqu'elle a été refusée seulement par 30 députés.
[...] Ils auraient voulu aménager la Constitution tout exprès pour ramener un Bonaparte sur le trône qu'ils n'auraient pas fait mieux. II) Qui s'avère vite impossible. Les constituants de 1848 avaient l'ambition de fonder un ordre politique durable. Mais les contradictions du de la Constitution rendaient le nouvel ordre précaire. Le suffrage universel et la pratique du pouvoir allaient en donner des preuves éclatantes. Le suffrage universel contre la République L'élection du président de la République. Pour mettre en vigueur la Constitution, il fallait d'abord procéder à l'élection du Président de la République. [...]
[...] Oui, quand même le peuple choisirait celui que ma prévoyance, mal éclairée peut-être, redouterait le plus de lui voir choisir, n'importe : Alea Jacta est Le débat concernant la structure du législatif n'a pas été moins passionné, Duvergier de Hauranne invoquant les pays étrangers en faveur du dualisme, non seulement l'Angleterre, mais aussi les États-Unis : L'expérience apprend que dans tous les pays étrangers où le gouvernement représentatif existe sous la forme monarchique ou sous la forme républicaine la division du pouvoir législatif a prévalu, soit à l'origine, soit après une courte épreuve , argument que réfutait Lamartine en évoquant l'absence de principe fédératif en France et cette lenteur systématique, cette faiblesse, cet embarras, ce flottement, ce froissement artificiel et toujours retentissant dans les rouages de la Constitution . L'Assemblée repoussait finalement l'amendement, la poésie l'emportait sur la prose (Maurice Deslandres). Des pouvoirs trop cloisonnés. Néanmoins, cette double légitimité aurait pu être compensée par une certaine collaboration des pouvoirs, comme l'organise le système présidentiel américain. [...]
[...] L'échec de la République de 1848 L'échec de la République de 1848 Une République fragile dès sa naissance Une synthèse constitutionnelle risquée. La tradition révolutionnaire. La tradition parlementaire. La tradition plébiscitaire. Des pouvoirs qui s'affrontent. Des pouvoirs en concurrence. Des pouvoirs trop cloisonnés. [...]
[...] En effet, comme le soulignait Marx, Le 10 décembre fut le coup d'État des paysans qui renversait le gouvernement existant Louis Napoléon est avant tout l'élu des paysans contre la République des riches Certes, l'analphabétisme politique de la paysannerie explique pour une bonne part le succès du candidat Bonaparte, qui n'avait qu'à son actif que le nom de son oncle. Mais il doit également sa victoire à l'ambiguïté du bonapartisme, susceptible de satisfaire des intérêts opposés, ralliant donc des clientèles diverses : C'est beaucoup d'être à la fois une gloire nationale, une garantie révolutionnaire et un principe d'autorité dira Guizot. L'élection de l'Assemblée législative. Il restait maintenant à savoir avec qui le premier Président de la République aurait à composer. [...]
[...] L'Assemblée était toute puissante dans le cercle de la Constitution (Tocqueville) et le Président se voyait obligé de lui obéir, mais tenait de son élection une légitimité qui rendait la soumission malaisée. Cela était d'autant plus imprudent que chacun des deux pouvoirs était unique, puisque que l'on avait à la fois abandonné la tradition révolutionnaire de la collégialité de l'exécutif et la tradition parlementaire du bicaméralisme. Le choc était inévitable. Cependant, on aurait tort de penser que ces incohérences n'avaient pas été remarquées dès l'origine. Concernant le mode d'élection du président, de nombreuses voix s'étaient élevées pour dénoncer le danger que représentaient alors le suffrage direct et la non-rééligibilité. [...]
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