Les IIIeme et IVeme Républiques témoignent de la difficulté de la tradition républicaine à appliquer le principe de l'équilibre et de la séparation des pouvoirs en France. Le culte de la loi, incarnation de la volonté générale, assoit la domination de l'assemblée souveraine sur l'exécutif. Est-ce la victoire posthume de Rousseau sur Montesquieu ? Non, car la consécration du Parlement aboutit à l'instauration d'une démocratie sans le peuple. Ces deux Républiques, qui souffrent d'emblée d'un déficit de légitimité, et meurtries par une instabilité gouvernementale chronique, illustrent la fermeture d'un système représentatif qui nourrit un violent antiparlementarisme.
[...] Une dissolution ratée en juin scelle le sort de la fonction présidentielle. Le 7 février 1879, Jules Grévy, successeur de Mac-Mahon, démissionnaire, renonce à tout rôle politique : je n'entrerai jamais en lutte contre la volonté nationale exprimée par ses organes constitutionnels Cette déclaration, sorte de nouvelle Constitution provoque l'abandon de la dissolution et le déclin de l'exécutif. Car, à la différence du modèle britannique où la promotion du Premier ministre compense l'effacement royal, le président du Conseil, non prévu par la Constitution, jouit d'une autorité limitée et instable. [...]
[...] La nouvelle Constitution, rejetée en particulier par de Gaulle, n'a pas su mobiliser la France. Une transaction entre MRP, PC et SFIO, qui rassemblent les trois quarts des suffrages, façonne une Constitution qui entérine leur hégémonie politique et leur promet un bel avenir. Les communistes renoncent au régime d'assemblée sans séparation des pouvoirs ; le MRP obtient un renforcement de l'exécutif ainsi que le maintien d'une Chambre haute, certes très affaiblie. Le primat du parlementarisme, hérité de la culture républicaine et réactivé par le traumatisme de Vichy, cohabite avec une rationalisation de la puissance de l'Assemblée, rendue nécessaire par les excès de la IIIe République. [...]
[...] Elle connaît pourtant les mêmes dérives. La confiscation du résultat des élections conduit à des majorités hétéroclites, opposées à la volonté initiale des électeurs ( 1956). La responsabilité du gouvernement revient souvent à la formation la plus facile. L'impossible réforme Maladie chronique, l'antiparlementarisme se nourrit sous la IIIe République de l'affaiblissement du pouvoir exécutif, de l'absence de soupape et des scandales à répétition dont celui de Panama en 1892 et l'affaire Stavisky en 1934. L'extrême droite antirépublicaine et ultranationaliste, aux valeurs autoritaires, attise les mécontentements populaires. [...]
[...] D'autant que le ministre, qui conserve son mandat parlementaire, se considère davantage comme un délégué de son parti qu'un membre indépendant de l'exécutif. Sous la IIIe République, malgré la création de grands partis, les coalitions électorales brouillent la donne. Le Bloc national de Clemenceau rassemblant droite et centre droit, radicaux et socialistes en 1919, le Cartel des gauches associant Herriot et Blum en 1924, ainsi que le Front populaire unissant socialistes, radicaux et communistes en 1936, n'ont que peu de cohérence idéologique et s'effondrent rapidement. A gauche, les états-majors partisans refusent souvent leur participation au gouvernement. [...]
[...] Sans compter les divisions partisanes internes. AU final, la IVe République ne doit sa survie, artificielle, qu'à l'impossible alliance des communistes et des gaullistes. III Une démocratie sans le peuple Le souverain captif La crise du politique se traduit par la confiscation du pouvoir souverain, autour de deux principes : la domination absolue du système représentatif et la volonté d'empêcher les dérives possibles d'un exécutif suspecté d'autoritarisme. La souveraineté parlementaire alimente la nébuleuse de l'antiparlementarisme qui accable des régimes incapables de se réformer. [...]
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