Au lendemain de la vague révolutionnaire qui a bousculé l'Europe en 1848 avec son fameux Printemps des Peuples, la Russie, a contrario, est fière de s'affirmer comme étant une sorte de « foyer de stabilité » au milieu d'une Europe qui ne maîtrise plus son peuple, et s'illusionne même d'être un modèle politique pour les autres. Mais, très vite, l'humiliation de la guerre de Crimée ramène le Tsar à la réalité de son immense Empire qui sombre progressivement dans l'archaïsme.
L'histoire russe est l'histoire de cycles irréguliers, marqués tantôt par un absolutisme borné, tantôt par une volonté de changements ; elle est, du fait des pouvoirs concentrés, le reflet de l'empereur : le Tsar. Ce régime politique s'oppose donc drastiquement à celui de la démocratie dans lequel le pouvoir suprême est attribué au peuple qui l'exerce lui même ou par l'intermédiaire de représentants qu'il élit. Pourtant, pour moderniser son pays, et lui donner un rang de véritable puissance, qui puisse peser face aux autres acteurs sur la scène internationale, le Tsar se voit dans l'obligation de démocratiser son pays, pour le rendre plus compétitif, plus stable.
[...] Essentiellement deux ministres essaient de transformer la Russie : Piotr Stolypine abandonne le projet de l'industrialisation et considère que la Russie doit réformer la paysannerie. Il divise, confisque et partage les terres (taux de remboursement très bas). Souvent, anciens serfs qui en profitent pour se libérer des aristocrates. Mais se heurte à l'opposition dela noblesse unie. Il est assassiné en 1911. En 1912 puis en 1914, de nouvelles grèves ont lieu pour protester contre le régime autoritaire, mais elles sont vite réprimées. [...]
[...] Or l'industrialisation est un élément clef de la démocratisation d'un pays. On l'a vu en Occident, en effet, l'industrialisation c'est l'enrichissement des couches les plus basses de la société, qui ainsi concourent à la création d'une couche moyenne, dynamique de la société, des gens plus instruits qui peuvent faire bouger les choses. Progrès économique et démocratie sont en effet intimement liés et l'un semble indispensable à l'autre. De plus, la société agricole russe est dominée par de grands propriétaires nobles. [...]
[...] Zemstvos restaient soumis à une étroite tutelle de la bureaucratie la paysannerie restait en marge de la population et du droit commun. Elle se situe encore dans un statut d'infériorité juridique et moral. Le ministre des Finances (Witte) les comparera même à des demi- personnes ne jouissant que d'une demi-liberté La censure restait au programme, et surtout appliquée par l'Église orthodoxe Confrontées à la non-limitation de l'autocratie Mais la plus grande limite est bien sûr celle du maintien incontesté de l'autocratie. [...]
[...] Si importante soit-elle, l'abolition du servage ne constitue qu'un élément d'un ensemble de réformes beaucoup plus vaste que la défaite de Crimée d'une part et l'avènement d'Alexandre II d'autre part avait mis à l'ordre du jour Les autres secteurs à libéraliser Le manifeste du 19/31 mars 1856 est un plan tracé par le tsar Alexandre II, il affirme : puisse la bonne organisation intérieure s'affermir et se perfectionner, la justice et la clémence régner dans les tribunaux ( ) et que chacun puisse goûter en paix sous la protection de lois également justes et également bénéfiques pour tous Il s'agit en effet de desserrer le carcan autocratique par le truchement de plusieurs modernisations, suite à l'abolition du servage, préalable à toute transformation : perfectionner l'administration qui perd de sa superbe en avouant ses erreurs. perfectionner la justice. Jusque-là, il s'agissait d'une simple branche de la bureaucratie, avec Alexandre II elle acquiert un statut et les magistrats deviennent inamovibles et irrévocables ; même si elle dépend encore de la décision souveraine du ministre. perfectionner l'instruction (1863-1864). Des progrès sensibles sont marqués par la création d'une université plus autonome et surtout plus ouverte aux étudiants de toute origine sociale. [...]
[...] (1905-1914) A. La révolution par le bas : inévitable La révolution inachevée de 1905 : échec ou répétition générale ? Le dimanche rouge du 22 novembre 1905 marque une date dans l'histoire russe : c'est le divorce définitif entre le tsar et son peuple. Grève générale à Saint-Pétersbourg, elle s'accompagne d'une manifestation pacifique menée par un dirigeant religieux Gapone : de fait, toutes les couches de la société semblent s'insurger contre l'autorité du tsar. La grève s'étend ensuite à tout le pays qui demande désormais des réformes tant économiques que politiques. [...]
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