Force est de constater que la notion de terrorisme cache en fait des situations très hétérogènes c'est pourquoi, mieux vaut peut être opérer une classification des terrorismes plutôt que de se borner à essayer de définir théoriquement ce terme.
Signe des temps, ce sont désormais autant les buts avoués (§1) que les moyens utilisés qui fondent les typologies proposées par les observateurs, comme si le moyen préoccupait dorénavant plus que la finalité.
Par ailleurs, compris comme une méthode, une manière ou une stratégie mise en œuvre pour atteindre des objectifs, le terrorisme peut être défini par ses modes d'action possibles, signe d'une « technologisation » croissante des méthodes terroristes (§2).
[...] De même, il est urgent de comprendre les ressorts intellectuels et doctrinaux du concept de jihad si l'on veut éloigner le spectre du terrorisme. Alain Bauer, Xavier Raufer, La guerre ne fait que commencer Gallimard Attentat du 11 mars 2004 à Madrid Mouvement fondamentaliste fondé en 1928 en Egypte par Hassan al-Bannâ. Gilles Kepel, Al Qaida dans le texte, PUF Le sunnisme est la doctrine de ceux qui se présentent comme les partisans de la sunna Cette obédience représente des musulmans dans le monde et se distingue des chiites et des autres mouvements minoritaires de l'islam par le rôle qu'elle attribue à la communauté (Oumma) et à la tradition (Sunna) comme compléments du Coran. [...]
[...] Les éléments de l'asymétrie On trouve une multitude de définitions de la guerre asymétrique. Pratiquement toutes partent d'une démarche capacitaire et décrivent les méthodes utilisées, mettant l'accent sur la brutalité, l'action contre des objectifs mous (soft targets), le mépris de la vie ou la recherche systématique des points faibles de l'adversaire. Or, l'asymétrie est un concept stratégique et non tactique. Les facteurs de l'asymétrie sont essentiellement basés sur des champs d'action différents c'est-à-dire que les deux parties combattent dans des espaces de bataille différents : une des parties cherche à atteindre des objectifs matériels (territoire) ou physique (destruction de l'adversaire), tandis que l'autre vise des objectifs immatériels (légitimité, reconnaissance internationale etc.) Alors qu'une stratégie symétrique cherche à obtenir des succès décisifs, la force asymétrique cherche simplement à maintenir sa capacité de nuisance, sans recherche de succès physiques décisif (stratégie du Hamas). [...]
[...] En Occident, la notion de jihad est souvent associée à l'idée de croisade, de conquête et de guerre contre l'Occident or, la traduction occidentale de jihad par guerre sainte est vivement contestée par les exégètes de l'islam (les oulémas) selon lesquels cette dernière expression est issue du vocabulaire (chrétien) des Croisades. En fait, le mot jihad est étymologiquement lié à la notion de s'efforcer jahada d'effort jouhd sur soi pour devenir meilleur. Mais il désigne aussi et surtout la volonté de défendre à titre individuel ou collectif l'islam contre une agression extérieure, que celle-ci soit morale ou physique. [...]
[...] En revanche, Abdallah Azzam Frère musulman[3] palestinien assassiné en 1989 peut être considéré comme le théoricien de la guerre sainte contemporaine pour avoir remis l'accent sur la priorité du jihad au sens guerrier, lors de la guerre d'Afghanistan. Après sa mort et la fin de la guerre afghane, le sens du jihad a évolué chez les activistes. On est passé du jihad de défense au sens classique à un jihad individuel fondé sur le martyr, théorisé par Ayman al-Zawahiri, le plus important idéologue d'Al-Qaida. Pour lui, c'est l'exemplarité du martyr, diffusé à l'aide des médias modernes, qui doit galvaniser les autres musulmans. La gravité des actes terroristes se trouve ainsi démultipliée par leur impact médiatique. [...]
[...] Il peut avoir une dimension messianique punitive (démarche nationaliste-religieuse ou religieuse-identitaire) ou tenter de déclencher des évènements ou prophéties apocalyptiques (terrorisme eschatologique type secte Aum Shinri Kyo). Il se distingue des autres types de terrorisme par une violence généralement plus intense. Nous nous intéresserons ici prioritairement aux terrorismes à connotation religieuse inspirés par l'islam chiite (Hezbollah libanais) et surtout sunnite (GIA algérien, Al-Qaïda, etc.) car l'islam sunnite fondamentaliste sera pour longtemps encore une des principales menaces terroristes contemporaines, et ce malgré les prédictions optimistes des orientalistes qui annoncent régulièrement l'échec de l'islam politique. [...]
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