Le 6 mai dernier, Nicolas Sarkozy a réussi ce que Mitterrand avait fait avec la gauche en 1981 : il a rassemblé toute ou presque toute la droite autour de sa candidature. Ou plutôt devrais-je dire qu'il a rassemblé toutes LES droites, que ce soient les droites républicaines ou l'extrême droite : le centre-droit, l'UMP et l'extrême droite)
Mon exposé suppose la définition de concepts dont l'usage demeure encore relativement récent : le « clivage politique gauches droites » et les « droites ». Depuis l'après seconde guerre mondiale, des observateurs annoncent que le clivage gauches droites est dépassé. Pourtant cette partition idéologique héritée de la révolution française est largement intériorisée, c'est un fait de culture politique débouchant sur un principe d'identité. Il reste la « summa divisio » de notre histoire politique, d'après la formule de René Rémond.
Mais par-delà le couple droite gauche, qu'en est-il de la nature de la droite ? Elle ne peut pas être définie à partir d'invariants idéologiques mais peut être considéré comme de droite ce qui est exclu par la gauche et accepte cette exclusion. Les « droites » seront dans mon exposés comprises dans les formes qu'elles revêtent au sein de la sphère institutionnelle, c'est-à-dire partis, associations, mouvements…
En 1954, dans son ouvrage, La droite en France, René Rémond a identifié trois familles de droite marquées par les conditions historiques de leur naissance respective et qui en conservent des traits spécifiques: le légitimisme (contre-révolutionnaire et traditionaliste), l'orléanisme (conservateur et libéral) et le bonapartisme (un leader noue un lien direct avec le peuple au-delà des catégories traditionnelles, autoritaire et nationaliste). C'est une grille de lecture utile qui insiste sur la diversité des droites françaises.
Quelles sont les différentes composantes de la droite et leur évolution depuis 1958, du point de vue des idées mais aussi des hommes ? Comment se sont-elles organisées et quelle est leur relation au pouvoir depuis le début de la Vème République ?
Sous la Vème République, dans le cadre des institutions dessinées par le général de Gaulle, la droite a détenu le pouvoir sans partage et sans interruption les deux premières décennies (I). Depuis 1981, elle a connu une profonde recomposition partisane (II).
[...] René Rémond établit une filiation entre le gaullisme et le bonapartisme parce qu'ils conjuguent tous les deux une certaine idée de la France et de la démocratie : passion pour la grandeur nationale, autorité d'un Etat et en particulier d'un exécutif fort, souveraineté du peuple et mécanismes de démocratie directe, suffrage universelle. Vers l'acceptation par le gaullisme du clivage partisan Dès 1965 néanmoins, le gaullisme partisan prend le relais du gaullisme personnel. Après le départ des socialistes, des républicains populaires et de la masse des modérés, De Gaulle se résout à ne rassembler que les gaullistes et les giscardiens. Sa tentative d'échapper à la bipolarisation échoue, il est le chef de la droite. On parle de dénaturation du gaullisme, renvoyé à droite avec l'échec du projet de Nouvelle société. [...]
[...] Ils admirent le modèle anglo-saxon. Il n'est plus question de dépasser la division droite gauche. Mais la fusion ne s'est pas faite et tous restent fidèles à leurs orientations diverses. Mais une fraction de l'UDF autour de François Bayrou a refusé d'en faire partie, et son succès électoral récent aux élections présidentielles montre qu'un centre indépendant est possible et que l'hypothèse de la fin des clivages gauche-droite est encore à la mode. Conclusion Nous avons constaté la difficulté de la droite à se penser comme telle. [...]
[...] Au début de la V République, les droites sont dominantes, unies malgré leur diversité. Puis elles se divisent électoralement, avant de tenter de s'unir dans une même organisation, la droite nationale restant exclue. Il semble que quand les droites parviennent à s'unifier et/ou à rallier l'électorat populaire que la droite nationale a puisé dans l'électorat de gauche, elles sont capables de gouverner pendant longtemps et sans interruption, surtout si la gauche se divise ou manque de crédibilité. Bibliographie Histoire des forces politiques en France de 1940 à nos jours, Pierre Levêque, Armand Colin Partis politiques et système partisan en France, sous la direction de F. [...]
[...] La première droite définie par R.Rémond est la droite légitimiste ou contre- révolutionnaire. Plus personne ne croit aujourd'hui en la probabilité d'une restauration de l'ancienne monarchie. En revanche persiste le refus catégorique de la démocratie, une aversion pour les principes de 1789 Ce n'est assurément plus une force politique capable de menacer le régime. Action française. Ce sont généralement des Catholiques intégristes dont les voix vont au FN. Également électeurs de Philippe de Villiers (Mouvement pour la Fce). Le leader du FN emprunte un certain nombre de concepts et de thèmes à la première des droites répertoriées par René Rémond, celle des hommes qui incarnent depuis le début du 19ème s. [...]
[...] Se pose en effet la question de la nature exacte des droites françaises en raison de la mise en avant des idées libérales au sein des formations de la droite parlementaire et de l'échec électoral de celles-ci au seuil de la décennie ; mais également en raison de la conversion d'une partie de la gauche au libéralisme économique. On s'interroge sur la postérité du gaullisme, sur le constat de la division apparemment intrinsèque des courants de droite. En 1981, les droites inaugurent une période pendant laquelle elles sont dans l'opposition 14 ans sur 22. Elles perdent la présidence et la majorité à l'Assemblée, en partie en raison de la division de la majorité sortante. [...]
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