Le succès des manifestations du 13 mai 2003 et l'ampleur des tensions qui ont accompagné le débat et le vote de la loi Fillon portant sur la réforme du système des retraites soulignent l'acuité du problème auquel il se trouve confronté. Au-delà du problème des avantages acquis et de la retraite à 60 ans, la question de la réforme du mode de financement des retraites s'est installée comme un des problèmes majeurs de nos sociétés industrialisées, et ce particulièrement en France. Tous les pays industrialisés et notamment les pays européens, souvent installés dans leurs habitudes de financement des retraites depuis la Deuxième Guerre mondiale, période de reconstruction et donc de vastes réformes économiques, doivent faire face à un « défi démographique » (D.Taddei) qui remet en cause le fonctionnement et la survie même du système de financement des retraites. Chaque pays a engagé des réformes structurelles pour répondre à ces nouveaux défis : diversité des solutions, diversités des problèmes, spécificité de la culture et du comportement des populations,…il n'existe pas de système ni de réforme « miracle ».
Dans le cas de la France, on assiste depuis plusieurs années à un débat animé sur la pertinence même des réformes que beaucoup affirment indispensables lorsque d'autres soutiennent que la situation n'est pas dramatique et ne justifie en rien la radicalité des réformes entreprises par les dirigeants politiques. Le débat porte donc aussi bien sur la légitimité que sur la justesse des réformes : il porte sur la pertinence, dans les deux sens du terme, de ces réformes. A partir de ce constat, il est intéressant de s'interroger nous-même sur la pertinence des réformes : faut-il réformer les retraites en France ? Si oui, pourquoi ? Les réformes entreprises sont-elles des réponses efficaces aux problèmes qui se posent à notre système ?
Pour répondre à cette double question, nous verrons tous d'abord que les réformes semblent bien indispensables à la survie du système des retraites en France (I) mais que les réformes que les dirigeants politiques ont choisies de mettre en place depuis 1993 ne semblent pas résoudre tous les défis auxquels se trouve confronté le système de financement des retraites(II).
[...] On oppose donc toujours ces deux manières différentes de financer les retraites que sont les systèmes par répartition et les systèmes par capitalisation. Chacun présente des avantages et des inconvénients. Les systèmes par répartition présentent l'avantage majeur d'être facilement gérable administrativement et d'assurer à tous les retraités une pension convenable. Il permet aussi d'établir un lien fort entre les générations puisque chaque génération est obligée de faire confiance à la suivante pour espérer vivre décemment lorsque viendra son tour de prendre sa retraite. Les avantages des systèmes par capitalisation ne sont pas non plus négligeables. [...]
[...] Tout d'abord, le problème des salariés à revenus plus modestes se pose : ceux-ci ne sont souvent pas en mesure de se constituer l'épargne nécessaire à une retraite décente. La capitalisation ne permet donc pas de couvrir toute la population et serait alors un moyen de creuser les inégalités. De plus, un des reproches majeurs que l'on fait au système de répartition peut être retourné contre la capitalisation : si le nombre de cotisants est trop bas, la répartition ne peut fonctionner. [...]
[...] Ce système de financement a été couronné de succès pendant des décennies. En effet, les chiffres nous montrent aisément que ce pour quoi il avait été mis en place dans une période de reconstruction du pays a été respecté. Il garantit en effet l'indépendance financière des retraités, ce qui est et reste le principal objectif du système. En 1997, le montant moyen de la pension pour des personnes ayant effectué une carrière complète était de 1189 euros, chiffre plus que respectable. [...]
[...] On demande donc à moins d'actif de financer la retraite de plus de retraités. Cet écart qui sépare le ratio cotiseurs/cotisants met en lumière une évidence qui ne saurait être ignorés : la situation actuelle oblige les gouvernants à réformer le système qui ne peut continuer à fonctionner sur la même base sous peine de s'écrouler de lui-même faute de moyen. Les solutions de réformes Pour répondre à ce défi démographique auquel la France est indéniablement confrontée, les dirigeants politiques ont eu et ont le choix dans les réformes à mener pour sauver le système. [...]
[...] Ceux-ci semblent aujourd'hui une entorse grave au principe d'égalité qui fonde justement le système même de la répartition pour lequel toutes ces mesures sont effectuées. Le fait de maintenir les régimes spéciaux revient à faire tout et son contraire puisqu'au nom de plus d'égalité(la survie du système de répartition à la française on maintient l'inégalité des régimes comme ceux de la SNCF, de l'EDF et de nombreux régimes spéciaux en vigueur également dans le privé qui, s'ils semblent parfois justifiés dans le cas des travaux difficiles, mériteraient certainement d'être revus et corrigés au vu de leurs années de service. [...]
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