Selon les mots d'Aristote, l'homme est un «animal politique », c'est-à-dire qu'il ne peut vivre ailleurs qu'en société, il est obligé de forger des règles pour vivre avec autrui, de se rendre sociable. Dans la société grecque la société se définissait ainsi comme l'art de gouverner les hommes, l'homme se définissant par son caractère social, vivant dans cet espace codifié que l'on nomme l'Etat.
Tout d'abord on peut définir l'Etat comme une nation gouvernant une communauté d'individus, soudés par le désir de vivre ensemble. Le libre consentement définit donc les conditions d'adhésion et la réalité de l'Etat. En tant qu'entité politique l'état est apparu dans les sociétés au cours du XVIIe siècle et s'est véritablement affirmé avec la Révolution française qui a consacré l'Etat français en tant que tel, c'est-à-dire en tant qu'ensemble administratif, judiciaire et politique unifié dans tous les aspects de sa société. On peut donc dire que l'Etat est la forme organisée que les sociétés modernes ont adoptée pour affronter les aléas de l'Histoire.
S'il existe plusieurs manières de diriger un Etat, démocratiquement ou non, il n'en reste pas moins que les populations qui ont consenti à vivre ensemble attendent de l'état des contreparties aux devoirs qu'on exige d'elles. Elles attendent en effet de l'état protection, sécurité, justice et défense (ce qu'on appelle les fonctions régaliennes de l'état) et que ces derniers ont consenti à fournir dès leur création.
L'Etat s'est donc développé à partir du XIXe siècle, et si initialement il n'agissait que dans peu de domaines, son intervention s'est fortement accrue à partir du XXe siècle, et ce surtout après la Première Guerre mondiale où face aux désastres subis, les Etats ont été obligés de réparer les dysfonctionnements engendrés par les conflits.
[...] Un devoir né de nos incapacités à nous prendre en charge dans certains domaines Alors que l'état n'assurait initialement des compétences que dans les grands domaines régaliens, à savoir la justice, la sécurité et la défense, il a subitement gagné en importance lors de la Première Guerre mondiale qui l'a obligé à intervenir dans les domaines économiques et sociaux et ce de manière considérable. En effet, il a coordonné, impulsé et dirigé la guerre qui a complètement changé la vie économique et sociale. L'état s'est brusquement retrouvé en première ligne pour diriger l'effort de guerre et agir dans tous les grands domaines. Or, quand le conflit s'est terminé, et face aux désastres que la guerre avait causés dans tous les domaines, l'état s'est vu obligé de continuer à pratiquer un tel investissement dans la société. [...]
[...] Cela est rendu nécessaire tout d'abord étant donné le fait que l'homme est un loup pour l'homme incapable de ne pas sombrer dans la violence et le chaos quand il n'est pas soumis à certaines règles mais également parce que l'homme dans bien des domaines économiques et sociaux n'est pas en mesure de se réaliser pleinement sans l'intervention de l'état Un devoir qui justifie l'existence même de l'état. C'est à partir des 17e et 18e siècles qu'est née la théorie de l'état telle qu'on la connait aujourd'hui comme une forme inédite de la vie politique (selon la formule de Machiavel), sous les plumes de plusieurs philosophes tels Locke, Hobbes, Rousseau et Hegel qui ont ainsi développé la théorie de la nécessité de l'état. [...]
[...] C'est l'affirmation du droit et de la raison pour défendre la propriété, empêcher la violence entre les hommes. Dans le même contexte, Rousseau fut célèbre pour avoir théorisé l'état de nature : il va plus loin que Locke réclamant un état légitime où la souveraineté populaire primerait, où le peuple serait directement consulté et rédigerait lui-même les lois dans le but d'intérêts communs. L'état serait rationnel en cela qu'il serait fondé sur un contrat reposant sur le droit et non sur la force, sur la raison et non sur la violence. [...]
[...] II) La prise en charge totale par l'état peut se révéler être un handicap Depuis la fin des 30 glorieuses le débat sur le rôle de l'état est allé crescendo, premièrement parce qu'on a pu constater les limites qui pouvaient se dresser contre lui et les incapacités qu'il avait à agir dans certains domaines mais également parce qu'un tel interventionnisme étatique répondant à la moindre de nos attentes contribue fortement à nous déresponsabiliser et à nous rendre trop dépendants des actions étatiques L'interventionnisme étatique connait des limites certaines Une des premières limites de l'état est qu'il est tout simplement impossible pour lui de répondre aux attentes de tous les citoyens étant donné la multitude d'exigences que les citoyens peuvent avoir. En effet chaque catégorie tend à émettre des réclamations bien particulières et à attendre quelque chose de l'état. De plus, certaines de ces attentes peuvent être clairement déraisonnables car tous les hommes ne sont pas forcément doués de raison et peuvent tendre à ne pas agir dans l'intérêt commun. [...]
[...] Ce mouvement déclenché dans la première moitié du 20ème siècle va connaitre une expansion formidable après la Seconde Guerre mondiale : les désastres qu'ont subis alors les sociétés ont obligé les états à s'investir dans tous les domaines et à tout reconstruire. A partir de ce moment-là, l'état a naturellement assumé ce nouveau rôle et on a pu parler de la réalisation de l'État-providence Or aujourd'hui ce rôle est remis en cause par une bonne partie des citoyens et de la classe politique. [...]
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