Violences urbaines, délinquance, insécurité économique, insécurité alimentaire, terrorisme, cybercriminalité, insécurité sanitaire…la menace est partout si l'on en croit l'opinion populaire et les médias, et face à ces risques, quelqu'un doit agir. La question est de savoir qui ? L'Etat doit-il, mais surtout peut-il, être le seul à assurer la sécurité de ses citoyens ? Ou alors, doit-on promouvoir des logiques sécuritaires qui feraient appel à l'intervention d'autres acteurs, notamment privés ? Autre hypothèse, doit-on se placer dans une configuration où, selon l'expression consacrée, la sécurité devient l'affaire de tous ?
Afin de répondre à ces problématiques, il apparaît pertinent tout d'abord de revenir sur la notion de sécurité en tant qu'attribut régalien de l'Etat en observant ses remises en cause avant de nous pencher d'un peu plus prés sur le choix à faire aujourd'hui entre une sécurité assurée par l'Etat et une sécurité assurée par des acteurs privés ou par tous.
Mais rappelons tout d'abord que le terme sécurité ici ne concerne pas seulement la dimension sécurité physique contre la violence et la délinquance. Le terme sécurité est aujourd'hui très vaste : il concerne le champ économique, social, sanitaire, alimentaire, environnemental et la liste est longue. En fait aujourd'hui la sécurité est devenue une des principales préoccupations des Français et l'on peut penser à Jean-Pierre Chevènement qui dans un discours en 1997 déclarait que les deux menaces auxquelles devait faire face la République étaient le chômage et l'insécurité.
[...] Mais rappelons tout d'abord que le terme sécurité ici ne concerne pas seulement la dimension sécurité physique contre la violence et la délinquance. Le terme sécurité est aujourd'hui très vaste : il concerne le champ économique, social, sanitaire, alimentaire, environnemental et la liste est longue. En fait aujourd'hui la sécurité est devenue une des principales préoccupations des Français et l'on peut penser à JP Chevènement qui dans un discours en 1997 déclarait que les deux menaces auxquelles devaient faire face la République étaient le chômage et l'insécurité. [...]
[...] L'Etat-Léviathan va être au-dessus de tous ces pouvoirs et tirer sa légitimité de cette toute-puissance car la sécurité de tous est à ce prix. Cela a été repris plus tard par Max Weber qui déclare que c'est ‘l'Etat qui détient le monopole de la violence légitime', et qui donc de ce fait est la seule autorité légitime pouvant assurer la sécurité de ses citoyens. Lui seul dispose d'un pouvoir de police, lui seul peut utiliser la contrainte et mettre en place une politique publique de sécurité. [...]
[...] Mais ces obligations sécuritaires se sont élargies avec le temps, et cela passe bien entendu par l'émergence de l'Etat-providence. Au cours des siècles, l'Etat a sans cesse accru son rôle et son appareil administratif. Initialement destiné à protéger ses citoyens et à percevoir l'impôt, l'Etat s'est posé comme organisateur de la vie sociale et économique, et aujourd'hui, il n'est plus seulement censé assurer la sécurité de ses citoyens, c'est-à-dire leurs survies au sens de Hobbes, mais également leur sécurité sociale, alimentaire, économique, civile On peut penser par exemple à la loi de 1898 sur les accidents du travail où on voit clairement que l'Etat commence à assurer d'autres obligations que celles décrites par Hobbes ou plus récemment, en 1988 la loi sur le revenu minimum d'insertion qui protège les citoyens n'ayant pas de travail en leur permettant de subsister. [...]
[...] Ne peut-on pas relativiser ce débat ? Si l'on se concentre par exemple exclusivement sur le domaine de la délinquance, Laurent Mucchielli dans son ouvrage intitulé violences et insécurité, fantasmes et réalités dans le débat français, montre clairement que ‘Paris n'est pas Chicago', nous n'en sommes pas encore à une situation où la guerre civile est proche, où les banlieues formeraient des ghettos prêts à nous attaquer comme le laisse pourtant à penser la lecture du QSJ de Bauer et Raufer. [...]
[...] Doit-on promouvoir une sécurité qui ne soit pas du seul ressort de l'Etat ? L'Etat doit sortir d'un rêve arrogant et archaïque dans lequel il gère seul la défense et la sécurité il doit s'ouvrir à des partenaires nouveaux dont des experts venus du privé et des entreprises spécialisées afin de concevoir une doctrine sur ces nouveaux dangers'. Cette citation extraite d'un article publié dans le Figaro par deux experts, Alain Bauer et Xavier Raufer, auteurs du QSJ Violences urbaines et insécurité collective illustre à merveille la montée dans nos sociétés de la croyance selon laquelle l'Etat n'est plus apte à assurer notre sécurité et notre défense. [...]
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