La doctrine Monroe et les indépendances sud-américaines

Résumé du document

« Aux Européens le vieux continent, aux Américains le nouveau. » ainsi est résumé le principe de la doctrine Monroe, énoncée par le Président des Etats-Unis James Monroe le 2 décembre 1923 lors de son septième message annuel au Congrès. Car la doctrine Monroe, est, initialement, destinée à l'intention du continent européen, en affirmant les trois préceptes suivants : les continents américains « ne peuvent plus être considérés à l'avenir comme susceptibles d'être colonisés par aucune puissance européenne. », toute intervention d'une « puissance européenne sur le continent américain sera considérée comme une manifestation inamicale à l'égard des Etats Unis », et enfin « toute intervention américaine dans les affaires européennes sera exclue ».

Extraits

[...] Le discours du président Monroe est immédiatement accueilli de manière chaleureuse par l'ensemble du continent américain qui y voit l'expression des idées de la population entière des Etats Unis. Comme le montre l'extrait suivant, publié par Mr Raphael Merchan, un américain du Sud, le peuple sud américain accorde une importance particulière au message véhiculé par le président Monroe : elle-même, que le grand naturaliste Suédois Linné, résumant les idées de son siècle, avait placé l'homme à la tête du règne animal, ainsi le fameux Président assigna à son pays parmi toutes les nations du continent américain, la première place que celles-ci lui avaient déjà reconnue. [...]

[...] Semard, secrétaire d'Etat, déclare en 1861 que le peuple américain a la conviction intime que dans cette partie du monde, le progrès n'est pas possible sans une communauté d'institutions s'étendant à tout le continent (au passage, on retrouve là les principes énoncés par Adams dans sa thèse du système américain Malgré l'insistance de Napoléon II, LES Etats Unis refusent d'accéder à la proposition de la France de ne pas s'opposer au nouveau gouvernement établi au Mexique, et considèrent comme légitime le gouvernement de Juarez. Dès lors, la mise en pratique de la doctrine Monroe permet le retrait des troupes françaises du Mexique en 1867, et le triomphe de Juarez ; mais il serait illusoire et candide de croire que les états Unis aient agi de manière désintéressée, uniquement pour la protection de l'indépendance du Mexique. [...]

[...] Dans la doctrine même, les fondements d'un appui aux mouvements de libéralisation du nouveau continent sont affirmés. Ainsi, le 2 décembre 1823, le Président Monroe déclare les continents américains, d'après l'état de liberté et d'indépendance qu'ils ont acquise et dans lequel ils se sont maintenus, ne peuvent plus être considérés à l'avenir comme susceptibles d'être colonisés par aucune puissance européenne. Et d'ajouter, fort de cette première affirmation : Quant aux colonies existantes ou dépendances des puissances européennes, nous ne sommes pas intervenus et n'interviendrons pas dans leurs affaires. [...]

[...] Par ailleurs, même si le discours de Monroe est prononcé le 2 décembre 1823, il convient de remonter légèrement aux sources de la doctrine, vers 1818, et de s'intéresser également aux premières indépendances sud américaines, qui débutent en 1809, puis de terminer au début du XIXe, alors que les interventions américaines sur le continent du sud se perpétuent. Pourquoi la doctrine Monroe, alors qu'elle semble soutenir les indépendances sud américaines, devient-elle l'outil de l'impérialisme étatsunien sur le continent ? La doctrine était-elle pensée comme telle, ou a-t-elle seulement donné lieu à des dérives d'interprétation ? [...]

[...] La doctrine Monroe, énoncée en trois temps, a largement influencé l'histoire de la libération des peuples sud américains. Affirmée comme une volonté d'isolationnisme envers l'Europe, et de soutien vis-à-vis de l'Amérique du Sud, elle est le fruit d'une conjoncture historique particulière et de la réflexion des dirigeants contemporains, visionnaires et ambitieux. D'abord appliquée selon son propre objectif au travers de mises en action concrètes, elle est saluée par le continent sud américain. Néanmoins dans un second temps, la doctrine Monroe fait l'objet d'interprétations extensives, voire proprement abusives afin de justifier une forme de colonisation de l'Amérique du nord sur l'Amérique du sud, véritables supports aux visées panaméricanistes. [...]