En démocratie, l'électeur prime car il choisit ceux qui assureront l'exercice du pouvoir en son nom. Les élections et les référendums sont ainsi des moments forts de la démocratie : par leur intermédiaire, le peuple, à la fois source et détenteur de la souveraineté, désigne ses représentants. Le vote est l'expression formelle de ce choix : c'est à la fois le geste par lequel le citoyen participe à la désignation de ses représentants, mais également celui par lequel il légitime - ou non - une décision. Membre de la communauté politique, le citoyen se définit donc à la fois par ses droits et ses devoirs, civiques et politiques, mais également par sa participation politique, en tant que titulaire de la souveraineté.
[...] Le vote n'est pas, comme on a tendance à le penser aujourd'hui, un acte qui va de soi. Il a été difficilement acquis dans la plupart des pays, au prix de nombreuses luttes qui se sont souvent étalées sur plusieurs siècles. Dans le cas de la France notamment, le suffrage censitaire et indirect apparaît en 1791. Il justifie la conception de Siéyès d' « électorat-fonction » théorisée dans Qu'est-ce que le Tiers-Etat ? (1789), par opposition à celle d' « électorat-droit » de Rousseau, qui concernait l'ensemble des citoyens. Le vote est donc restreint et ne concerne que les hommes de plus de vingt-cinq ans. Ils sont des citoyens dits « actifs ». En 1815, avec la Restauration, le suffrage est direct mais toujours censitaire, concernant uniquement les hommes de plus de trente ans. Il faudra attendre 1848 pour les hommes, puis 1944 pour les femmes pour que le suffrage soit véritablement universel. Sous Valéry Giscard d'Estaing, en1974, l'âge minimal pour voter est baissé à dix-huit ans.
[...] Le système démocratique postule que les citoyens sont attentifs aux évènements politiques et que leur choix lors des élections sera réfléchi, motivé, permettant une réelle participation à la vie politique. Selon Régis Debray dans La République expliquée à ma fille, « le citoyen est celui qui participe de son plein gré à la vie de la cité ». Le citoyen doit donc être le moteur de la vie sociale démocratique, par sa réflexion, par son esprit critique ; il doit alimenter le débat, la réflexion collective. Le système repose donc particulièrement sur son engagement, et le droit de vote apparaît comme sa manifestation la plus courante. L'exercice de ce droit manifeste le sentiment d'appartenance à la communauté politique, la volonté qu'elle perdure et que la démocratie y fonctionne. Participer à l'intérêt général de la communauté est donc un devoir, mais également dans l'intérêt du citoyen, qui risque de subir la décision des autres s'il ne fait pas partager son opinion. (...)
[...] Le vote est l'acte premier de la démocratie en tant qu'il permet à chaque individu de participer à la vie politique. Il permet tout d'abord à chaque citoyen d'élire ses représentants et donc de participer à l'élaboration de la loi. Le vote apparaît désormais en opposition aux systèmes longtemps fondés sur l'hérédité à l'image de certains rois français qui, par l'intermédiaire de leur dynastie, se maintenaient au pouvoir durant des générations grâce au principe d'hérédité ou sur la violence , avec des coups d'Etat basés sur l'emploi de la force, comme celui qui permit à Pinochet d'arriver au pouvoir au Chili après le 11 septembre 1973. [...]
[...] Le droit de vote garantit donc à chacun la possibilité qu'il a de participer à l'exercice du pouvoir de manière démocratique. Cependant, le citoyen n'est pas seulement un électeur appelé périodiquement aux urnes pour choisir ses dirigeants, et le droit de vote ne suffit à assurer l'existence d'un régime démocratique. mais pas suffisante Le droit de vote est certes à la base de la démocratie, mais il n'est pas une condition suffisante pour la garantir. C'est une pratique ancienne et courante, y compris dans les sociétés non démocratiques. [...]
[...] Le vote, un devoir civique Un devoir inhérent à la qualité de citoyen La contrepartie des droits du citoyen Les devoirs sont le deuxième aspect de la citoyenneté, ils sont la contrepartie des droits dont peut jouir le citoyen. Le devoir est une obligation qui peut être de nature juridique ou morale. Le vote est un devoir civique et moral. Il ne s'agit pas d'une obligation juridique puisque, en tant que droit, on peut ne pas l'exercer. Tous les citoyens n'en jouissent pas, mais ils pourraient tous le faire. [...]
[...] L'abstention peut alors être perçue comme un acte d'incivisme. Mais, lorsque l'abstention est motivée, elle peut au contraire être comprise comme l'expression d'une protestation et donc un élément réel de participation à la vie politique. Dans cette optique, le vote obligatoire ne remettrait-‐il pas en cause le principe même de démocratie et de liberté individuelle ? Il fait du citoyen un organe de la nation, le détenteur d'une fonction et non plus d'un droit. Le problème actuel est celui de la responsabilité : certains citoyens ne perçoivent plus le vote que comme un droit qu'ils peuvent exercer ou non, et oublient que le peuple est un organe constituant dont l'existence et la participation sont nécessaires au fonctionnement du système démocratique. [...]
[...] Aujourd'hui, avant de déposer son bulletin dans l'urne, on veut voter utilement, avoir de bonnes raisons. Dans le doute, on préfère s'abstenir. Le vote est devenu plus raisonneur, plus inquiet, plus fragile, moins constant et moins fidèle à une tendance politique. On observe ainsi une montée de l'indécision dans les semaines qui précèdent les élections, qui traduit très certainement un doute sur la crédibilité des discours et des programmes. Rendre le vote obligatoire ? Face à cette montée de l'abstention, certains mettent en avant la question d'une éventuelle obligation du vote. [...]
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