En 1825 meurt Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon, neveu du mémorialiste de Louis XIV, qui se définissait comme le dernier des gentilshommes et le premier des socialistes. Né en 1760, sa vie chevauche la Révolution française et accompagne la révolution industrielle. Jeune, il participe à la guerre d'indépendance américaine et, au Nouveau Monde, il découvre l'espace, la liberté et l'industrie. Après la Révolution, qu'il traverse en spéculant sur les biens nationaux, puis emprisonné sous la Terreur, il devient l'ami de Monge, le fondateur de l'École Polytechnique. Il fréquente les cours dispensés par l'école, s'y créé une cour de fidèles et commence à développer des spéculations philosophiques, politiques et économiques, qui l'accompagneront toute sa vie.
[...] Saint-Simon, éternel étudiant, velléitaire, n'avait jamais réussi à appliquer ses idées. Ses disciples, polytechniciens et autres, s'y attèlent. Certains d'entre eux, notamment Armand Bazard et Hippolyte Carnot, se font les avocats d'une réforme de l'État et de l'administration. Carnot, ministre de l'Éducation nationale pendant la révolution de 1848, tente sans succès de fonder une école nationale d'administration, chargée de former les cadres de la nation. L'idée se concrétisera un siècle plus tard. Après la mort du maître, ses disciples se lancent d'abord dans le prosélytisme religieux. Mais c'est dans la pratique des affaires que le Saint-simonisme trouvera en fin de compte une application inattendue.
[...] L'idée de Conseils de Newton, que Saint-Simon avait développée dès 1803, avait déjà des relents de sacristie. Ces conseils seraient peuplés de savants formant une sorte de clergé hiérarchisé. Il suggérait aussi la construction de temples de Newton, lieux de culte et de pèlerinage. À la fin de sa vie, il se fait le prophète d'une nouvelle religion. Ses disciples sautent le pas de la mystique et du prosélytisme ouvert. L'Église saint-simonienne est plutôt une secte, qui a ses journaux pour propager la doctrine (Le Producteur, Le Globe), ses temples (à Paris, à Lyon, à Bordeaux...), ses desservants (un clergé portant barbe, uniforme bleu et chapeau) vivant en communautés, ses processions... (...)
[...] Ce schisme ne signe pas la mort du Saint-simonisme. Aux antipodes de la mystique et de la religion, le productivisme du maître est le catalyseur du capitalisme français, en plein développement à partir de 1830. B. Le Saint-simonisme, le catalyseur du capitalisme français : 1832-1860 Les disciples que Saint-Simon avait recruté à Polytechnique, jeunes savants et ingénieurs, et d'autres issus du commerce, de la banque . s'engagent dans le mouvement des affaires qui est encouragé par la Monarchie de Juillet puis par le Second empire. [...]
[...] HISTOIRE DES IDÉES POLITIQUES Thème : Le socialisme Sujet : Le Saint-simonisme Introduction. En 1825 meurt Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon, neveu du mémorialiste de Louis XIV, qui se définissait comme le dernier des gentilshommes et le premier des socialistes. Né en 1760, sa vie chevauche la Révolution française et accompagne la révolution industrielle. Jeune, il participe à la guerre d'indépendance américaine et, au Nouveau Monde, il découvre l'espace, la liberté et l'industrie. Après la Révolution, qu'il traverse en spéculant sur les biens nationaux, puis emprisonné sous la Terreur, il devient l'ami de Monge, le fondateur de l'École Polytechnique. [...]
[...] Les premières compagnies d'assurances sont créées par Laffitte et un autre Saint-simonien, Vital-Roux. Ils sont aussi présents dans la métallurgie (Fournel et Schneider, au Creusot). Ce Saint-simonisme doctrinaire et pratique forme, avec d'autres milieux, notamment protestants et juifs, le catalyseur (Szramkiewicz) du mouvement des affaires qui anime l'économie française, en pleine mutation dans cette première moitié du XIXe siècle. Grace au comte de Saint-Simon, socialiste et mystique, et à d'autres, la bourgeoisie française s'est convertie à l'industrie et même, dernier paradoxe, au libéralisme économique. [...]
[...] Selon lui, l'humanité serait passée d'une société féodale, dominée par la force militaire, à une société de légistes, façonnée par des principes de droit forgés a priori, et elle serait en train de devenir une société industrielle, fondée sur la science et la production. Saint-Simon se fait le prophète du productivisme et de l'industrialisme. La parabole qu'il expose en 1819, en pleine Restauration, imagine que la France voie disparaître dans une catastrophe ses meilleurs mathématiciens, chimistes, industriels, banquiers, mais aussi poètes et musiciens. Le mal serait irréparable. Quelle perde la famille royale, les préfets, les cardinaux, les propriétaires, il n'en résulterait aucun dommage durable. Tous seront faciles à remplacer, écrit-il. D. [...]
[...] La production doit aussi être protégée de l'anarchie du marché. L'organisation s'élève par degrés. Les industriels et, surtout, les banquiers, par la distribution du crédit, ont aussi pour rôle d'assurer l'impulsion et la coordination des activités économiques. Dans les Lettres d'un habitant de Genève, il préconise la constitution d'un Conseil de Newton qui superviserait un corps unique de savants chargés de développer et de mettre en œuvre toutes les connaissances, scientifiques et autres. Plus d'honneur pour les Alexandre, vive les Archimède, écrit-il. [...]
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