[...] On voit en effet que le but n'est pas celui d'un changement fondamental au fait que la révolte naît souvent de manière spontanée. Il suffit alors d'un élément déclencheur pour amener un peuple, probablement déjà à bout, dans la rue, dans un rassemblement inorganisé ? au moins au départ. Ainsi le 17 décembre 2011 à Sidi Bouzid (Tunisie), Mohammed Bouazizi, marchand ambulant de fruits et de légumes « préfér(ant) mourir que de vivre dans la misère », s'immola par le feu, donnant le signal à un vaste mouvement de révolte.
Son acte fut le point de départ de la chute du gouvernement Ben Ali et, partant, l'étincelle qui déclencha le « Printemps arabe ». Une chronologie des évènements que l'on a désigné sous le nom de « révolutions arabes » montre en effet un enchaînement extrêmement rapide des faits, ainsi que de leur extension géographique.
[...] Détournement de la révolution populaire ou manipulation
On peut se demander si l'état actuel des choses est celui souhaité par les rebelles qui étaient descendus dans la rue au nom d'idéaux démocratiques et sont désormais gouvernés par des milices armées et/ou des islamistes. Ainsi pour Riadh Sidaoui, les grands gagnants des révolutions arabes sont les islamistes, vue leur capacité de mobilisation et d'organisation. L'exemple des Frères musulmans, dont l'histoire a été retracée par Clément Steuer dans son article « Concurrences islamistes en Egypte » de la revue Moyen-Orient et qui se sont, à la faveur de la chute d'Hosni Moubarak et plus largement des évènements du « Printemps arabe », constitués en parti - le Parti de la liberté et de la Justice (PLJ) est frappant. Leur mouvement est ainsi devenu la principale force organisée en Egypte, leur visibilité et compétences en matière de campagne politique leur ont permis de remporter les élections législatives et de conforter encore leur position dans le pays. (...)
[...] Des concessions possibles Enfin, un peuple en reste souvent au stade de révolte lorsque, d'un côté (la population) comme de l'autre (le pouvoir), on parvient à faire des concessions. Il arrive un moment où la société revient à un statut quo. Lorsque le peuple s'était révolté pour des motifs principalement économiques, la situation peut revenir à l'ordre en lui accordant certains avantages concrets. Par ailleurs, pour contenir la révolte et éviter qu'elle ne prenne de l'ampleur, le pouvoir en place choisit parfois de faire quelques concessions. Ainsi en Algérie, le pouvoir mène une politique d'aide publique, filet social ou rempart sensé contenir la contestation. [...]
[...] Thème : le Printemps arabe Sujet : Une révolte ne fait pas une révolution Le dossier porte sur le Printemps arabe la typologie révolte-‐révolution et les conditions de passage de l'une à l'autre. En référence au Printemps des peuples de 1848 auquel il a été comparé, le Printemps arabe est le nom que l'on donne à l'ensemble des contestations populaires, d'ampleur et d'intensité très variables, qui se sont produites ou continuent à avoir lieu dans de nombreux pays du monde arabe depuis décembre 2010. [...]
[...] Elle peut être stoppée par les autorités qui décident de réprimer, de manière souvent violente, les mouvements de protestation. En Syrie, la répression exercée par le régime de Bachar el-‐Assad cause des milliers de morts, près de 8000 en février 2012 selon une estimation de l'Institut des Nations Unies pour la Formation et la Recherche (UNITAR-‐UNOSAT). Cette répression est exercée sur des protestataires lambda, principalement des hommes, et touche encore plus fortement ceux qui font figure de leaders, tels les intellectuels, les blogueurs ou les journalistes. [...]
[...] Le terme de révolution sert le plus souvent à désigner ce qui n'est qu'une révolte et, au regard des résultats actuels du Printemps arabe on constate bien en effet qu'une révolte ne suffit pas à changer les structures fondamentales –politiques et sociales-‐ d'un pays. En effet, la révolution est portée par un projet de dimension politique, elle doit donc être pensée et organisée. Or, nous n'avons peut-‐être assisté lors de ce que l'on appelé les révolutions arabes qu'à des révoltes, des contestations violentes qui marquaient la limite de l'acceptable. [...]
[...] Un caractère spontané On voit en effet que le but n'est pas celui d'un changement fondamental au fait que la révolte naît souvent de manière spontanée. Il suffit alors d'un élément déclencheur pour amener un peuple, probablement déjà à bout, dans la rue, dans un rassemblement inorganisé au moins au départ. Ainsi le 17 décembre 2011 à Sidi Bouzid (Tunisie), Mohammed Bouazizi, marchand ambulant de fruits et de légumes préfér(ant) mourir que de vivre dans la misère s'immola par le feu, donnant le signal à un vaste mouvement de révolte. [...]
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