Dissertation de Sciences politiques sur la décentralisation, réalisée à partir de la citation suivante : « Faite par de grands élus pour faire de grands élus, la décentralisation crée des pouvoirs locaux forts, que l'opinion publique locale ne peut encore que timidement ou exceptionnellement contrer. »
[...] Pourtant, des problèmes ou enjeux spécifiques relatifs à la décentralisation demeurent, en particulier en ce qui concerne la démocratisation. Ainsi l'opinion locale ne pourrait alors que timidement contrer les pouvoirs locaux en cela qu'ils restent assez inaccessibles, et que son opposition n'aurait pas forcément de réel impact, mais également puisque, du fait de leurs compétences élargies, de leur présence sur le terrain et de leur élection qui leur donnent une légitimité, ces pouvoirs locaux sont devenus très forts. Ils ont désormais le pouvoir de décider, au niveau local, du quotidien des individus. [...]
[...] En effet, ce n'est pas parce qu'une grande partie des problèmes du quoditien sont désormais traités dans le cadre d'enceintes locales désignées au suffrage universel que le pouvoir local est plus participatif. II L'opinion publique rencontre toujours des difficultés à contrer les pouvoirs, même à un niveau local. Une opposition timide aux pouvoirs locaux Pour les citoyens des grandes villes, l'administration locale est parfois aussi lointaine et abstraite que l'Etat, et les mesures prises s'avèrent aussi difficiles à contrer que si elles venaient d'en haut. Or l'un des buts de la décentralisation était de rendre l'accès et la participation aux pouvoirs locaux plus aisés aux citoyens. [...]
[...] I - Fondée sur un mouvement venant d'en haut, la décentralisation ne confère pas de véritable pouvoir de codécision aux citoyens. Le relâchement des liens entre les citoyens et leurs élus La décentralisation est un phénomène encore inachevé et, selon certains, il existe encore une imbrication trop étroite des différents niveaux de pouvoir nés de la décentralisation. Les empiètements entre les collectivités locales et l'Etat permettent certes une action concertée, mais le problème est que, dans les faits, l'Etat ne s'est pas séparé de toutes les prérogatives dont il aurait pu se défaire, d'où des croisements de responsabilités qui compromettent plus ou moins l'efficacité de la décentralisation telle qu'elle avait été envisagée. [...]
[...] Par conséquent, une participation permanente des citoyens aux affaires locales s'avère difficile. Par ailleurs, l'émergence de citoyens lambda au sein des instances locales ne se vérifie pas. Au lieu d'une démocratisation des mandats, on assiste à la professionnalisation des fonctions électives, et on a vu apparaître une nouvelle classe politique élitiste et restreinte, celle des grands élus dont les mandats se cumulent souvent, selon les résultats de plusieurs enquêtes. Cette sorte de polarisation du pouvoir local entre les mains de quelques personnalités dominantes rend plus difficile l'opposition de l'opinion publique, alors même que l'élu était sensé représenter le citoyen. [...]
[...] Pourtant, certains s'interrogent sur le décalage qui semble exister entre les faits et la réalité. Il semblerait en effet que l'opinion publique locale ne soit toujours pas en mesure de contrer les pouvoirs locaux. Ce sentiment de ne pas être entendu par la classe politique, y compris et surtout par ses élus locaux, explique peut-être la crise de la citoyenneté actuelle et le manque d'implication d'une partie de la population dans la vie publique, qui se traduit notamment par une montée de l'abstention. [...]
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