Au sein de la philosophie politique comme de l'histoire des institutions et régimes politiques, la notion d'Etat renvoie à des réalités extrêmement différentes et rend sa définition mal aisée. La modernité a consacré la définition wébérienne de l'Etat comme « entreprise politique de caractère institutionnel dont la revendication administrative revendique avec succès, dans l'application des règlements, le monopole de la contrainte physique légitime » en référence au modèle de l'Etat-Nation d'Europe de l'ouest dont l'apparition est située historiquement entre le 13ème et le 17ème siècle et qui s'est depuis imposé comme une norme quasi universelle. Si l'Etat reste une des manifestations historiques du politique et apparaît impropre pour caractériser l'ensemble des formes d'organisation politique des sociétés, une définition plus large semble toutefois nécessaire afin de couvrir un champ historique et géographique plus étendu. L'Etat peut ainsi être conceptualisé comme le lieu du pouvoir politique si l'organisation juridique et institutionnelle propre à une société humaine est indépendante des personnes qui exercent en son nom des prérogatives de puissance publique.
Dés lors, si l'Etat est avant tout cette construction abstraite sur un territoire, ce siège du pouvoir au sein d'une société humaine, son rapport à l'individu au sein du groupe et à sa liberté est fondamental dans la recherche du meilleur régime. Le rapport entre Etat et liberté est en effet caractérisé par une dialectique complexe et changeante toujours centrale en philosophie politique. Comment pouvoir coercitif collectif et liberté individuelle, comme capacité de l'homme à se réaliser en tant que sujet indépendant dans sa vie privée, s'articulent-ils ? L'Etat rend-il libre ? Son existence est-elle une condition nécessaire, suffisante, ou au contraire un obstacle à la liberté de ses sujets politiques ?
L'Etat apparaît tout d'abord comme la condition nécessaire à la liberté de l'homme conçu d'abord comme un citoyen. Cependant, son potentiel liberticide qui trouve son achèvement dans l'Etat totalitaire du 20ème siècle semble avaliser les thèses en faisant un ennemi fondamental de la liberté dans une opposition à la société civile comme lieu de la liberté. Enfin, une réévaluation de la pensée classique semble nécessaire pour les fondements de l'Etat de droit moderne, un Etat qui tente de dépasser cette opposition incompressible en subordonnant l'Etat démocratique à une liberté individuelle définie comme valeur universelle. (...)
[...] L'existence de l'Etat n'en est pas remise en cause et la démocratie libérale, la soumission de l'Etat à la loi, à des droits de l'homme qui le transcende et l'encadre doit permettre la liberté et le fait efficacement dans de nombreux régimes politiques actuels. La possible dérive de l'Etat moderne ne saurait être toutefois écarté dans une vision trop optimiste d'un triomphe final de l'Etat de droit moderne dans le monde actuel globalisé et extrêmement normalisé y compris au niveau supranational. L'Etat doit rendre libre, c'est là sa fonction, sa finalité première, sa limite, dans notre recherche contemporaine du meilleur régime. La fin de l'histoire politique et le triomphe de la raison démocratique libérale ne sont néanmoins en rien acquis. [...]
[...] L'Etat rend-il libre ? Au sein de la philosophie politique comme de l'histoire des institutions et régimes politiques, la notion d'Etat renvoie à des réalités extrêmement différentes et rend sa définition mal aisée. La modernité a consacré la définition wébérienne de l'Etat comme entreprise politique de caractère institutionnel dont la revendication administrative revendique avec succès, dans l'application des règlements, le monopole de la contrainte physique légitime en référence au modèle de l'Etat-Nation d'Europe de l'ouest dont l'apparition est située historiquement entre le 13ème et le 17ème siècle et qui s'est depuis imposé comme une norme quasi universelle. [...]
[...] L'état de nature décrit pas Rousseau est largement opposé à celui de Hobbes. L'homme est intrinsèquement libre car solitaire, indépendant. Il ne connaît pas les passions destructrices que son entrée dans la vie sociale va créer. Celle- ci est néanmoins inévitable. Dés lors, le contrat social est une nécessité mue par la raison des hommes afin de substituer une liberté politique totale à la liberté naturelle originelle. La liberté issue du contrat social est permise par l'Etat comme soumission volontaire de l'individu à la loi qu'il s'est choisi. [...]
[...] L'Etat totalitaire est bien le double noir de l'idéal démocratique dont la réalisation ou le simple effleurement reste un travail quotidien à l'issue incertaine. [...]
[...] La liberté individuelle prend donc son essor avec l'apparition dans la philosophie politique classique de Hobbes de l'Etat moderne, qui fonde sa légitimité sur le droit, puisqu'il permet la liberté humaine. Les droits individuels restent cependant largement limités dans le système hobbesien où les libertés civiles, status civitatis, n'existent pas face à l'Etat. Il ne faut toutefois pas caricaturer la violence du Léviathan ni oublier sa fin tournée vers le bien commun tout en reconnaissant qu'il reste extrêmement répressif dans son inspiration. Ces libertés civiles et les droits politiques sont bien plus présents dans l'Etat issu du contrat social rousseauiste notamment. [...]
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