Le 26 octobre 1795, la Convention cède la place au Directoire. Par ce changement de régime, les conventionnels modérés, ou Thermidoriens, qui ont renversé Robespierre le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) veulent signifier la fin de la Terreur. La volonté des conspirateurs de poursuivre l'œuvre révolutionnaire est claire, mais ils désirent rompre nettement les liens avec la Terreur. Entre la Convention et l'époque napoléonienne, le Directoire est souvent présenté comme une période de transition dans lequel on liquiderait les espoirs révolutionnaires et on préparerait le terrain au pouvoir personnel. Cependant, il est important de considérer le directoire en lui-même, pas seulement a posteriori : c'est dans la perspective de la fin de 1795 qu'il faut se placer pour essayer de comprendre la France et les Français à cette époque. De ce point de vue, le directoire est essentiellement une tentative pour stabiliser la situation du moment, pour remettre un peu d'ordre, un ordre durable, après 6 ans et demi de Révolution chaotique.
Mais est-ce qu'il s'agit d'un ordre purement théorique ou est-ce qu'il a pu se concrétiser dans la pratique ? Et c'est la question à laquelle cet exposé essaiera de répondre.
Dans la première partie, nous verrons comment les hommes politiques ont essayé d'établir un ordre nouveau, tandis que dans la deuxième partie nous analyserons les facteurs qui n'ont pas permis au directoire de durer longtemps (une situation de crise économique et d'instabilité générale).
[...] Mais, ce souhait n'a pas pu être concrétisé du fait des troubles économiques et politiques. En effet, le Directoire ne saura rallier à lui ni les jacobins, ni les royalistes, alors même que ces mouvements gagnent en force sous ce régime. Même le peuple ne semble pas soutenir le Directoire. Pour se maintenir, il sera donc forcé de recourir de façon fréquente à l'armée, ce qui augmentera d'autant le poids politique de ce corps. Cela ouvre la voie à une restauration de l'ordre plus effective par cette dernière : le Consulat puis l'empire. [...]
[...] Le seul moyen pour empêcher leur montée au pouvoir sera, comme nous le verrons plus en détail, le coup d'État. Mais cette recherche de stabilité ne pourra être effective, du fait de facteurs socio-économiques et de l'appui croissant que le régime prend sur l'armée. Instabilité économique et sociale La situation économique du pays est très instable. L'assignat billet assigné sur le bien du clergé mis en vente au profit de la nation, devenu une monnaie papier) n'a plus aucune valeur et il est abandonné en février 1796. [...]
[...] Les succès à court terme de la politique étrangère du Directoire ne doivent pas masquer ses effets à long terme. En effet, en dépit de la signature d'un traité de paix avec l'Autriche en 1797, la France se crée de nombreux ennemis en Europe, et ce, de façon durable La place de l'armée est renforcée par le fait que le Directoire n'est jamais arrivé à trouver une stabilité politique : pour sauver le régime, les gouvernants se maintiennent en place au mépris du suffrage par de coups d'Etat, ayant pour objectif de réprimer les extrêmes. [...]
[...] L'expédition d'Égypte (1798-99) permet au Directoire d'éloigner ce chef de guerre populaire de la scène politique. Mais, revenu d'Egypte, Bonaparte est au cœur des intrigues, nouées par Sieyès qui, rentré dans le jeu politique, désire modifier la constitution, afin de donner davantage de stabilité au pays. Ces intrigues conduisent au coup d'Etat des 18 et 19 Brumaire an VIII (9-10 novembre 1799), qui marquent la fin du Directoire. En conclusion, on peut affirmer que le Directoire a essayé de mettre en place un nouveau régime, à tendance conservatrice, afin de garantir la pérennité des principes révolutionnaires de 1789. [...]
[...] Le directoire, dans ce sens, peut être donc interprété comme une tentative de mettre en place une démocratie représentative. 2Répression des extrêmes (ordre par la force) Parmi les messages que les comités de la convention thermidorienne adressent aux autorités départementales dans l'été de l'An III, en figurent deux qui résument très bien le projet politique et social du Directoire : Guerre aux partisans de la terreur guerre aux partisans des émigrés et de la royauté Ils souhaitent terminer la Révolution, en installant une république conservatrice La référence aux deux extrêmes - ceux qu'on appelle, de façon générique, Jacobins et les royalistes contre- révolutionnaires - exprime bien l'incessante remise en cause contre laquelle le nouveau régime aura à se prémunir. [...]
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