Pays situé aux carrefours de plusieurs aires culturelles régulièrement instables, la Turquie s'est longtemps alignée, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur le bloc occidental. Cependant depuis une vingtaine d'années, elle a amorcé une prise relative d'autonomie et a développé une nouvelle stratégie tout en s'appuyant sur ses aires d'influences traditionnelles.
[...] Elle se pose moins comme une plateforme occidentale au M-O que comme un porte- parole d'un monde arabo-musulman (cf. troisième voie dans le dossier nucléaire iranien). Cependant, cette autonomie reste relative du fait de la confirmation de son engagement dans l'OTAN et de son accord au projet de bouclier antimissile américain. Concernant sa demande d'adhésion à l'Union européenne (2005), les négociations sont au point mort tandis que l'UE perd de son attrait pour la Turquie avec la crise économique et ses hésitations. B. [...]
[...] La doctrine du zéro problème avec nos voisins 1. Les médiations turques au le Golfe et les révolutions arabes Longtemps alliées d'Israël, ses relations avec l'Etat hébreu se sont fortement dégradées depuis l'opération Plomb durcie (2008) et surtout l'épisode de la flottille humanitaire de 2009 attaquée par Israël et dans laquelle 9 Turcs ont péri. Elle a ainsi développé une rhétorique anti- israélienne qui rencontre un certain écho dans le monde musulman. Elle s'est fortement rapprochée de la Syrie bien qu'elle ait finalement condamné la répression actuelle. [...]
[...] La Turquie et l'Occident 1. La Turquie : un enjeu géopolitique régional important pour les Occidentaux La Turquie joue un rôle dans la stratégie occidentale du fait de ses fonctions géopolitiques majeures : elle est au carrefour de deux continents et de plusieurs zones d'influence historique (russe, iranienne, etc.), elle peut servir de poste avancé occidental au Moyen-Orient, les détroits du Bosphore et des Dardanelles sont des verrous, elle accueille les routes énergétiques désenclavant la Mer Caspienne et abrite les sources des deux principaux fleuves du Moyen-Orient (le Tigre et l'Euphrate) D'un alignement total à une relative autonomie Entre 1945 et 1964, la Turquie s'est quasiment systématiquement alignée sur la stratégie occidentale (intégration de l'OECE en 1948, de l'OTAN en 1955, alliance bilatérale avec Israël, etc.). [...]
[...] D'abord gênée (elle avait développé d'importantes relations économiques avec la Libye), elle a suivi le mouvement occidental et a su tirer parti (elle a gagné en popularité) de sa position de modèle alliant démocratie et islam ainsi que de ses postures anti-israéliennes Le double jeu turc gêne la Russie et l'Iran Les positions turques ainsi que l'incertitude des situations en Syrie et en Irak entraînent des désaccords importants avec l'Iran (malgré de bonnes relations économiques). L'Iran voit d'un mauvais œil le concurrent que pourrait représenter la Turquie au P-O. La fin de l'année dernière a cependant été marquée par une pause dans les tensions entre les deux pays. De manière générale, les relations turques ne restent fidèles au principe Ni amis, ni ennemis ! qui les caractérise. [...]
[...] Conclusion La Turquie depuis les années 2000, développé une stratégie multidimensionnelle qui est caractérisée par une certaine prise de distance avec ses alliés occidentaux. Jouissant d'un profil unique, elle déploie sa politique étrangère sur tous les fronts au risque de ne pas pouvoir dégager une vision politique claire. Il faut cependant rappeler que la Turquie reste engagée dans l'OTAN. A ce titre, on pourra se demander comment elle pourra continuer de concilier ses positions parfois néo-tiers-mondistes avec la volonté de rester dans le giron occidental. [...]
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