Le terme « nation » vient du latin nascere qui signifie naître d'où le lien que l'on fait entre nationalité par le sol et nationalité par le sang. Avoir ou acquérir une nationalité n'est pas une simple formalité, cela sous-tend de nombreux enjeux, et c'est pourquoi dans l'histoire contemporaine de l'Europe, la question nationale apparaît comme centrale et cause de nombreuses tensions. Jusqu'au XVIII° siècle, la question nationale se posait très peu en Europe tant s'imposait l'idée de sujétion à un souverain, à une dynastie. Les peuples n'existaient politiquement que par leur obéissance, leur ralliement commun à un pouvoir politique.
[...] La culture commune implique un principe de filiation. Dans cette optique la nation ne peut donc pas avoir de visée universaliste. La nation allemande existe par distinction par rapport aux autres nations. Elle se construit dans le rejet de l'altérité, comme le souligne ironiquement Albert Cohen dans ce cas la nation s'apparente à une communauté de braves gens qui s'aiment de détester ensemble Le danger de cette conception est évidemment de tomber dans le nationalisme, le racisme comme le montre le pangermanisme la conception anglo-saxonne de la nation individualiste et pluraliste, libertaire et communautaire, se veut surtout universelle et se développe entre citoyenneté individuelle et civisme La diversité au fondement de la conception anglo-saxonne de la nation La conception anglo-saxonne de la nation, ou, pourrait-on dire américaine, ne s'appuie pas comme dans la vision allemande sur des critères raciaux, et cela en partie du fait de l'histoire de ces pays. [...]
[...] La conception française de la nation s'illustre dans le très célèbre discours d'Ernest Renan à la Sorbonne en 1882 intitulé Qu'est-ce qu'une nation ? . La nation telle que la France la conçoit est un plébiscite de tous les jours c'est-à-dire qu'elle est basée sur une volonté commune du peuple de vivre ensemble, elle provient d'un sentiment d'appartenance d'une communauté guidée par les mêmes aspirations d'avenir, partageant les mêmes valeurs et ayant un passé commun, un héritage historique identique. C'est pourquoi Ernest Renan dit que la nation est donc une grande solidarité On peut donc considérer la nation dans une optique française comme une forme de contrat social. [...]
[...] Qu'est-ce que le tiers état ? Tout. Sieyès donne donc un statut juridique à la nation : elle devient la dépositaire exclusive de la souveraineté exercée par le peuple des citoyens, la nation est donc source de tout pouvoir. La société devient nationale Mais la définition de la nation selon Sieyès pose problème, en posant que le tiers est tout , il dit peu de choses sur ce que comprend ce tout Or pour que la nation ait une signification, une contenance, il faut qu'elle ait des contours. [...]
[...] Mais il apparaît que cette ambition n'est pas réalisable entièrement. Cela résulte toujours du principe de délimitation de la nation, il faut forcément exclure pour donner un sens à la nation. D'où les lois sur l'immigration votées en 1882 et 1924 notamment qui restreignaient l'arrivée des asiatiques et des slavo-latins au profit de la montée des natives pour garder une Amérique Wasp tant que faire se peut. Pour ceux qui ne subirent pas ces mesures limitatives, le processus d'américanisation ne se fit pas sans heurts. [...]
[...] On pense aux Allemands venus se réfugier avant et après la 2GM. Ils ont dû se recréer une identité nationale, en effet la loyauté politique exigea une assimilation culturelle forcée qui commença par l'apprentissage de la langue. Cependant il faut noter les mouvements pour les droits civiques dans les années 60 ont eu un impact favorable dans la mise en application concrète des principes qui définissent la nation à l'américaine. L'évolution de la place de la population noire au sein de la société est d'ailleurs révélatrice à cet égard. [...]
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