Face à l'individualisation de la société, les individus ont de plus en plus le besoin de se mobiliser pour des causes morales, telles que l'écologie, contre le racisme, la discrimination. Mais comment définir le militantisme ? Philippe Braud définit le militant comme un « adhérent actif d'un parti ou d'une organisation sociale (syndicat, association) ». C'est une action très diversifiée qui touche à de nombreux domaines : dans les partis politiques, dans les organisations altermondialistes, les organisations syndicales, le monde associatif et culturel, etc. On ne peut donc pas parler d'un militant type mais plutôt de plusieurs figures du militantisme. De même, il existe diverses formes d'activité partisane. Cela peut aller de la simple présence aux réunions, à la distribution des tracts ou encore aux manifestations, etc. Mais le militantisme doit avant tout être vu comme une forme de participation active, un moyen de prendre position pour ou contre une cause.
De plus, le militantisme ne doit pas seulement être pensé comme un phénomène individuel. En effet, les acteurs politiques s'engagent souvent sous l'influence d'une et de plusieurs personnes de son entourage ou encore de son cercle professionnel. On peut alors se demander si la décision du militant de s'engager est strictement personnelle ou s'il est influencé par son entourage. Existent-il des déterminismes sociaux-culturels poussant certains individus à plus s'engager que d'autres ?
De plus, quels sont les facteurs rationnels par lesquels l'acteur politique devient militant ?
Cet engagement est-il seulement le fruit du choix personnel de l'individu ? Cela nous amène à nous interroger sur une question centrale : quelle est la place de la volonté personnelle dans l'engagement militant ?
Nous allons tout d'abord considérer le militantisme comme un choix volontaire de l'individu, agissant en connaissance des causes et du système qui l'influencent, avant de constater que bien que déterminé par des prédispositions, le militant se réapproprie ce potentiel.
[...] Le militant potentiel rencontre au cours de sa vie, des situations propices à l'engagement, comme des mouvements d'indépendance, et c'est la superposition de ces évènements qui vont créer une conscience, celle d'être poursuivi par un devoir d'action et la sensation de ne pas pouvoir échapper à l'engagement politique L'évolution des tendances politiques créé aussi des époques favorables ou non à un engagement militant. Par exemple avec l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 qui donne l'espoir d'offres d'emploi aux militants engagés, ou l'inquiétude causée par la montée du Front National comme l'un des facteurs ayant influencé la création de SOS Racisme, selon Philippe Juhem. D'autre part, la conjoncture économique détient un rôle clé dans l'engagement militant. En effet, la crise de l'emploi, les périodes de crise et les difficultés économiques subies individuellement conduisent les individus à s'investir sur le plan militant. [...]
[...] Certains militants adhèrent à la théologie de la Libération un mouvement social, religieux et théologique selon lequel l'action politique apparaît comme une exigence de l'engagement religieux dans la lutte contre la pauvreté Cette assistance se fait souvent en relation avec la classe dont ils viennent, dans une forme d'identification et de fidélité aux origines sociales. Ainsi, une militante de l'association ATTAC constate que sa prise d'engagement est liée à sa classe d'appartenance. D'ailleurs, à l'intérieur même de cette association, elle s'est dévouée principalement à un travail d'information auprès des classes défavorisées avec lesquelles elle partage une proximité. Enfin, les militants ont généralement suivi des études supérieures. [...]
[...] - la montée en puissance collective qui correspond à la découverte des capacités du mouvement en terme de confrontation directe (pouvoir d'action). - la situation de polarisation qui se développe dans la tension pour créer un sentiment d'appartenance à un camp. Il s'agit d'empêcher toute tentative de retrait qui serait alors considérée comme humiliante et d'accentuer l'identification à la cause. - la délibération collective en assemblée générale en entretenant les décisions consensuelles va engendrer une obligation du participant à rester dans l'action qu'il a choisie. [...]
[...] En effet l'interprétation des faits rapportés et la biographie personnelle du militant vont jouer sur son investissement. Il s'agit pour lui de combiner l'héritage familial avec le contexte présent et son histoire personnelle. Qui plus est, complexés par un déterminisme scolaire basé sur l'échec ou l'insuffisance en terme de classement social, comme le soulignent Elise Cruzel et Philippe Juhem, certains militants vont contrarier cette réalité en cherchant à progresser intellectuellement et à revaloriser leur savoir. Le monde militant peut ainsi être appréhendé selon deux niveaux : un monde de spécialistes, mais aussi un espace de formation. [...]
[...] Un parcours orienté vers le militantisme Selon O. Fillieule, les engagements présents sont aussi le produit des parcours antérieurs On peut considérer que le choix des études universitaires et des orientations professionnelles est lié au militantisme. Ainsi, on constate que les membres de l'association pour la taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyens (ATTAC) interrogés par Elise Cruzel ont presque tous fait le choix des carrières sociales. Une militante confie que son activité professionnelle tournée vers l'aide à l'insertion sociale l'a aidée à se construire une vision politique du monde reposant sur des oppositions de type riches/pauvres C'est ainsi qu'on observe parfois une confusion entre une trajectoire militante et une trajectoire professionnelle qui sont indubitablement liées. [...]
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