L'imagerie populaire se figure ordinairement le militant sous les traits éthérés d'un soldat dévoué à la cause d'une organisation partisane ou syndicale. Cette représentation est renforcée par le caractère bénévole et donc nécessairement désintéressé qu'implique l'activité militante. Ainsi, on deviendrait militant par simple conviction.
Cette image du militant ne résiste cependant pas à la confrontation au paradoxe sur l'action collective analysé par Mancur Olson dans Logique de l'action collective. Si l'on se reporte à Olson, le militant, c'est-à-dire celui qui s'engage activement dans une structure partisane, syndicale ou associative par opposition à la passivité du simple adhérent, n'a pas intérêt à participer, aux prix de sacrifices consentis, à l'action collective dont il jouira de toute façon des effets, même s'il ne s'engage pas. Le calcul rationnel coûts / avantages inciterait en effet le militant à se dégager de l'action politique qui prélève sur le temps consacré aux loisirs, à la famille ou à la carrière professionnelle. Le paradoxe soulevé pose donc la question des motivations du militant qui, de toute évidence, doit trouver dans son activité des gratifications en compensation du coût supporté. La question posée, « pourquoi devient-on militant ? », invite à porter son attention sur les ressorts individuels du militantisme et non sur le phénomène collectif. On pourrait la reformuler ainsi : « quelles sont les dispositions à, les raisons revendiquées ou inconscientes et les objectifs de l'action militante ? », sans se demander « pourquoi il y a du militantisme ? ». Par conséquent, on devra se demander si les mobiles idéologiques, souvent avancés par les militants pour justifier leur action, suffisent à expliquer le passage à l'acte ou si, au contraire, des gratifications plus matérialisables interviennent dans le processus qui conduit à s'engager.
Nous essaierons d'apporter une réponse nuancée en montrant que les mobiles « avouables » ou idéologiques (1) et les rétributions matérielles ou symboliques du militantisme (2) sont imbriqués.
[...] Pourquoi devient-on militant ? L'imagerie populaire se figure ordinairement le militant sous les traits éthérés d'un soldat dévoué à la cause d'une organisation partisane ou syndicale. Cette représentation est renforcée par le caractère bénévole et donc nécessairement désintéressé qu'implique l'activité militante. Ainsi, on deviendrait militant par simple conviction. Cette image du militant ne résiste cependant pas à la confrontation au paradoxe sur l'action collective analysé par Mancur Olson dans Logique de l'action collective. Si l'on se reporte à Olson, le militant, c'est-à-dire celui qui s'engage activement dans une structure partisane, syndicale ou associative par opposition à la passivité du simple adhérent, n'a pas intérêt à participer, aux prix de sacrifices consentis, à l'action collective dont il jouira de toute façon des effets, même s'il ne s'engage pas. [...]
[...] En partant de l'exemple de l'écologisme, Sylvie Ollitrault montre comment parcours militants et carrières professionnelles ont tendance à se recouper, compte tenu de l'institutionnalisation des mouvements et des opportunités professionnelles qu'ils dégagent dans un contexte de contraction du marché de l'emploi. L'adhésion au parti peut également servir les ambitions professionnelles du militant. L'arrivée au PS de nombreux hauts fonctionnaires souvent issus de l'ENA dans la période qui précède la victoire de François Mitterrand en 1981 ou l'installation de militants dans les cabinets ministériels après le 10 mai, consécration de trajectoires militantes, en offrent des exemples éloquents. [...]
[...] Il convient d'ailleurs de rappeler que le sentiment de défendre une cause à laquelle on est attaché constitue en soit un mécanisme de rétributions. La première partie a permis de distinguer les raisons avouables du militantisme, c'est-à-dire les motifs que les militants interrogés par les enquêtes avancent pour justifier leur engagement. Cependant, si l'on postule la rationalité des agents, ces motifs ne suffisent pas à expliquer le passage à l'acte qui doit être compensé par l'obtention de gratifications en échange des sacrifices accordés à l'activité militante. [...]
[...] Les univers militants, qui organisent des réunions régulières, sont notamment des espaces de socialisation. Untel pourra par exemple se construire un réseau de socialisation après un déménagement. Laurence Rossignol, qui a accompagné Julien Dray dans sa carrière militante analyse rétrospectivement que c'était plus rigolo d'être gauchiste Le choix de l'organisation partisane où militer s'est donc en partie fait sur le critère des relations humaines entre militants. L'investissement militant crée un entre-soi dans lequel on se retrouve pour porter une cause mais aussi pour retrouver des amis. [...]
[...] Par ailleurs, l'auteur observe chez eux un dilettantisme commun qui s'exprime à l'égard de la médecine et du politique. Cependant, il ne sous semble pas que l'on puisse généraliser ces caractères propres à l'engagement humanitaire à l'ensemble du phénomène militant. Le rôle des prédispositions sociales et politiques est difficile à quantifier. Quoiqu'il en soit, la prédisposition à nécessite un agent idéologique pour se cristalliser. Si l'on adopte l' analyse processuelle d'Olivier Filleule, il convient de confronter les dispositions générales de l'action militante et ses ressorts plus individuels Dans quel but devient-on militant ? [...]
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