Il y a deux mois, certains, politiques, intellectuels ou journalistes, se souvenaient de ce 6 février 34, jour de manifestations violentes des « Ligues », dont celle d'Action Française, celle de Charles Maurras. Ces ligues qu'on qualifie d'extrême droite, il faut remonter à l'après Sedan pour en comprendre la genèse intellectuelle.
Le premier développement du nationalisme est inhérent à l'arrivée au pouvoir des Républicains opportunistes de la IIIe République. Des discours politiques aux manuels scolaires en passant par les conquêtes coloniales, c'est un véritable essor du « nationalisme ouvert » selon Winock, ou de « nationalisme d'expansion mondiale » selon Girardet auquel on assiste. Mais c'est avec ces mêmes conquêtes coloniales que s'opère le premier glissement du nationalisme républicain de gauche au nationalisme continental ou fermé de la droite. Préférant agir d'abord en France, et en Europe, où la France occuperait un rôle moteur voire messianique, les nationalistes de droite s'affirment une première fois lors des débats sur la colonisation. Mais c'est avec « l'épisode boulangiste », c'est-à-dire l'agitation populaire autour de Boulanger qui incarne alors aux yeux d'une partie de l'Opinion les désirs de revanche et les aspirations nationales, puis avec l'affaire Dreyfus, que la rupture entre nationalisme républicain et nationalisme du « parti-nationaliste » est consommée.
[...] Pour Ferry, elle est un instrument de grandeur pour la France, qui serait conforme à son historique mission civilisatrice, apportant les Lumières et le Progrès aux peuples ignorants et sauvages. Elle doit servir à restaurer l'honneur de la France et de lui redonner gloire et victoires, par l'expansion mondiale, après l'« année terrible comme Hugo appelle 1870. Outre Clémenceau dont le patriotisme est en France se forme une opposition de droite. Les critiques sont de plusieurs types : gaspillage de l'or et du sang de la France encore convalescente, détournement de l'attention pour oublier l'Allemagne, le rôle de la France est en Europe . [...]
[...] Et par son réformisme et ses déclarations, il attire les couches populaires. C'est ainsi que Boulanger va rassembler couches populaires et revanchards de 1870, mais également devenir le symbole de l'opposition à la République parlementaire, jugée antisociale et incapable de servir la nation. Sous l'épisode boulangiste, le nationalisme évolue : la Revanche passe d'abord par un changement de l'intérieur, la République est mise sur le banc des accusées, et on attend d'un homme fort, Boulanger, les réformes sociales et politiques que la République refuse au peuple. [...]
[...] Les ennemis de l'intérieur : parlementaires, antisémitisme et États confédérés Apatrides, étrangers et juifs, doctrine du cosmopolitisme et de l'internationalisme, rôle occulte des franc-maçons et danger du libéralisme et de l'invasion des produits étrangers, toutes ces menaces forment l'antiFrance selon Maurras, menaces sur lesquelles s'accordent les deux théoriciens. À ce titre, le programme de Nancy présenté en 1899 par Barrès est évocateur. Après avoir défini l'étranger comme parasite il aborde la question juive : La question juive est liée à la question nationale. [...]
[...] C'est donc un ennemi commun qu'il faut que catholiques conservateurs et ouvriers révolutionnaires affrontent ensemble. Rotschild est l'ennemi de la France dictature judéo-maçonnique est les mots d'ordre de Drumont. Signe de la concordance de sa pensée avec l'esprit du temps, son quotidien libre Parole, se vend aisément à exemplaires par jour à partir de 1892. L'expansion de l'antisémitisme va coïncider avec son assimilation par les courants nationalistes. Cela s'explique, selon Raoul Girardet, par trois facteurs : le scandale de Panama qui va lier antisémite et boulangistes dans une même dénonciation de la corruption des dirigeants climat de luttes religieuses : une innombrable littérature catholique vilipende les méfaits et conspirations de la Franc-maçonnerie et de la menace juive, détestant Jésus. [...]
[...] Le développement doctrinal en France : le nationalisme barrésien et le nationalisme maurrassien Introduction : Il y a deux mois, certains, politiques, intellectuels ou journalistes, se souvenaient de ce 6 février 34, jour de manifestations violentes des Ligues dont celle d'Action française, celle de Charles Maurras. Ces ligues qu'on qualifie d'extrême droite, il faut remonter à l'après-Sedan pour en comprendre la genèse intellectuelle. Le premier développement du nationalisme est inhérent à l'arrivée au pouvoir des républicains opportunistes de la IIIe République. [...]
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