L'analyse conduira à considérer que si l'Antiquité et le Moyen-Age se caractérisent par une absence de modernité politique, l'individu n'existant pas de façon autonome par rapport à la sphère politique (I), le XVIe siècle conduit à l'affirmation de l'individu par rapport à l'Etat, évolution consacrée historiquement en Angleterre, Etats-Unis et France (II). Depuis le XIXe siècle, avec le développement d'un Etat « instituteur du social » puis « Providence », la question d'un dépassement de cette modernité politique par la remise en cause de la dichotomie Etat/individu est posée (III).
[...] La partie investit le Tout, le Tout investit la partie : les interactions Etat/individu 1. L'analyse de Pierre Rosanvallon : l'Etat, en construisant le social, a investi la sphère individuelle. En France, la suppression brutale de tous les corps intermédiaires pendant la Révolution érige l'Etat en instance de production du social. Celui-ci est amené à combler le vide de sociabilité et le déficit de régulation engendrés par la destruction des anciennes corporations suite au décret Le Chapelier du 14 juin 1791. [...]
[...] En fin de compte, le mérite de cette étude est de mettre à jour ce paradoxe à la lumière duquel nombre de débats contemporains (la crise de l'Etat-Providence, la question de la laïcité etc.) peuvent être éclairés. Bibliographie M. Barbier, La modernité politique, Paris, PUF Thémis P. Rosanvallon, L'Etat en France de 1789 à nos jours, Paris, Points, Seuil D. Colas, Dictionnaire de la pensée politique, Paris, Larousse-Bordas E. Pisier, François Châtelet, Olivier Duhamel, Histoire des idées politiques, Paris, PUF, Thémis P. [...]
[...] Dans le cas de l'Etat féodal, l'émergence de l'individu a toutefois été perceptible. A. La cité antique : l'individu comme partie du Tout 1. La cité antique, qui consacre l'absorption de l'individu par l'Etat, est étrangère à la modernité politique. Dans La Modernité politique (2000), Maurice Barbier présente la cité de l'Antiquité grecque et romaine comme une communauté ignorant la séparation entre le domaine public et la vie privée et se caractérisant par la confusion de l'organisation politique et de l'organisation sociale. [...]
[...] Cette centralité du thème est le reflet de sa complexité et explique la richesse des commentaires qui ont été produits. Au terme de cette analyse, une périodisation a toutefois pu être dégagée. Celle-ci oppose trois moments du rapport individu/Etat : le premier (Antiquité- Moyen Age) est celui de la confusion, le deuxième (XVIe-XIXe siècle) celui de l'émancipation (de l'individu par rapport à l'Etat), le troisième (depuis le XIXe siècle) celui du dépassement avec la multiplications des interactions. Certes, cette étude en trois axes a été réductrice. [...]
[...] L'individu s'impose face à l'Etat : la naissance de la modernité politique (XVIe XIXe siècle) C'est entre le XVIe et le XIXe siècle que naît véritablement la modernité politique, l'individu s'imposant peu à peu face à l'Etat. Ce mouvement, aux racines philosophiques profondes a reçu une traduction historique. A. Les racines philosophiques 1. La Réforme protestante (XVIe siècle). Son rôle dans l'apparition de l'individu moderne est sujet à débat. Pour certains auteurs comme Ernst Troeltsch dans L'importance du protestantisme dans l'apparition du monde moderne (1911), son rôle doit être relativisé, la Réforme protestante, même si elle affirme la primauté de la conscience personnelle, n'ayant pas mécaniquement engendré une transposition de l'individualisme religieux dans le domaine temporel. [...]
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