Le plus important pour nous sera ici de déterminer les véritables raisons et caractéristiques du vote Front National en France. Dans cet objectif, nous pourrions d'ores et déjà définir une typologie de ce vote. Il semblerait, dans le cas du FN, qu'il existe un vote que nous pourrions qualifier de « protestataire ». Il regroupe des réalités très diverses puisqu'il représente des groupes sociaux eux aussi très variés. Cela peut être tout d'abord un « vote du désespoir », en tant que le vote FN est souvent la dernière issue que trouvent des individus exclus et dans des situations précaires pour se faire entendre. Mais ce vote peut aussi servir d'exutoire ; c'est le fameux « vote-sanction » dont l'on a beaucoup parlé à l'occasion des élections présidentielles de 2002. Le vote FN exprime alors un mécontentement certain face aux partis du gouvernement et à leur politique. Dans un cas comme dans l'autre, il ne s'agit pas véritablement d'un vote pour les partis d'extrême droite mais plutôt contre d'autres partis, contre une situation économique et sociale donnée. Pour Nonna Mayer, sociologue et professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, il s'agit d'un vote de « ninistes », d'individus qui ne sont ni de droite ni de gauche. Ils ne trouvent leurs repères dans aucun des deux grands camps politiques et cherchent à exprimer leur malaise par la voie des urnes.
De nombreuses études mettent en avant le fait que l'électorat du FN serait composé essentiellement de « ninistes » ; ce ne serait qu'un vote négatif, c'est à dire qui se construit contre le système existant. Mais n'est il pas réducteur de refuser au FN l'existence d'un électorat propre, en accord avec ses valeurs et qui se reconnaît dans ses structures et son idéologie ? Comme tout parti politique, le FN est obligé de disposer d'une base militante importante qui doit faire vivre le mouvement à travers des meetings ou des campagnes d'information. La logique d'un vote FN qui ne serait qu'un vote échappatoire peut alors porter à débat et on peut alors se demander si voter FN est-il uniquement un acte protestataire ?
Il est vrai que les succès électoraux du FN reposent sur un électorat désorienté et protestataire (I) mais il serait faux de nier l'existence d'un électorat en accord avec l'idéologie véhiculée par ce parti (II).
[...] Cette année-là des ouvriers avaient voté en sa faveur. Ce chiffre monta même à lors des élections législatives de 1997. Il est remarquable de constater qu'une grande partie de cet électorat ouvrier est âgé de moins de 30 ans. Cela s ‘explique par le fait que les jeunes, et plus particulièrement les jeunes ouvriers, sont souvent les plus touchés par le chômage et la précarité. Cela les rend plus sensible au discours du FN, qui s'efforce de dénigrer les politiques économiques et sociales menées par les différents gouvernements. [...]
[...] En effet, conscient de cette situation, le FN s'est efforcé d'en tirer profit au maximum en essayant d'attirer dans ses filets tous les déçus et les mécontents. Il essaie de représenter une alternative politique, de se démarquer par rapport aux grands partis de la gauche ou de la droite. Le Pen met systématiquement en avant les différences qui existent entre ces partis et le sien. De la même façon, il dénonce régulièrement la corruption des partis de gouvernement, afin de s'attirer la sympathie de l'électorat. C'est cet espèce franc-parler qui explique en partie que le FN réunisse chaque fois plus d'électeurs. [...]
[...] Les opinions et les comportements racistes et xénophobes sont donc indissociables du vote dit partisan et des explications que l'on peut en donner. Adhérer aux thèses développées par le FN, c'est adhérer à un discours qui ne cache guère son désamour de l' étranger L'étranger, c'est celui que l'on ne connaît pas. Or, les hommes sont effrayés par ce qu'ils ne connaissent pas ; ils le rejettent. Le racisme et la xénophobie peuvent finalement être assimilés à la peur de l'inconnu, à la peur de l'autre. D'une manière générale, le FN et ses dirigeants stigmatisent toute initiative ou individu provenant de l'étranger. [...]
[...] En d'autres termes, c'est une façon de dire Stop ! Le meilleur exemple reste celui des élections présidentielles de 2002 où Jean Marie Le Pen fut propulsé au deuxième tour des élections présidentielles. Ce fut une façon pour certains électeurs d'exprimer leur désaccord avec les partis de gouvernement. En votant pour le FN, ils ont aussi voulu sanctionner le Premier Ministre et le Président sortants, qui se représentaient tous les deux. Le 21 avril trouve ses racines dans la situation politique du moment, la fin et le bilan de cinq années de cohabitation, et dans la situation des électeurs, moral en baisse et situation économique morose. [...]
[...] Le vote FN exprime alors un mécontentement certain face aux partis du gouvernement et à leur politique. Dans un cas comme dans l'autre, il ne s'agit pas véritablement d'un vote pour les partis d'extrême droite mais plutôt contre d'autres partis, contre une situation économique et sociale donnée. Pour Nonna Mayer, sociologue et professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, il s'agit d'un vote de ninistes d'individus qui ne sont ni de droite ni de gauche. Ils ne trouvent leurs repères dans aucun des deux grands camps politiques et cherchent à exprimer leur malaise par la voie des urnes. [...]
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