La logique de l'exclusion, telle qu'elle nous est présentée depuis plus d'une décade, semblerait s'inscrire dans l'ordre d'une fatalité historique. Le capitalisme historique, système d'inégalités par excellence, fut aussi un « producteur » indirect d'exclusion sociale unique dans l'histoire humaine (on avait connu jusque là que des processus institutionnalisés d'exclusion - la Grèce antique -, des processus socialisés de l'exclusion - la féodalité française - et des processus d'exclusion raciaux - l'Allemagne nazi -) (...)
[...] Victime de l'économie et ainsi de ses structures normalisantes, il devient alors victime sociale selon toujours, ce même cadre dialectique de déclinaison de l'économique vers le social L'exclusion est, nous le constatons, un phénomène historique et dialectique complexe1. En effet, selon un grand nombre de recoupements d'informations, il apparaît très nettement que durant les cinquante dernières années les inégalités économiques entre les plus riches et les pauvres se sont considérablement réduites1, sans pour autant que la pauvreté, la précarité et toutes autres formes de misère ne soient éradiquées. [...]
[...] Ainsi, les précarités nouvelles alimentent une exclusion de la production et de la consommation et de tous les systèmes d'intégration antérieurs, largement fondés sur le travail, qui apparaît menaçante pour la cohésion sociale. Aussi, l'exclusion n'est plus à l'image de la pauvreté, cumul ou accentuation des inégalités : elle évoque une possibilité de rupture du lien social, appelle des modes d'interventions renouvelées et impose une prise de conscience globale en occident des risques encourues Cf., R. Castel, De l'indigence à l'exclusion, la désaffiliation, in J. [...]
[...] Cependant durant cette même période, la politique spéculative de l'État sur le marché de l'habitat des grandes villes, ne permet pas de renforcer la garantie sociale de loger les plus démunis, et certains sont toujours exclus. Le secteur du logement a vu se développer des phénomènes de pénurie et cela malgré les dépenses croissantes consenties par les ménages. Ce déséquilibre est particulièrement ressenti dans les catégories les pauvres, dont le droit au logement se trouve ainsi remis en cause. La crise économique, au début des années quatre-vingt, radicalise l'évolution. Le logement est progressivement délaissé à la capacité consumériste de chacun et la politique du logement social piétine. [...]
[...] Selon les mêmes configurations, l'essentielle politique de la ville permettant notamment d'intégrer l'individu/citoyen dans la cité et ainsi de lutter au plus près contre les logiques d'exclusion, ne fut réaliser que selon des soucis contradictoires : offrir du logement social mais également, extérioriser le plus possible les plus démunis, de les déterritorialiser des lieux d'habitats normalisés et ce, dans le seul but d'assurer une certaine forme d'ordre public et de sécurité publique L'usage du terme et du principe complexe ne doit pas être admis dans son sens commun, mais à l'inverse, la complexité des problématiques sociales doit être entendue comme un phénomène finalisé d'une histoire donnée. Le complexe n'est pas le simple produit de contradictions à un moment donné, mais est le résultat d'une histoire contradictoire La pauvreté. La pauvreté n'a jamais disparu de notre système socio-économique depuis son origine. Bien entendu, le niveau de vie global est en constante augmentation, mais cela ne suffit pas pourtant à justifier l'état de misère dans lequel se trouve une quotité constante de la population. La pauvreté, à l'origine, ne revêtait pas le même sens qu'actuellement. [...]
[...] BOURDIEU, La misère du monde, Le seuil J. DONZELOT, L'invention du social, Fayard F. EDWALD, L'État providence, Grasset M. LAROQUE, Politiques sociales dans la France contemporaine, Sciences et techniques humaines M.T. JOIN-LAMBERT, Politiques sociales, FNSP & Dalloz P. RONSAVALLON, La crise de l'État Providence, Le seuil L'État en France de 1789 à nos jours, Le seuil B.THÉRET, L'État, la finance et le social, La découverte J. AFFICHARD & J.-B. de FOUCAULT, Justice sociale et inégalités, Esprit Ouvrages Généraux : D. [...]
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