La notion de désobéissance souffre d'une connotation négative. Dès l'une de ses premières apparitions dans la littérature, elle est présentée dans la Genèse comme la source d'un châtiment infligé par Dieu à l'humanité qui n'a pas su respecter les instructions divines. Augustin attribue cet acte de désobéissance d'Adam et Eve au libido dominandi, l'une des trois concupiscences des hommes, et qui désigne le désir de dominer, de pénétrer le domaine divin. On peut donc, avec Weber (Le savant et le politique), distinguer d'un côté l'obéissance, humble soumission au réel (éthique de la responsabilité) et la désobéissance, qui peut être entrainée par la soumission à un idéal (éthique de la conviction).
[...] La désobéissance enferme l'homme plus qu'elle ne le libère i. L'homme souffre plus en cherchant à contrarier son destin qu'en acceptant sa situation Pour les stoïciens, la révolte contre le destin est contre-productive. Epictète, dans Le Manuel, établit ainsi une distinction entre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas. Si nos efforts sur la première catégorie peuvent contribuer à l'amélioration de nos vies, ceux qui viseraient la seconde sont vains, et ne peuvent engendrer que des frustrations supplémentaires. [...]
[...] A partir de la fin du XVIIIè s., la Révolution française ouvre une longue série de soulèvements populaires dont la Commune ou la révolution bolchevique, qui contestent la vision précédente en même temps qu'ils confirment les pires craintes de ceux qui condamnent la désobéissance. La réflexion sur la désobéissance semble alors aboutir à une aporie car il est difficile d'apprécier le bien fondé d'une désobéissance aussi radicale et destructrice. Il faut donc attendre l'émergence et la formalisation de la notion de désobéissance civile au XIXè s. et sa popularisation dans la seconde partie du XXè s. [...]
[...] On observe ici le lien étroit entre risque et désobéissance, puisque le premier empêche souvent la seconde. En tout état de cause, le peuple a la possibilité de renverser l'ordre existant, et les différents soulèvements connus par notre pays entre la Révolution française et la Commune s'inscrivent dans cette vision. ii. Elle est la première étape de la fondation d'un nouvel ordre politique Alors que la Révolution française est venue illustrer de façon très marquante le cas de figure du soulèvement d'un peuple, la nécessité de ce soulèvement a par la suite été théorisée par différentes théories politiques prônant la refondation totale des régimes politiques en place. [...]
[...] pour disposer d'une doctrine préconisant une utilisation rationnelle et mesurée de la désobéissance. Bibliographie et références : Bernanos, Dialogue des carmélites. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion Platon, Apologie de Socrate, Criton, Phédon. Rosanvallon, Pierre, La démocratie inachevée Weber, Le savant et le politique, Le métier et la vocation de politique Valery, Regards sur le monde actuel (chap. [...]
[...] Rousseau présente une analyse différente dans le Contrat social. Pour lui, la rébellion est permise, mais elle n'a plus de sens. En effet, désobéir à l'union des hommes, c'est se désobéir à soi-même en tant que partie intégrante de cette union. Le contrat social est en effet une forme d'association ( ) par laquelle chacun, s'unissant à tous, n'obé[it] pourtant qu'à lui-même Obéir à la suprême direction de la volonté générale c'est obéir à soi-même, et non plus aux hommes comme c'était le cas avant la constitution du contrat social. [...]
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