Contre certaines théories alarmistes prétendant la fin de la participation politique et citoyenne, il semblerait plus juste de constater une réappropriation par les individus de leur participation et de leur investissement à la vie et à l'action politiques. Reprenant la thèse du philosophe Jacques Rancière, nous affirmons que le mythe contemporain de la « fin des idéologies » est dénoncé comme une énième idéologie visant à décourager les citoyens de toute action publique. S'il semble effectivement que le citoyen se situe en lisière de la politique, cette exclusion, volontaire ou non, du champ politique, est loin d'attester un désintérêt pour le politique. Au contraire, il semble que les frontières du politique soient mouvantes, et permettent en fait à l'individu de se positionner volontairement en marge, afin de mieux réinvestir, par la suite, le champ d'action politique...
[...] Par ailleurs, l'abstentionnisme, même s'il connaît une croissance relativement régulière depuis les années 60, varie selon l'enjeu des scrutins accréditant la thèse de René Rémond[9] selon laquelle la crise proclamée du politique ne serait qu'une manifestation d'un phénomène cyclique qui traduit l'intérêt plus ou moins grand des électeurs pour les enjeux du moment, ainsi que la confiance variable des électeurs dans le personnel politique de l'époque. Un autre aspect de la dépolitisation est le rôle joué dans la désaffection pour la chose publique par les médias et par les acteurs politiques eux-mêmes. [...]
[...] Ensuite, il atteste que les citoyens sont dépossédés de la réalité dans laquelle ils vivent, de leur environnement et de leur contexte. Par cette affirmation, il s'aligne sur celle de la dépossession de Patrick Champagne[11] qui atteste que le téléspectateur-citoyen n'a plus de contrôle sur son image, sur sa représentation, qui est faite de lui par les médias. Il est à la fois soumis à cette image et dépossédé de lui-même. François[12], dans son analyse axée principalement sur la télévision, considère que la télévision décontextualise le citoyen, en ce que ce média opère une course, une chasse à l'information, l'événement chasse l'événement avant même qu'on l'ait pensé Tout va trop vite, le citoyen a à peine pris connaissance d'une information, qu'il lui en ait fournie une autre qu'il doit analyser. [...]
[...] Ainsi, les NMS sont des lieux d'expression de mobilisations contestataires, qui naissent à côté des mobilisations politiques traditionnelles. C'est ce que met Melluci[27] en évidence, lorsqu'il identifie les NMS à travers de nouveaux regroupements que sont par exemple les mouvements féministes, les mouvements écologistes, les mouvements régionalistes ou encore d'étudiants. Tous ces types de mouvements semblent être nouveaux, dans la mesure où le motif de mobilisation est différent. Les acteurs de ces mouvements sont également différents, ils pensent différemment leur politisation. [...]
[...] Dès lors cependant, il note que de cette égalité ne pourra résulter qu'une indifférence croissante pour les choses communes qui ira de pair avec la défection des anciennes solidarités. Ainsi, selon Tocqueville l'individualisme, aujourd'hui décrié comme l'une des tares de l'électorat moderne, est en germe dans la forme même de la démocratie. L'individualisme est une expression récente qu'une idée nouvelle à fait naître ( ) C'est un sentiment réfléchi et paisible qui dispose chaque citoyen à s'isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l'écart avec sa famille et ses amis ; de telle sorte que après s'être ainsi créé une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle-même ( ) L'individualisme est d'origine démocratique, et il menace de se développer à mesure que les conditions s'égalisent. [...]
[...] Une néopolitisation : les nouveaux mouvements sociaux C'est à travers une implication plus grande des individus au sein des mouvements sociaux que nous assistons à une nouvelle forme de politisation. Aux marges de la politisation traditionnelle est apparue une nouvelle forme de mouvements sociaux, qui se substituent en grande partie à l'engagement au sein de partis politiques. C'est une nouvelle forme de politisation que nous avons pris la liberté de qualifier de néopolitisation Ainsi, par leur structure, les mouvements sociaux apparaissent plus souples, moins astreignants, ce qui, en définitive, traduit un engagement plus individualiste Une structure allégée pour une meilleure participation politique Reprenant la définition de Bourdieu[24], nous constatons que les mouvements sociaux, si divers soient-ils par leurs origines, leurs objectifs et leurs projets, présentent indiscutablement tout un ensemble de traits communs qui leur donnent un air de famille. [...]
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