En 1792 Condorcet voulait « établir une égalité de fait entre les citoyens ». Or 200 ans plus tard, en 1981, le gouvernement Mauroy crée les ZEP, et en 1982, l'ENA est obligée d'ouvrir ses portes à certains élus locaux et responsables syndicaux ou associatifs. Encore 20 ans plus tard Sciences Po lutte contre un recrutement parisien et discriminatoire... Le problème semble récurrent.
On sait que l'école dans sa définition républicaine doit permettre aux citoyens d'actualiser leur liberté en mettant –au moins en théorie- à leur portée toutes les fonctions possibles dans la société. Toutes ces réformes de l'école semblent donc se rapporter à cette difficulté : atténuer les différences entre individus pour permettre la réalisation de l'égalité citoyenne dans la société. Cela suppose l'existence d'inégalités en dehors de l'école, qui doivent donc être au mieux palliées par celle-ci. Mais c'est la méthode qui est alors problématique : comment dépasser la quasi inévitable tension entre l'idéal républicain et l'idéal démocratique ? En effet une démocratie est un système où le peuple à le pouvoir. Mais celle-ci suppose aussi la démocratie sociale : d'où la notion de justice sociale et d'équité devant l'accès au pouvoir. Donc démocratiser l'école, ce serait rendre équitable le parcours scolaire de chacun, et pour cela lutter contre ce qui remettrait en cause la définition d'une société démocratique à l'école. Mais pour cela l'acception républicaine de la simple non différenciation des individus face aux études peut-elle amener à l'école à jouer son rôle démocratique ?
Tout d'abord, qu'est ce que l'école républicaine et implique t-elle la démocratisation ? Puis celle-ci doit-elle se faire de façon globale, ou bien différenciée (opposition éventuelle entre idéal républicain et démocratique) ?
[...] Et surtout, jusqu'où porter cette logique, de passer par l'inégalité pour atteindre l'égalité ? Est évident le risque d'institutionnalisation des différences et d'incapacité à créer l'unité fondamentale républicaine Donc il semble que les trois approches de démocratisation étudiées se soient enchaînées sans jamais convenir pleinement à l'idéal démocratique ni à l'idéal républicain. Le problème existe depuis le début de la France durablement républicaine, mais se fait depuis les années 70 ressentir plus violemment, notamment à cause de la crainte du chômage. [...]
[...] Mais dès lors risque de massification, de déplacement des logiques non démocratiques. En effet une démocratie nécessite tout de même une hiérarchie sociale, or déplacer celle-ci ne permet pas de pallier aux logiques aristocratiques II/ faut-il respecter les individualités en tentant de pallier aux handicaps ? L'ambition de rompre avec l'enseignement de classe dénoncé par certains dès le début du XXe siècle en France pousse à cette approche de la démocratisation scolaire. Volonté donc de classer les élèves selon les capacités, les résultats, et plus selon les parentés Notion de démocratisation de la sélection, de l'accès aux études nobles. [...]
[...] Les stimulations familiales différentes feraient donc que l'école, élitiste et choisissant donc sur le mérite, ne ferait en fait qu'ériger en principe hiérarchisant quelque chose de contingent (cf. la critique rawlsienne de la méritocratie). Ainsi R.Green et J.Goldthorpe dans Ecole et société les paradoxes de la démocratie montrent qu'une école méritocratique n'annule pas réellement les effets de l'origine sociale des individus. Il faut donc nécessairement en venir à une démocratisation de la réussite. Et pour cela il semble qu'il faille différencier les individus pour permettre l'égalité des chances. [...]
[...] Certes l'échec scolaire semble remettre en cause au moins en partie toutes les politiques de démocratisation mises en œuvre jusqu'à aujourd'hui. Doit-on néanmoins penser avec A. Prost (Education, société et politiques) que le concept de démocratisation scolaire a épuisé son efficacité sociale et qu'il faut chercher ailleurs la réussite de l'Idéal démocratique ? [...]
[...] Comment démocratiser l'école ? En 1792 Condorcet voulait établir une égalité de fait entre les citoyens Or 200 ans plus tard, en 1981, le gouvernement Mauroy crée les ZEP, et en 1982, l'ENA est obligée d'ouvrir ses portes à certains élus locaux et responsables syndicaux ou associatifs. Encore 20 ans plus tard Sciences Po lutte contre un recrutement parisien et discriminatoire . Le problème semble récurrent. On sait que l'école dans sa définition républicaine doit permettre aux citoyens d'actualiser leur liberté en mettant moins en théorie- à leur portée toutes les fonctions possibles dans la société. [...]
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